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Pourquoi la France emprunte-t-elle à des taux si bas ?

Tout va mal pour les finances publiques françaises ? Non, pas tout ! Il y a au moins un facteur favorable: la France se finance à prix cassés. Explications.

Emprunts OAT

C'est un vrai paradoxe. D'un côté, tout le monde peut s'accorder sur le fait que la situation économique de notre pays n'est guère enviable, entre un déficit public galopant, une compétitivité à la traîne et un solde entre exportations et importations qui ne cesse de se détériorer depuis 2002, dernière année où il fut (modestement et ponctuellement) excédentaire. De l'autre, le taux des emprunts d'Etat ne cesse de baisser: la France n'a jamais rémunéré aussi peu cher les créanciers qui financent sa dette. Début mai, le taux de rémunération de l'Obligation assimilable du Trésor (OAT) à échéance 10 ans (l'obligation d'Etat française de référence) est ainsi tombé ponctuellement sous la barre des 1,7%. Moins que le très sécurisé mais peu rémunérateur Livret A. Ceux qui prédisaient en 2012 que le retour de la gauche au pouvoir se traduirait par de sévères attaques des marchés contre la dette française se sont magistralement trompés !

Les banques centrales à la manœuvre

Ce taux très bas des OAT traduit une confiance, au moins relative, des investisseurs qui prêtent à l'Etat français en les achetant. Mais comment l'expliquer plus concrètement. Tout d'abord, il faut remarquer que ces taux bas ne sont pas une réalité franco-française, mais se rencontrent aussi dans les autres grands pays industrialisés, comme les Etats-Unis ou l'Allemagne. La première explication de cette réalité tient aux taux directeurs des banques centrales, comme la Banque centrale européenne (BCE), c'est-à-dire les taux auxquels elles prêtent aux banques commerciales. En maintenant ces taux très bas - de manière artificielle, diront certains - elles créent massivement de la monnaie ce qui augmente mécaniquement la demande des marchés financiers pour des titres comme les obligations d'Etat. Et selon la loi de l'offre et la demande, quand la demande augmente, les prix montent: les Etats peuvent céder plus cher leurs titres obligataires, donc avec un taux de rémunération moindre. On peut ainsi dire que les banques centrales font ainsi le jeu des Etats, dont le désendettement sera facilité par la baisse des taux.


La France reste un pays qui compte

Cependant, tous les pays de la zone euro ne parviennent pas à emprunter à un taux très bas, comme en a témoigné notamment la flambée des taux espagnols, très pénalisante pour les finances publiques du pays. A ce jeu, si la France ne fait pas aussi bien que la vertueuse Allemagne, qui emprunte à un taux encore plus bas, elle conserve aux yeux du marché un statut de pays prépondérant de la zone euro, à la différence des pays satellites (Grèce, Espagne, etc). Cette perception doit sans doute au revirement politique du président François Mitterrand, opéré en 1983 après deux ans de politique de relance dispendieuse. Après trois dévaluations successives, il fait le choix d'un franc fort, arrimé au mark allemand. Cette volonté d'arrimage à notre voisin d'outre-Rhin se révèlera payante et permettra de faire reculer rapidement le taux auquel emprunte l'Etat français  de 17% en 1981 à l'arrivée de la gauche, il tombe à 9% à la fin du premier septennat Mitterrand, le début d'un long mouvement baissier.La faiblesse des taux français doit aussi, sans doute, à la qualité opérationnelle internationalement reconnue de l'Agence France Trésor, qui est chargée de placer la dette française avec pour objectif de minimiser la charge pour le contribuable. Le choix d'obligations dites assimilables (c'est-à-dire qu'une nouvelle tranche émise va être fusionnée avec les précédentes) permet de limiter le nombre de types d'obligations en circulation, ce qui permet aux investisseurs de revendre plus facilement en cas de besoin.


Des taux français encore attrayants pour certains investisseurs

Reste à savoir pourquoi des investisseurs peuvent être attirés par un placement rapportant moins que le Livret A, voire par des taux négatifs, ce qu'on a encore vu il y a quelques semaines sur des titres d'échéance courte placés par l'Agence France Trésor ! Pour comprendre, il faut rappeler que ce n'est pas la veuve de Carpentras qui prête à l'Etat français mais des investisseurs institutionnels (caisses de retraites, assureurs, etc) majoritairement étrangers. Or, un pays comme le Japon, dont la banque centrale a, elle aussi, injecté beaucoup d'argent dans l'économie, a connu pendant une grande partie de la décennie 2000 une situation de déflation. Dans un tel contexte, où les prix baissent, même un taux de 0% est synonyme de préservation et même d'augmentation du pouvoir d'achat. Alors que les taux japonais restent autour de 1%, les investisseurs de ce pays peuvent donc trouver assez séduisant un taux de 2%, faute de trouver ailleurs une meilleure alternative. Oui, la confiance des marchés financiers dans la dette française reste bien relative.

Emmanuel Schafroth

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