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L'euro baisse : une bonne nouvelle... à relativiser

Le recul de l'euro s'explique par une situation de crise (Grèce, Espagne) mais constitue une bonne nouvelle vu d'Europe. Avec quelques nuances...

Entre une crise grecque qui n'en finit pas et une Espagne qui inquiète à nouveau, c'est un nouvel avis de tempête qui souffle sur l'Europe. Le cours de l'euro sert en quelque sorte un baromètre de ce nouvel épisode de la crise. Alors que la monnaie unique européenne valait près de 1,5 dollar il y a un peu plus d'un an, elle vient de tomber sous la barre de 1,24 dollar, son plus bas niveau depuis juillet 2010.

Une bonne nouvelle pour les exportateurs...

Cette dégradation vient sans doute mettre à mal l'orgueil européen, car elle est le signe d'une crise durable. Elle ne réjouira pas sans doute les touristes en partance pour les Etats-Unis, qui ne bénéficieront pas sur place du pouvoir d'achat dont ils aurait disposé il y a un an. Reste que les effets d'une baisse de l'euro face au dollar sont globalement bénéfiques pour l'Europe. Le phénomène apporte en effet un bol d'air aux entreprises exportatrices, qui, chaque fois que l'euro recule, voient leur compétitivité renforcée mécaniquement. Cette logique joue pleinement dans l'aéronautique civile, un marché où la concurrence est assez peu nombreuse et où les contrats se négocient systématiquement en dollars. Face à Boeing, l'européen EADS, dont les coûts sont libellés en euros, ne peut qu'applaudir la baisse de la monnaie européenne.

 ... mais attention au prix de l'énergie
!

Toutefois, en économie, les choses ne sont jamais si simples qu'on pourrait le croire. Et si les exportations sont facilitées par une baisse de la monnaie, celle-ci conduit aussi inéluctablement à un renchérissement des importations, à commencer par les importations de pétrole, tout-à-fait indispensables pour faire tourner la machine économique. Patrick Artus, économiste et directeur de la recherche de Natixis, estime ainsi qu'une baisse de 10% de l'euro alourdirait de 8 milliards d'euros la facture énergétique de la France. Cet effet vient évidemment contrebalancer le premier, la combinaison des deux n'ayant pas forcément des effets similaires sur tous les pays de la zone.
dans un pays comme la Grèce, où l'industrie ne représente qu'environ 6% du produit intérieur brut, l'effet global pourrait être nul, voire négatif. A l'autre bout de l'échelle, l'Allemagne, première puissance exportatrice de la zone, pourrait paradoxalement ne pas être la première bénéficiaire de la baisse de la monnaie unique. En effet, une bonne partie de ses exportations est constituée de produits haut de gamme (pensons à l'automobile, par exemple !), pour lesquels l'effet prix n'est pas forcément le premier déclencheur de l'acte d'achat.

Vive la baisse de l'euro... si elle reste modérée

La France, où l'industrie représente environ 18% du PIB, ou l'Italie serait sans doute les mieux à même de profiter d'une baisse supplémentaire de l'euro. Supplémentaire ? Oui, car, à ce stade, la glissade de l'euro reste relative. Souvenons-nous que, dans les années 2001/2002, un euro valait moins qu'un dollar et que c'est précisément à cette période que la France a connu ses derniers excédents commerciaux. Comme le rappelait récemment Marc Touati, économiste et fondateur du cabinet ACDEFI, le niveau normatif de l'euro est de l'ordre de 1,15 dollar si l'on tient compte de la parité des pouvoirs d'achat. Il attribue la surévaluation chronique de notre monnaie ces dernières années à l'action de la Banque centrale européenne (BCE). Ainsi, en juillet 2008, alors que les signes de la crise économique commençaient à se matérialiser, la BCE, fidèle à sa politique monomaniaque de lutte contre l'inflation, continuait sa politique de hausse des taux d'intérêt, favorisant l'envolée de l'euro, alors que son homologue américaine, la Fed, avait commencé un an avant à faire baisser ses propres taux.

Laisser filer l'euro jusqu'à un niveau plus raisonnable qui redonnera vraiment aux entreprises de la compétitivité semble une bonne idée, mais une chute trop brutale pourrait à son tour avoir des effets pervers. Dans ce cas, elle susciterait une perte de confiance des investisseurs extérieurs, avec le risque de retraits massifs de fonds. En toute chose, il faut un certain équilibre.

Emmanuel Schafroth

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