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Ouvrir un compte bancaire aux États-Unis: les entrepreneurs cubains dans l'expectative

L'entrepreneuse Lauren Fajardo passe en revue les vêtements en vente dans sa boutique "Dador" dans le quartier de la Vieille Havane, le 30 mai 2024 à Cuba (ADALBERTO ROQUE)
L'entrepreneuse Lauren Fajardo passe en revue les vêtements en vente dans sa boutique "Dador" dans le quartier de la Vieille Havane, le 30 mai 2024 à Cuba (ADALBERTO ROQUE)

Entrepreneuses cubaines dans le domaine de la mode, Lauren Fajardo et ses deux associées ont longtemps espéré pouvoir ouvrir un compte bancaire aux États-Unis afin de faciliter leurs importations de tissus et de matériel.

Mais maintenant que la mesure a été approuvée à Washington, elles doutent, comme d'autres entrepreneurs indépendants de Cuba, de sa concrétisation et ne peuvent s'empêcher de se considérer comme une "balle politique" que se renvoient les États-Unis et l'île communiste.

C'est que la mesure annoncée la semaine dernière par le gouvernement du président démocrate Joe Biden intervient à moins de six mois de l'élection présidentielle de novembre aux Etats-Unis, où il affrontera le républicain Donald Trump (2017-2021), dont un retour à la Maison Blanche pourrait se traduire par un durcissement de la politique envers Cuba.

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"C'est quelque chose qui peut nous apporter beaucoup", explique à l'AFP Lauren Fajardo, 40 ans, "mais il subsiste un sentiment d'incertitude".

"Quelles banques, quelles entreprises, quelles plateformes vont se conformer aux nouvelles mesures adoptées par le département du Trésor ?”, s'interroge cette propriétaire d'une boutique de vêtements à La Havane.

L'île de 11 millions d'habitants est sous sanctions commerciales et financières américaines depuis 1962 et, en 2021, elle a été réinscrite par Washington sur la liste des pays soutenant le terrorisme.

La cheffe d'entreprise et ses deux associées se sont lancées dans l'aventure en 2016, lorsque le président Barack Obama (2009-2017) a encouragé l'émergence d'un secteur privé à Cuba, en réduisant notamment les sanctions contre l'île, dans le cadre de la normalisation des relations entre La Havane et Washington.

Peu après, Donald Trump est revenu sur cet assouplissement et a même durci les sanctions, sans que Joe Biden ne les ait ensuite substantiellement modifiées.

Les promesses faites en mai 2022 par ce dernier de soutenir à son tour l'expansion du secteur privé indépendant ont cependant poussé Lauren Fajardo et trois autres entrepreneurs à accepter de se rendre à Washington l'année suivante pour y rencontrer des membres du Congrès.

Sur place, ils ont notamment plaidé pour avoir la possibilité d'ouvrir un compte en banque aux États-Unis. Ils sont revenus à Cuba sans réponse claire et quelque peu déçus.

- "Des deux côtés" -

La semaine dernière, Washington a finalement autorisé les entrepreneurs cubains indépendants à "ouvrir, posséder et utiliser à distance des comptes bancaires aux États-Unis, y compris par le biais de plateformes de paiement en ligne".

Yulieta Pilares, ingénieure civile à la tête d'une entreprise dans le bâtiment, estime que la mesure est une "excellente opportunité pour les entrepreneurs cubains", mais exprime également des doutes.

"D'après mon expérience, je pense que très peu de banques américaines oseront ouvrir un compte à un entrepreneur cubain aujourd'hui, car la perception du risque est très élevée" face un possible retour de Donald Trump, relève l'entrepreneuse de 38 ans qui dirige 100 employés.

Elle tente désormais de recueillir des informations sur les procédures à mener auprès des banques.

Oniel Diaz, dirigeant d'un cabinet de conseil spécialisé dans le secteur privé, souligne aussi qu'un changement à la Maison Blanche "pourrait faire capoter" les mesures annoncées.

Actuellement quelque 11.000 petites et moyennes entreprises privées ont été approuvées à Cuba depuis 2021, mais l'économie reste dominée par les entreprises d'État.

Les vives réactions, à Cuba comme aux États-Unis, à l'annonce de ces nouvelles mesures poussent les entrepreneurs à rester sur leurs gardes.

Le président cubain Miguel Diaz-Canel les a jugées "limitées" car "elles ne touchent pas au corps du blocus", a-t-il déclaré, en référence à l'embargo. Elles démontrent "l'intention historique (des Etats-Unis) de fracturer l'unité des Cubains" en ne visant que le secteur privé, a-t-il ajouté.

Du côté américain, la sénatrice républicaine Maria Elvira Salazar a déclaré sur son compte X qu'avec cette décision, "Biden va donner plus d'oxygène à la dictature cubaine" et a qualifié le secteur privé cubain de "couverture pour le régime afin d'obtenir des devises étrangères".

Aux États-Unis, "il y a beaucoup d'opposition à toute forme d'ouverture avec Cuba", et à Cuba "il y a des gens qui sont totalement contre une plus grande ouverture du secteur privé", déplore Lauren Fajardo.

Les entrepreneurs indépendants "sont un ballon au milieu du terrain, et on nous frappe des deux côtés", renchérit Yulieta Pilares.

lp/jb/lab/roc