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Salaire des patrons : est-il si scandaleux ?

Le salaire des patrons en question

La reprise économique, c'est maintenant ! Pour celle du marché de l'emploi, on attendra sans doute 2015. Alors que les plus modestes ne se sentent pas encore sortis de la crise, la question du salaire des patrons revient au premier plan.

Certes, celle-ci porte tout de même une trace de la conjoncture difficile des dernières années. Entre 2010 et 2013, la rémunération totale des patrons du CAC40 a reculé de 9,6%. La baisse est significative, mais pas de quoi nous arracher des larmes ! Au titre de 2013, Arnaud Lagardère, patron du groupe éponyme, a ainsi touché la coquette somme de 2,78 millions d'euros. Mais si on inclut les rémunérations indirectes, notamment le "dividende statutaire au bénéfice de l'associé-gérant" propre au statut de commandite de la société, sa rémunération globale s'élève à quelque 16,6 millions d'euros : un montant d'ailleurs massivement approuvé par l'assemblée générale des actionnaires.

 

Le patron de Sanofi interpellé en assemblée générale

Chez Sanofi, les choses ont été plus mouvementées ! Avec une part fixe de 1,26 million d'euros et une part variable de 1,7 million au titre de l'année 2013, le salaire du directeur général Christophe Viehbacher a beau être en baisse de près de 16%, il a essuyé un feu de critiques lors de l'AG, un salarié lui reprochant de s'engraisser sur le dos des salariés, avant d'être poussé vers la sortie, tandis que la journaliste de France 2, Elise Lucet, intervenait à son tour pour demander au patron s'il ne trouvait pas "indécente" sa rémunération, dépassant 500 fois le SMIC. Surtout, on peut comparer l'évolution de son salaire à celle du résultat net de l'entreprise, en chute de 25%.

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Pierre Gattaz attaqué sur son augmentation

Mais le "bashé" de la semaine, sur ce sujet de la rémunération, c'est Pierre Gattaz, patron de la société d'électronique Radiall, taclé à la fois par un François Hollande l'appelant à la "responsabilité" lors de son intervention sur BFMTV et par le Canard Enchaîné. En 2013, Pierre Gattaz a vu sa rémunération augmenter de 29%, à quelque 426.000 euros. Est-ce si scandaleux ? Pas du point de vue de l'actionnaire si l'on considère que la société a affiché l'an dernier une belle santé financière, avec un chiffre d'affaires en hausse de 6,8% et un bénéfice net en progression de... 40%. D'ailleurs, une correction s'impose : si l'on considère les montants dus au titre de 2013 et non les montants versés en 2013, la rémunération de Monsieur Gattaz n'a évolué que de 10%. Son salaire fixe a grimpé de 3% environ, en ligne avec la progression des salaires dans l'entreprise l'an dernier (+3,3%), et sa rémunération variable de 13%, soit moins vite que les bénéfices. Dans un post sur son blog, Pierre Gattaz se défend aussi en rappelant que l'intéressement des salariés de l'entreprise, auquel il n'a pas droit, a été multiplié par six depuis 6 ans. Bref, tout le monde a participé à la croissance des bénéfices de Radiall.

 

SMIC versus salaire des patrons : la comparaison qui fait mal
Si sa rémunération n'est pas si spectaculaire, comparée à celles des ténors du CAC, ou à celle de quelques footballeurs bien connus et n'ayant pas nécessairement les mêmes responsabilités, elle apparaît forcément astronomique pour la moitié des salariés français, dont les émoluments ne dépassent pas une fois et demie le SMIC. Mais pourquoi le patron de Radiall est-il particulièrement sur la sellette ? Peut-être en premier lieu parce qu'il est un héritier plus qu'un self made man. Il a en effet repris l'entreprise paternelle et, comme papa, s'est fait élire au poste de "patron des patrons" : il préside en effet le MEDEF depuis juillet 2013. C'est là où le bas blesse : car c'est le même Pierre Gattaz qui a proposé il y a quelques semaines la création d'un SMIC "intermédiaire" (plus bas que le SMIC !) pour les jeunes ne trouvant pas d'emploi. Cette double casquette est aujourd'hui difficile à porter pour lui. Au final, ce qu'on peut surtout reprocher à Monsieur Gattaz n'est pas tellement le niveau de son salaire, mais le fait que son entreprise, malgré une santé financière florissante, n'embauche pas un peu plus. En 2013, les effectifs totaux du groupe ont augmenté de 1,8% seulement, alors que le nombre de personnels intérimaires ou en régie a bondi de 75%.

Emmanuel Schafroth