Législatives 2024: "La mobilisation des électeurs modérés sera la clé du scrutin", assure Chloé Morin

INTERVIEW - Le désarroi règne au sein du bloc central de l’échiquier politique après l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale. Mais un sursaut de son électorat, qui surmonterait sa colère envers Emmanuel Macron, peut encore faire bouger les lignes du scrutin, selon la politiste Chloé Morin.

Challenges - L’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République a plongé le pays dans une grande nervosité. Dans quel état d’esprit se trouvent les Français au moment de choisir leurs nouveaux députés ? Ce climat de forte tension est-il propice aux mouvements d’opinion ?

Chloé Morin - Commençons par rappeler que, selon les différents sondages, entre 50 et 60 % des Français approuvent la dissolution. Il y a un effet de loupe médiatique sur les mécontents, car beaucoup de macronistes risquent de perdre leur poste… Ils ne sont donc nécessairement pas ravis. Les Français de gauche, eux, sont inquiets et galvanisés par l’union de la gauche à la fois. En face, les électeurs RN voient la victoire se rapprocher et sont tout aussi mobilisés. Au milieu, dans le bloc que l’on pourrait qualifier de « modéré », le désarroi règne. Toute la question est de savoir si ces électeurs vont parvenir à dépasser leur colère éventuelle vis-à-vis d’Emmanuel Macron, pour écarter dès le premier tour la perspective de duels RN/gauche. L’inquiétude est rarement bonne conseillère, et elle ajoute en effet à la volatilité des opinions dans cette période si particulière.

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L’accélération de la recomposition politique depuis le 9 juin conduira-t-elle nécessairement à la dislocation du paysage politique des années Macron et à la rebipolarisation autour d’un axe gauche-droite ?

En raison notamment de la désaffiliation partisane et de la défiance vis-à-vis des partis et des élus, le jeu politique est devenu fondamentalement instable. Donc il ne faut jamais dire « jamais ». D’abord, l’avenir du bloc central va dépendre très fortement de la mobilisation des modérés dès le premier tour des législatives en faveur des candidats de la majorité sortante. Cette mobilisation est la clé du scrutin, car si elle fait défaut, nous savons que ce sont des centaines de duels gauche/RN que nous aurons[...]

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