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Budget de l'Etat : est-ce le retour des privatisations ?

A l'heure où l'Etat cherche à équilibrer ses finances, la cession de participation fait sens. Pas de gauche, les privatisations ? Cela reste à voir.

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Dans l'inconscient collectif, privatiser des entreprises apparaît plutôt comme une mesure de droite, quand les nationalisations seraient plutôt perçues comme l'apanage de la gauche. C'est aller un peu vite en besogne, comme un petit aperçu historique permet de s'en convaincre. A la fin de la deuxième guerre mondiale (1944-1946), c'est le Général de Gaulle qui procède ainsi à une vague massive de nationalisations, pour faciliter la reconstruction du pays et son financement.

Nationalisations de droite et de gauche

C'est ainsi que de nombreux établissements financiers (Société Générale et Crédit Lyonnais, notamment) passent sous la coupe de l'Etat, tout comme des sociétés liées à l'énergie ou aux transports, à côté de nationalisations "punitives" comme celle de Renault, pour faits de collaboration avec l'ennemi. Voilà pour les nationalisations de droite ! Plus près de nous, en 1982, c'est cette fois la gauche qui procède à la nationalisation de grands groupes industriels (Rhône-Poulenc, Saint-Gobain, Péchiney ou encore la CGE, qui deviendra Alcatel) et, là aussi, de banques (une quarantaine au total, dont Paribas, Suez ou la banque Rothschild). Depuis, le balancier s'est inversé et l'on a vu, en plusieurs vagues, de nombreuses sociétés repartir de la sphère publique vers le privé. Un mouvement bien été initié par la droite, en 1986, lors de la première cohabitation, le poste de premier ministre étant alors occupé par Jacques Chirac. L'idée était à la fois de défaire ce qu'avait fait la gauche, par exemple en reprivatisant Saint-Gobain, Alcatel, Suez ou Matra, et de remettre en cause la présence des entreprises publiques dans les secteurs concurrentiels, dans un souci d'efficacité économique. La première chaîne de télévision publique (TF1) fait aussi partie des privatisations Chirac, tout comme le groupe de communication Havas.

Lorsque la gauche revient au pouvoir, c'est le principe du "ni-ni" qui est édicté par François Mitterrand: la gauche ne renationalisera pas mais ne privatisera pas non plus, enfin presque ! Car la gauche ouvre alors une troisième voie, celle de l'ouverture du capital d'entreprises publiques, avec un Etat restant majoritaire. En 1990, Renault se voit appliqué ce principe et, l'année suivante, c'est le jeune Crédit local de France (financement des collectivités locales) qui est introduit en Bourse pour faciliter le financement de sa stratégie d'internationalisation.



La gauche, pas en reste dans les privatisations

La deuxième grande vague de privatisations aura lieu entre 1993 et 1996 sous les gouvernements de droite de Balladur et Juppé: les pétroliers Elf et Total, le chimiste Rhône-Poulenc, la régie des tabacs (SEITA), les groupes industriels Péchiney et Usinor-Sacilor, les AGF et une nouvelle tranche de Renault sont ainsi cédés au privé. Mais c'est un premier ministre de gauche, Lionel Jospin, qui mérite le titre de plus grand "privatiseur" de France. Lors de son passage à Matignon entre 1997 et 2002, les ouvertures du capital d'entreprises publiques font entrer plus de 200 milliards de francs (environ 30 milliards d'euros) dans les caisses de l'Etat, notamment grâce à France Télécom (en trois tranches entre 1997 et 1998), Aérospatiale, Air France, le Crédit lyonnais, CNP Assurances ou les Autoroutes du sud de la France.

Alors que le gouvernement Fillon s'en est tenu entre 2007 et 2012 à une sorte de ni-ni de droite, la gauche, de nouveau au pouvoir, et à la recherche de marges de manoeuvre, à d'ores et déjà repris le chemin des privatisations partielles en cédant 3,1% du groupe d'électronique Safran en mars 2013, puis 3,7% de l'aéronauticien EADS en avril : deux opérations qui ont rapporté plus de 1,6 milliard d'euros à l'Etat.



Et maintenant, à qui le tour ?

Tant Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, se sont déclarés en faveur d'une baisse de la participation de l'Etat dans certaines entreprises où il est majoritaire ou dominant. EDF et GDF-Suez pourraient être les premières sociétés concernées, principales participations cotées de l'Etat (ses parts dans ces deux entreprises valent au total environ 50 milliards d'euros). On peut aussi penser, bien sûr, à La Poste, dont les activités (courrier, services bancaires) sont aujourd'hui totalement ouvertes à la concurrence et qui s'est dotée depuis 2010 d'un statut de société anonyme. La Caisse des dépôts est depuis entrée au capital et détient aujourd'hui 26% de La Poste.Mais une telle opération est sans doute difficile politiquement. Dans un tout autre ordre d'idée, le rapprochement en cours entre GIAT Industries/Nexter (spécialiste des véhicules terrestres blindés) et de SNPE (fabrication de poudres et explosifs) va donner naissance à un groupe 100% public réalisant environ un milliard d'euros de chiffre d'affaires. Cette opération pourrait être vue comme le prélude à une privatisation dont on parle de manière récurrente depuis de nombreuses années. Quant à l'ancienne Direction des constructions navales, devenue DCNS en 2007, l'Etat y détient encore une participation majoritaire (65%) mais pourrait la céder à Thales, l'actionnaire minoritaire. Un bon moyen pour l'Etat de parvenir à ses objectifs de réduction des dépenses de défense. Et DCNS, spécialiste de l'armement naval, trouverait dans une telle opération, estimée entre 1,5 et 2 milliards d'euros, les moyens de financer ses multiples projets de diversification dans l'énergie : éolien offshore, nucléaire immergé, hydrolien, énergie des vagues.

Emmanuel Schafroth

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