Jean Lebrun : « France Inter, un clou dans l’oreille des dirigeants du RN »

Jean Lebrun a fortement marqué France Culture et Radio France de sa voix et de ses innovations. Il prend très au sérieux les menaces du leader du RN de privatiser l’audiovisuel public. Le producteur s’inquiète aussi de l’évolution des grandes antennes de la Maison de la Radio leaders en audience, mais qui fonctionnent souvent comme des « bulles de bienveillance où l’inclusivité pour tous les phénomènes sociétaux nouveaux » pourraient bien être « excluantes pour les 2/3 des Français ». Entretien issu de notre newsletter « Le Plein d’Idées ».

Challenges - « Le Plein d’Idées » : Dimanche dernier, Jordan Bardella confirmait que le RN comptait bien privatiser l’audiovisuel public « pour faire des économies ». Une mesure qui était inscrite dans le programme de 2022 de Marine Le Pen mais depuis mise en veilleuse. Gains espérés : 3 milliards d’euros.

Jean Lebrun : J’ai tout de même quelques doutes sur le caractère lucratif de l’opération. Recycler la Maison de la Radio en un Hôtel Spa avec vue sur seine ? Pourquoi pas. Mais elle vient d’être réaménagée à grands frais avec un compartimentage en studios pas vraiment convertible. Quant au parc immobilier des locaux France bleu en province, j’ai peur qu’une fois l’inventaire achevé, la valorisation résidentielle soit assez décevante ! Et puis attention, il y a des salariés, des producteurs et des techniciens dont on hérite… Au bout du compte, la vente par appartement ne devrait pas rapporter des mille et des cents. Certainement pas en tout cas de quoi réduire la dette de la Nation…

Il y a une autre hypothèse : récupérer l’entièreté de l’audiovisuel public, le fusionner, et constituer un grand groupe Radio-TV « concentré » de taille internationale.

Oui. J’ai entendu formuler l’idée à peu près en ces termes pas un leader du RN. Et il est parfaitement exact qu’il y aurait là une opportunité pour un investisseur puissant de constituer un mastodonte privé d’une énorme envergure qui permettrait de rapporter beaucoup d’argent à son acquéreur.

« Il ne suffit pas de dire « privatisation ». Il faut suivre des règles de droit »

On pense immédiatement au milliardaire Vincent Bolloré…

Bolloré est de plus en plus présent dans l’édition, la presse, la télévision, la radio. Il construit une force de frappe médiatique de combat au service de la droite de la droite. Je suis assez d’accord avec Jean-François Kahn quand il dit que Bolloré mérite amplement le titre de « L’Homme de l’année » !

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Il y a d[...]

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