Monnaies de collection : sont-elles un bon investissement ?

Si vous farfouillez dans votre porte-monnaie, il est peu problable que vous y trouviez une pièce de 1.000 euros. Et pourtant, elle existe ! Reste à savoir si c'est véritablement un bon placement.

La Monnaie de Paris est une vénérable institution plus que millénaire (lire notre article précédent). Si elle a fait parler d'elle récemment, ce n'est pas seulement pour une querelle de bac à sable, en marge de l'émission d'une médaille en bronze à l'effigie de Booba (le rappeur, pas l'ourson). Non, car la Monnaie de Paris émet aussi de véritables monnaies ayant cours légal, même si elle sont surtout destiné à des collectionneurs. Sa dernière série en date, baptisée "Le coq", comprend deux pièces en argent de 10 et 100 euros, ainsi que deux autres en or de 250 et 1.000 euros, avant une pièce de 5.000 euros à laquelle les investisseurs pourront souscrire à partir du 14 octobre prochain.

 

Comment valoriser les pièces d'or et d'argent

Mais comment appréhender la valeur de ces pièces si on les considère d'un œil d'investisseur susceptible de les acquérir en vue d'une éventuelle plus-value ? On sait que l'or ou l'argent sont considérés comme des placements anti-crise. Si l'on considère la pièce en or 999 millièmes de 1.000 euros, son poids en métal ne suffit pas à justifier son prix. En effet, elle contient 20 grammes d'or. Sur la base d'un cours du lingot de 1 kilo égal à 29.630 euros, selon CPoR Devises, elle vaudrait 592,60 euros. En fait, pour l'or détaillé en plus petite quantité, il y a ce qu'on appelle une prime, c'est-à-dire une surcote, un peu comme on trouve normal d'acheter plus cher un yaourt vendu à l'unité qu'en pack de 16 pots ! Toujours selon CPoR Devises, un lingotin de 20 grammes cote ainsi 619 euros actuellement. Mais on est toujours un peu loin des 1.000 euros du prix de vente de la pièce et on ne peut pas espérer bénéficier directement d'une hausse du prix de l'or en l'achetant.

 

Valeur faciale et valeur métallique

Si vous vous intéressez à l'once d'argent "Wiener Philarmoniker" émise en 2012 par la République d'Autriche, vous pourrez acheter cette pièce à un prix plus proche de ce que vaut son poids en métal : environ 17 euros, pour un cours de l'once d'argent aux environs de 14 euros. En cas de forte hausse de l'argent, la valeur de votre investissement de la monnaie sera assez vite "portée" par cette valeur métallique.

La deuxième manière d'évaluer des monnaies en métal précieux est la valeur faciale, celle qui figure sur la pièce. Dans le cas de l'once autrichienne, celle-ci est de 1,50 euros et est donc insignifiante par rapport à la valeur métallique. En revanche, les pièces de la série "Coq" de la Monnaie de Paris sont émises à leur valeur faciale et sont ensuite échangeable à ce cours, même s'il peut s'avérer difficile de convaincre votre boulangère de l'accepter en paiement (et surtout de vous rendre la monnaie en conséquence). Les 1.000 euros investis en vaudront toujours 1.000 mais vous ne bénéficiez pas nécessairement des vertus traditionnelles d'un investissement en or, comme la protection contre l'inflation.

 

La rareté peut créer l'intérêt

Reste un troisième moyen de valoriser ces pièces : leur intérêt auprès des collectionneurs. La série de la Monnaie de Paris est ainsi émise en quantités limités : 10.000 exemplaires pour la pièce de 1.000 euros et 2.000 seulement pour la future pièce de 5.000 euros ! Voilà qui peut vous laisser espérer de revendre ultérieurement la pièce à un prix très supérieur à la valeur faciale. Mais là, rien n'est garanti.

 

Emmanuel Schafroth
@emschaf