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Logiciel libre : non, il n'est pas mort.

Les logiciels libres font moins parler d'eux qu'il y a une décennie, mais certains en on fait un business rentable.

Richard Stallmann

Classiquement, le modèle économique des éditeurs de logiciels est fondé sur la vente aux utilisateurs d'une licence, c'est-à-dire d'un droit d'utiliser les programmes qu'ils élaborent. D'utiliser, oui, mais certainement pas de partager avec d'autres utilisateurs ou de transformer le code des logiciels qu'on a acquis. Au contraire, le principe des logiciels libres, ou open source, est de laisser à l'utilisateur la liberté d'accéder au code source (le programme original), de le modifier et même de les redistribuer librement à d'autres.


Les deux papes du logiciel libre

La communauté du logiciel libre s'est construite dans un esprit militant et est dominée par deux personnages qui font presque figures de papes dans ce petit monde. Le premier, le finlandais Linus Torvald, a inventé au début des années 1990 le logiciel "noyau" Linux, dont l'emblème est un manchot. Le second, Richard Stallman, est lui à l'origine du système GNU, dont la mascotte est le gnou, et qui vient compléter Linux pour former le système d'exploitation open source (source ouverte) le plus répandu. Avec sa barbe et ses cheveux longs (voir photo), il a une vraie tête de prophète et s'est illustré lors du décès de Steve Jobs, patron d'Apple, par des propos un rien provocateurs au milieu du concert de louanges entendu alors. "Je ne suis pas content qu'il soit mort, mais je suis content qu'il soit parti", avait-il déclaré, signifiant sa désapprobation de la "prison cool" construite par Apple autour des utilisateurs de ses produits.Il y a une dizaine d'années, l'évocation des logiciels libres, ou open source, faisait frémir toute l'industrie du logiciel. Car en combinant ce principe et l'arrivée d'internet, avec sa capacité de propagation à l'échelle planétaire, on pouvait imaginer qu'il suffirait qu'un seul client achète un logiciel pour que toute la planète puisse l'utiliser ensuite gratuitement. De quoi tuer un secteur entier de l'économie !


Pourquoi le logiciel libre n'a pas tué le logiciel

Mais la réalité s'avère souvent plus complexe que les prévisions, et parfois moins brutale. Sur son exercice clos fin juin 2013, Microsoft, premier éditeur mondial de logiciel et fervent défenseur de son droit de propriété industrielle, a enregistré un chiffre d'affaires de près de 78 milliards de dollars (+142% en 10 ans) et un bénéfice net de 21,9 milliards. Tout le contraire d'une société moribonde. Avec 37,2 milliards de dollars de chiffre d'affaires et 10,9 milliards de bénéfices, Oracle n'est pas non plus à plaindre.A vrai dire, lorsqu'on parle des logiciels d'entreprises, le prix de la licence n'est pas le facteur le plus important. L'entreprise doit analyser quel est le coût total d'utilisation (en anglais : total cost of ownership ou TCO) de sa solutiçon logicielle. Ce coût comprend non seulement la licence mais aussi la maintenance (c'est-à-dire les frais liés à la correction d'erreurs, l'évolution des fonctionnalités). Dans le domaine du logiciel libre, le problème peut se trouver là : lorsqu'un logiciel a été développé par une communauté de geeks plus ou moins informelle, que vous y avez rajouté votre propre couche, qui vous dépannera en cas de bug ? Or, l'informatique fait partie du quotidien de toutes les entreprises, quand elle n'est pas la base même de leur business (sites de e-commerce par exemple). Un problème arrive et c'est peut-être la survie de l'entreprise qui se trouve en jeu rapidement.


Un champion américain très rentable

A l'inverse, pour une société défendant le logiciel libre, comment rémunérer ses salariés lorsque les logiciels que vous diffusez sont recopiables librement ? La réponse est dans le développement de services, dont la maintenance. A ce jeu, tous n'ont pas réussi et le français Mandrakesoft, créé en 1999 puis devenu Mandriva, n'a jamais trouvé la baguette magique et a fini par sombrer. Pourtant, le logiciel libre n'est pas mort. De l'autre côté de l'Atlantique, la réussite de Red Hat, né en 1994, est époustouflante et se confirme d'année en année. Sur l'exercice clos fin février 2013, le chiffre d'affaires a encore progressé de 18%, dépassant 1,3 milliard de dollars, et l'entreprise est largement bénéficiaire (150 millions de dollars). C'est bien sur le terrain du service que Red Hat a gagné, l'essentiel de son chiffre d'affaires (86%) étant constitué d'abonnements annuels ou pluriannuels qui incluent la fourniture du logiciel, des mises à jour et de la maintenance. Certes, Red Hat n'est pas un puriste du logiciel libre et n'est pas reconnu comme tel par GNU ! D'ailleurs, son modèle économique commence à se rapprocher de celui des éditeurs classiques. Car le problème d'une économie fondée sur des ventes de licences réside dans une grande irrégularité du business, en fonction du programme de sorties de nouveaux produits. De plus en plus, les éditeurs cherchent donc à vendre leurs solutions sous forme d'abonnement, ce qui a pour effet de lisser les revenus et d'améliorer la visibilité sur l'activité future : on appelle cela le "SaaS", pour software as a service (logiciel vendu comme un service).


Emmanuel Schafroth

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