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Togg, visage électrique d'une industrie automobile turque conquérante

La chaîne d'assemblage Togg à Bursa en Turquie, le 17 mai 2024 (Yasin AKGUL)
La chaîne d'assemblage Togg à Bursa en Turquie, le 17 mai 2024 (Yasin AKGUL)

De son "campus" construit en moins de deux ans sur la mer de Marmara, les véhicules sortent par milliers: déjà réputée pour la construction automobile, la Turquie montre les dents sur le marché des voitures électriques avec son champion, Togg.

Dans un immense bâtiment turquoise et gris, des bras robotisés soudent l'habitacle du premier SUV de la marque, le T10X, commercialisé depuis l'an passé, qui passe ensuite à l'atelier peinture puis à l'assemblage et traverse enfin un tunnel luminescent sous lequel les employés scrutent toute imperfection.

Les batteries, construites avec le chinois Farasis, sont assemblées dans un bâtiment adjacent.

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Vingt véhicules sortent ainsi chaque heure. "Nous en avons produit 20.000 l'an dernier. Telsa en avait sorti 2.000 au cours de sa première année", s'enorgueillit sous couvert d'anonymat un responsable de la production, qui vante aussi sa "main d'oeuvre très qualifiée" et à 40% féminine.

Car en un demi-siècle, la province turque de Bursa (nord-ouest), face à Istanbul sur la mer de Marmara, est devenue une place forte de l'industrie automobile mondiale.

Fiat, Renault puis Ford, Toyota et Hyundai s'y sont implantés dès le début des années 1970, profitant de la position stratégique du pays aux confluents de l'Europe, de l'Asie et du Moyen-Orient.

- Klaxon dans l'espace -

"Ils ont d'abord investi pour produire pour le marché local, longtemps protégé par les barrières douanières", explique à l'AFP le consultant indépendant Levent Taylan.

L'union douanière avec l'UE fin 1995 a ouvert le marché européen aux voitures "made in Turkey" et "aujourd'hui l'industrie automobile turque exporte autour de 70% de sa production vers l'Europe de l'Ouest", détaille-t-il.

Un vaste réseau de sous-traitants s'est développé: 530 sociétés emploient plus de 230.000 personnes, dont 83% situées dans la région de Marmara, selon Albert Saydam, président de l'association des sous-traitants automobiles de Turquie (Taysad).

"La plupart des voitures dans le monde ont une pièce qui a été produite en Turquie. Par exemple, le klaxon de la première voiture envoyée dans l'espace, le Tesla Roadster, a été fourni par l'un de nos membres installé à Bursa", explique-t-il avec fierté dans un entretien à l'AFP.

Le fantasque Elon Musk, patron du pionnier américain de la voiture électrique, a fait un coup publicitaire en envoyant en 2018 dans l'espace une de ses voitures à bord de sa fusée Falcon 9.

Avec Togg, la Turquie a voulu prendre son destin en mains. La société a été créée en 2018 par quatre groupes turcs (Anadolu Holding, Turkcell, BMC et Zorlu), associés à l'Union des chambres de commerce Tobb.

- "Pas raté le train" -

"Ce projet représente une étape importante pour l'industrie automobile turque et symbolise l'ambition du pays de devenir un acteur de premier plan sur le marché mondial des véhicules électriques", juge Albert Saydam.

Son premier modèle, la T10X, a été lancé en grande pompe en mars 2023, juste avant l'élection présidentielle, par le président Recep Tayyip Erdogan qui en fait une fierté nationale.

"Nous avons lancé Togg ensemble (...) Nous n'avons pas raté le train de la voiture électrique", a-t-il encore lancé mi-mai.

Le soutien de l'Etat se cantonne cependant à la mise à disposition gracieuse du terrain de l'usine de Gemlik en bord de mer et à un engagement d'achat de 500 véhicules par an, assure-t-on chez Togg.

Dès son arrivée sur le marché, avec 19.583 véhicules vendus en 2023, la Togg T10X a capté 30% des ventes de voitures électriques en Turquie, selon les données de l'Association des distributeurs automobiles turcs (ODMD).

Et le marché est en plein boom: les ventes de voitures électriques ont été multipliées par neuf l'an passé, faisant de la Turquie un marché plus important que celui de l'Italie ou de l'Espagne.

Mais Togg, qui entend commercialiser sa voiture en Allemagne à la fin de l'année et en France en 2025, n'a pas encore gagné son pari, estime Levent Taylan.

"Elle est considérée comme chère et il s'en vend environ 25.000 par an", or une usine automobile n'a, selon lui, "aucune chance d'être rentable en-dessous de 200.000 véhicules par an".

mra-ach/rba/pta