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TotalEnergies investit dans le stockage de CO2, la preuve qu’il n’a rien compris au rapport du Giec

This photograph taken on January 20, 2023, shows a view of the TotalEnergies oil refinery in Donges, western France. (Photo by LOIC VENANCE / AFP)
LOIC VENANCE / AFP This photograph taken on January 20, 2023, shows a view of the TotalEnergies oil refinery in Donges, western France. (Photo by LOIC VENANCE / AFP)

ENVIRONNEMENT - « Le captage-stockage de CO2 est une solution prometteuse ». C’est en tout cas l’avis de TotalEnergies qui a annoncé ce lundi 6 février avoir remporté au Danemark deux permis pour enfouir, à plus de deux kilomètres sous le sol de la mer du Nord, 5 millions de tonnes de CO2 par an à l’horizon 2030. Le géant pétrolier et gazier assure ainsi répondre au « challenge mondial » de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Ce projet d’enfouissement, baptisé « Bifrost » utilise la technique de « captage et stockage géologique du CO2 » qui, selon TotalEnergies, permettra de compenser le CO2 émis par son activité pétrogazière. Mais d’après Roland Séférian, ingénieur au Centre national de recherches météorologiques et expert du Giec joint par Le HuffPost, cette technologie s’avère sinon contreproductive, au moins insuffisante pour endiguer le réchauffement climatique.

Une solution complémentaire pour le Giec

Le captage et stockage (CSS) du dioxyde de carbone consiste, grâce à divers procédés chimiques, à capturer le CO2 dans les cheminées pour le comprimer, le liquéfier et le transporter vers des sites de stockage, comme ceux présents dans le sous-sol de la mer du Nord.

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Pour la première fois dans leur sixième rapport, les experts du climat du Giec ont écrit que cette technologie pourrait dans les années à venir contribuer à éliminer le CO2 de l’atmosphère. Et ainsi aider à rester dans les clous de l’Accord de Paris sur le climat qui appelle à limiter le réchauffement en dessous de 2 °C, voire 1,5 °C, d’ici 2100.

Des industries et entreprises pétrolières se sont saisies de cet argument pour développer des projets de captage de CO2. Dès le lendemain de la publication du dernier volet du rapport du Giec en avril 2022, l’entreprise Climeworks, a levé 650 millions d’euros pour le plus gros projet mondial d’une unité en Islande. TotalEnergies s’est aussi engouffré dans cette brèche et le groupe en est à son quatrième projet de sites de captage.

Moins d’un millième du CO2 rejeté est capté

Mais TotalEnergies n’a pas bien lu la précision importante inscrite dans le rapport du Giec : le CCS ne permet en aucun cas capter « toutes » les émissions de dioxyde de carbone d’une installation industrielle.

Des mesures d’atténuation de nos émissions de gaz à effet de serre sont urgemment nécessaires (utilisation d’énergie décarbonée, efficacité énergétique ou des matériaux), a appuyé Chris Bataille, chercheur associé à l’Iddri et coauteur du rapport, dans une interview à La Croix. Les experts du climat rappellent aussi la primauté d’« une réduction de la consommation d’énergies fossiles ».

Par ailleurs, les projets de CSS sont encore très coûteux et à leur frémissement. « Aujourd’hui quelques prototypes commerciaux commencent à voir le jour mais on est très loin de pouvoir compenser le niveau d’émission actuel d’un pétrolier comme Total », indique Roland Séférian qui explique que mis à part dans « un monde idéal », on ne peut pas « continuer d’émettre et être capable de capter les mêmes émissions ».

Alors que nous émettons quelque 40 milliards de tonnes de CO2 par an, les 21 sites de CCS existants n’en ont capturé que 35 millions de tonnes en 2019. « Autrement dit, moins d’un millième du CO2 rejeté par les cimenteries, raffineries, usines chimiques et autres champs d’hydrocarbure » ont été stockés, ont calculé nos confrères de La Tribune.

« Instrumentalisation »

Mais alors, TotalEnergies extrapolerait-il les conclusions du Giec en affirmant contribuer au « challenge » de la réduction des émissions de CO2 ? « C’est vrai que c’est un challenge technologique. Le Giec dit qu’il faut jouer à tous les niveaux, l’innovation et l’industrie en font partie », concède le co-auteur du Giec. Cependant, pour être véritablement « responsable et sérieux », Roland Séférian précise qu’il faudrait que « ce challenge » s’adosse à un vrai plan de réduction des émissions.

Dans une tribune ce jeudi 8 février publiée sur France Info, une dizaine d’auteurs du Giec dénoncent une « instrumentalisation » de leurs travaux arguant que « TotalEnergies est très loin de prendre en compte les conclusions du Giec dans l’évaluation de sa stratégie de neutralité carbone (... )». À propos des méthodes de captage de CO2, ces scientifiques sont clairs : « cette approche minimise la responsabilité de TotalEnergies à décarboner son activité ».

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