"Uber shit" et "Uber coke" : la livraison de drogues à domicile ronge les grandes villes
Depuis le confinement, les dealers ont adopté les mêmes méthodes que les plateformes de livraison rapide. Une transformation de la distribution qui complique la tâche des forces de l’ordre.
Il fait encore nuit quand la brigade des stupéfiants pénètre dans l’immeuble. Le quinzième arrondissement de Paris dort, ce 8 février 2022 à 6 heures. Alertés par un ami de la victime, les policiers se font ouvrir la porte d’un appartement, où ils découvrent une travailleuse du sexe étendue sur son lit, sans vie, après avoir pris une dose mortelle de cocaïne. Dans sa chambre, quatre sachets sont posés en évidence avec des « résidus de poudre blanche » sur le poste de télévision. Les restes d’une soirée d’ébats où drogues et relations intimes ont été mélangées jusqu’à l’overdose. Une soirée « chemsex », selon l’enquête policière.
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La cocaïne tue plus d’une vingtaine de personnes chaque année en France, estime l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Elle reste, pourtant, l’une des substances les plus faciles à trouver en ligne, depuis que le trafic s’est « ubérisé ».
« Facilité, rapidité, discrétion »
En témoigne la poudre blanche chez la victime : d’après l’enquête, la drogue aurait été achetée deux jours plus tôt sur la messagerie sécurisée WhatsApp à un certain « Pepito ». L’homme ne le sait pas encore mais, de filature en filature, il mènera la police jusqu’à un réseau spécialisé dans la livraison de stupéfiants à domicile, actif sur l’ensemble de la région parisienne. Cinq suspects âgés de 20 à 27 ans seront arrêtés.
Ces cellules de vente en ligne, les policiers les redoutent plus que tout. Les autorités, et même le ministre de l’Intérieur, parlent « d’Uber shit », ou « d’Uber coke » pour désigner cette nouvelle forme de trafic qui ronge les centres-villes en reprenant exactement les mêmes codes que la plateforme de livraison Uber Eats. « Facilité, rapidité, discrétion », résume l’office en charge de la lutte contre les stupéfiants (OFAST).
Les clients passent commande sur une messagerie anonyme, comme Telegram ou Signal, où les dealers proposent le[...]
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