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Sortir de l'euro... est-ce bien raisonnable ?


 
Avec deux candidats prônant ouvertement la sortie de l'euro et un troisième estimant qu'il est d'ores et déjà mort.. l'euro-scepticisme s'est invité dans la campagne présidentielle 2012 et pèse au moins 20% des suffrages du premier tour. Sortir de l'euro serait-il donc si facile et si efficace ? Voyons cela de plus près.

Sortir de l'euro est tout-à-fait possible, affirmait récemment Laurent Pinsolle dans un texte publié sur le site internet de l'hebdomadaire Marianne. La preuve mise en avant par le porte-parole de "Debout la république", le mouvement présidé par Nicolas Dupont-Aignan : au moins quatre prix Nobel d'économie estiment que c'est une solution envisageable à la crise. Soit ! On se souviendra cependant que, si brillant qu'il fût, un prix Nobel n'est pas infaillible. En 1998, tout juste auréolés de cette prestigieuse récompense, Myron Scholes et Robert Merton ont été à deux doigts de provoquer la chute du système financier mondial en menant droit dans le mur leur fonds spéculatif (LTCM, pour Long term capital management), qui avait pris des positions insensées de quelque 1.200 milliards de dollars ! De la théorie à la pratique, il y a plus qu'un pas.

Bien sûr, Laurent Pinsolle avance d'autres arguments, comme une étude de l'économiste anglais Jonathan Tepper démontrant que l'impact économique est limité lorsqu'un pays sort d'une union économique, citant notamment le cas de la séparation de l'Inde et du Pakistan en 1947, un exemple qu'on s'accordera à trouver assez différent de notre actuelle zone euro.

Revenir au franc ? Pas si simple !

Sortir de l'euro serait donc aussi facile que salutaire ? Dites cela à Marc Touati* et vous le ferez bondir ! Tout d'abord, selon le chef économiste de la société d'investissement Assya Compagnie Financière, le passage d'une monnaie à une autre n'est pas une si mince affaire. "Lors de l'introduction de l'euro, il a fallu trois ans aux entreprises et aux banques pour adapter leur système informatique et trois de plus pour introduire les pièces et les billets, rappelle ainsi Marc Touati. Faire machine arrière supposerait de la même manière un temps d'adaptation et des coûts organisationnels susceptibles de perturber la croissance à un moment où les finances publiques n'ont pas besoin de cela."

Mais il ne s'agit encore là que d'un effet relativement ponctuel. Le vrai problème, c'est qu'une fois sortie de la zone euro, la France verrait le coût de sa dette se renchérir fortement. "Compte tenu de notre situation économique nationale, l'Etat pourrait alors être contraint d'emprunter à un taux de 10%, contre 3% actuellement", estime Marc Touati. De quoi casser l'investissement, l'emploi et la croissance. Or, une récession plus prononcée aggraverait encore les déficits, enclenchant une véritable spirale infernale.

Les vraies-fausses solutions des euro-sceptiques


Les tenants d'une sortie de l'euro prônent comme solution à de tels maux une fermeture des frontières, mais ce qui aurait eu un sens il y a quelques décennies, dans une économie encore relativement fermée, en a beaucoup moins aujourd'hui où certaines filières industrielles ont complètement disparu du territoire national. Essayez donc d'acheter un téléphone mobile ou un ordinateur "made in France" ! Qui plus est, une décision de stopper les importations entraînerait forcément des mesures de rétorsion réciproques d'autres pays. Or, le monde peut bien continuer de tourner sans la France et ce repli sur soi aurait surtout comme conséquence une dégradation supplémentaire de la conjoncture. Autre fausse bonne idée : le retour à un contrôle des changes. Cela peut certes empêcher les investisseurs français de quitter le pays, mais cela ferait fuir les investisseurs étrangers, qui financent majoritairement l'Etat français. Voilà qui contraindrait à financer la dette publique par l'émission de monnaie : une méthode qui fonctionne bien aux Etats-Unis, mais uniquement parce qu'il existe une forte demande mondiale pour le dollar - roi de toutes les monnaies -, ce qui ne serait pas le cas de notre "nouveau nouveau franc". La France se retrouverait donc dans une situation de forte inflation de nature à renchérir le prix des importations, comme le serait une dévaluation de la monnaie. Nouvelle casse en vue sur le pouvoir d'achat !

Au final, si la zone euro venait à imploser, Marc Touati table sur un vrai scénario noir. "Pour financer la dette publique, certains pays européens n'auraient guère d'autre choix que se mettre sous la protection de la Chine, estime-t-il. Et si la Chine, politiquement et financièrement, met un pied en Europe, les Américains ne laisseront pas faire. Dans le pire des cas, on peut même imaginer que cela se termine par une nouvelle guerre mondiale." En résumé, non seulement une sortie de l'euro n'est pas si simple, mais elle constitue assurément, selon Marc Touati, un risque majeur. Et le titre de son dernier ouvrage, "Quand la zone euro explosera", ne doit pas être mal interprété. Il s'agit bel et bien d'un plaidoyer pour sauver le soldat euro, et lutter contre une certaine omerta qui consiste à refuser de voir ce risque bien réel en face.

Ne pas se tromper de cible

Plutôt que de faire de l 'euro le bouc émissaire facile de tous les maux de l'Europe, mieux vaut poser les vrais problèmes, à commencer par le mode de fonctionnement de la Banque centrale européenne (BCE). Depuis sa création, elle reste arc-boutée sur un véritable dogme, celui de la lutte contre l'inflation, sans considération aucune pour la croissance économique. A ce titre, le récent appel de son président, Mario Draghi, à un "pacte de croissance" européen pourrait être un tournant décisif et Marc Touati s'en réjouit. "Il faut maintenant des décisions concrètes, plaide-t-il. Il faut une baisse des taux de la BCE et de la parité euro-dollar, qui doit être ramenée idéalement aux alentours de 1,15 dollar pour un euro. On doit aussi permettre à la BCE d'acheter directement de la dette publique." Enfin, Marc Touati plaide pour la mise en place d'un budget fédéral sur l'innovation et l'investissement, qui serait financé par des euro-obligations, emprunts qui seraient directement émis par l'Union européenne et non par un de ses Etats membres.

Emmanuel Schafroth

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* Marc Touati est auteur de l'ouvrage " Quand la zone euro explosera " (Editions du Moment)