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Sanofi reste sous pression, malgré le rachat de Translate Bio

SANOFI RESTE SOUS PRESSION, MALGRÉ LE RACHAT DE TRANSLATE BIO

par Matthias Blamont

PARIS (Reuters) - Le rachat de la biotech américaine Translate Bio va permettre à Sanofi de se renforcer dans la technologie clef de l'ARN messager (ARNm) mais les défis restent nombreux pour son directeur général, qui doit lancer de nouveaux médicaments et faire oublier les revers du groupe dans le développement d'un vaccin contre le COVID-19, estiment investisseurs et analystes. Sanofi a annoncé mardi l'acquisition de Translate Bio pour 3,2 milliards de dollars, misant ainsi sur les vaccins de nouvelle génération et le pipeline de médicaments de l'entreprise américaine. Le groupe pharmaceutique français et la biotech américaine sont déjà engagés depuis 2018 dans un accord de collaboration et de licence exclusif, et deux essais cliniques de vaccins à ARNm sont en cours - l'un contre le COVID-19 et l'autre contre la grippe saisonnière. Les résultats intérimaires de la phase III d'essais cliniques du vaccin COVID-19 sont attendus au troisième trimestre. La technologie de l'ARN messager (acide ribonucléique), un domaine d'expertise de Translate Bio, permet de programmer les cellules humaines pour qu'elles fabriquent des protéines spécifiques qui déclenchent une réponse immunitaire à une maladie donnée. Cette technologie s'est révélée très efficace pour les vaccins contre le COVID-19 développés par Pfizer avec BioNTech et par Moderna. "Bien que la plateforme de Translate Bio n'a pas encore fait ses preuves, c'est une démarche intelligente de la part de Sanofi", a déclaré Wimal Kapadia, analyste chez Bernstein. "Acquérir cet actif leur permettra d'avancer plus rapidement." La transaction, soutenue par le principal actionnaire de la société américaine, devrait être finalisée au cours du troisième trimestre. Elle fait suite à l'acquisition par Sanofi en avril d'un autre acteur plus petit dans le domaine des ARNm, Tidal Therapeutics. Selon des analystes, malgré ces opérations, Paul Hudson, le directeur général de Sanofi, doit donner des gages supplémentaires aux investisseurs, en relançant le portefeuille de médicaments innovants du groupe et en faisant remonter le cours de l'action. Le titre Sanofi n'a quasiment pas bougé à la suite de l'annonce de l'acquisition de Translate Bio mardi, mais il a reculé de 1,2% mercredi après avoir atteint son plus bas niveau sur trois mois en début de séance.

"La clef, pour que l'action remonte, c'est de convaincre les marchés que vous savez développer des médicaments. Ce n'est pas vraiment le message envoyé lors du rachat d'une société ou d'une technologie, et il y a beaucoup de frustration autour du cours de Bourse", observe Wimal Kapadia. L'action n'a progressé que de 1% depuis le début de la pandémie de coronavirus en début d'année dernière, alors que les cours des rivaux de Sanofi dans la course aux vaccins contre le COVID-19, Pfizer, Johnson & Johnson et AstraZeneca, ont connu une croissance à deux chiffres, respectivement de 43%, 29% et 22%.

RESTRUCTURATION

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En 2018, la société a recruté un ancien dirigeant de Roche, John Reed, pour réorganiser ses activités de Recherche & Développement. Sanofi a indiqué qu'il prévoyait de franchir au second semestre plusieurs étapes majeures dans le développement de nouveaux médicaments, concernant notamment le résultat des essais pivots d'Amcenestrant, un traitement contre le cancer du sein, et de Sarclisa contre le myélome multiple. Après l'arrivée de Paul Hudson il y a près de deux ans, le groupe s'est engagé à concentrer ses efforts sur un plus petit nombre de médicaments, mais dont la croissance est plus rapide, en particulier dans le domaine du cancer.

Le laboratoire doit également se montrer moins dépendant de son produit phare, le Dupixent, qui traite l'eczéma et l'asthme et qui a été le moteur de sa croissance au cours des derniers mois.

"Le directeur général va clairement dans la bonne direction et l'opération Translate Bio le démontre", a déclaré à Reuters un investisseur de Sanofi s'exprimant sous couvert d'anonymat. "Mais le mandat d'Hudson a été rapidement éclipsé par la pandémie de coronavirus et les difficultés rencontrées avec le vaccin (contre le COVID-19)", a-t-il ajouté en référence aux retards dans le développement du sérum en collaboration avec le britannique GlaxoSmithKline. "Maintenant, nous voulons que Sanofi soit plus audacieux en matière d'accords, si nous regardons le profil du groupe à plus long terme", a ajouté l'investisseur. Selon Martial Descoutures, analyste chez Oddo BFH, le profil de croissance de Sanofi est bien établi jusqu'en 2025, le Dupixent devant contribuer de plus en plus aux bénéfices. Le traitement devrait dépasser les 10 milliards d'euros de chiffre d'affaires à son plus haut. "On n'a pas de visibilité sur le long terme et il va falloir recrédibiliser le pipeline", observe l'analyste d'Oddo.

(Reportage Matthias Blamont; version française Kate Entringer, édité par Jean-Michel Bélot)