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Porosité avec LR, rejet de Macron... Une étude évalue les chances de victoire de Le Pen en 2022

Le président Emmanuel Macron et Marine Le Pen responsable du RN lors d'une rencontre à l'Elysée, le 6 février 2019  - PHILIPPE WOJAZER © 2019 AFP
Le président Emmanuel Macron et Marine Le Pen responsable du RN lors d'une rencontre à l'Elysée, le 6 février 2019 - PHILIPPE WOJAZER © 2019 AFP

Il reste à Marine Le Pen beaucoup à faire - et à espérer - pour avoir une chance de remporter la prochaine élection présidentielle. Certains facteurs tiendront à sa stratégie et à la dynamique que provoquera sa campagne, d'autres lui seront étrangères. Dans une étude publiée ce mercredi, la Fondation Jean-Jaurès a mis a plat les principaux phénomènes qui pourraient l'aider à y parvenir.

Dans l'étude, ils sont au nombre de trois. Il y a d'abord la porosité de plus en plus manifeste entre les électorats traditionnels des Républicains et du Rassemblement national. Il y a ensuite la "dédiabolisation" du RN, processus engagé par Marine Le Pen en 2011 et qui a porté ses fruits, la candidate effrayant moins que jamais les Français, même si la dernière marche à franchir demeure très élevée.

Risque d'effet repoussoir pour Macron

Il y a enfin une dernière inconnue, sorte d'inversion de la mécanique qui plombait (et plombe encore en partie) le potentiel électoral de Marine Le Pen: le niveau de détestation dont pourrait souffrir Emmanuel Macron lorsqu'il briguera un second mandat.

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Dans le pire des cas pour le président sortant, cet effet repoussoir serait susceptible d'amener des électeurs LR de premier tour, dont les positions convergent de plus en plus avec celles du RN sur les questions culturelles et régaliennes, à se reporter massivement sur son adversaire. Pour peu que les deux se qualifient bien pour le second tour, conformément à ce que prédisent pour l'instant la totalité des instituts de sondage.

LR et RN toujours éloignés sur l'économie

Si les auteurs de l'étude écartent l'hypothèse d'une "grande convergence des extrêmes" entre les électorats de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, en raison de positions "profondément différentes" sur les questions culturelles et économiques, ils constatent une "convergence programmatique indéniable" entre LR et le RN.

La distance entre les sympathisants de LR et ceux du RN s'est ainsi "largement réduite" sur les questions liées à l'islam, mais aussi à l'autorité, comme sur le rétablissement de la peine de mort. Sur le plan économique toutefois, l'électorat LR demeure "bien plus libéral" que l'électorat RN, même s'ils convergent sur l'idée qu'il existe "trop d'assistanat" en France.

Sur les enjeux culturels et l'immigration, la distance entre les deux électorats s'est resserrée depuis 2017 avec le siphonnage d'une partie de l'électorat LR par Emmanuel Macron, qui laisse un électorat LR plus droitier et donc plus poreux avec le RN. La convergence programmatique ne se traduit donc "qu'imparfaitement", note la Fondation Jean-Jaurès.

"Indice de diabolisation"

Outre la porosité entre RN et LR, la stratégie de "dédiabolisation" des accusations d'antisémitisme et de racisme suivie par Marine Le Pen depuis son arrivée à la tête du parti en 2011 "semble porter ses fruits" dans les urnes et dans l'opinion des Français, bien que le mouvement RN pâtisse encore d'une image très négative.

Pour l'illustrer, les auteurs de l'étude ont créé un "indice de diabolisation" du Front national, devenu RN, depuis 2015, grâce aux données fournies par l'institut Ipsos. Six paramètres ont été mesurés, peut-on lire:

"La proximité (le fait que le RN apparaisse proche de ses préoccupations), la gouvernabilité (être capable de gouverner le pays), la radicalité (être considéré d’extrême droite), le danger (être considéré comme dangereux pour la démocratie), le stigmate raciste (être considéré un parti xénophobe) et la figure repoussoir du leader (la popularité de Marine Le Pen)."

Ainsi, plus la courbe grimpe, plus il y a rejet - selon la thématique - du RN et de ses représentants. A contrario, plus la courbe descend, plus le discours de Marine Le Pen est entendu et accepté par la population.

En avril 2016, les Français étaient 11 points de plus qu'aujourd'hui à avoir une très mauvaise opinion de Marine Le Pen. Si le RN "persiste dans l'atténuation de son discours sur les questions européennes" - il ne veut plus sortir de l'euro depuis 2017 - sans se radicaliser à nouveau sur le plan identitaire, il pourrait connaître une nouvelle progression dans les urnes, selon les auteurs.

Abstention de rejet?

"La vraie force" de Marine Le Pen réside néanmoins, d'après la Fondation Jean-Jaurès, dans le niveau de "détestation" du président Emmanuel Macron. Soit l'aspect sur lequel elle dispose le moins de contrôle.

Dans la perspective d'un match retour en 2022, les auteurs jugent "non négligeable" la possibilité qu'une "part importante des électeurs de candidats battus au premier tour s'abstiennent, tant leur détestation de la candidate RN n'a d'égal que leur rejet de l'actuel président".

Au sein de l'électorat de droite, les sympathisants LR expriment davantage d'émotions négatives envers Emmanuel Macron que vis-à-vis de Marine Le Pen, notent les auteurs, qui rappellent que les émotions jouent un rôle considérable dans les comportements électoraux.

L'étude en conclut que si, à l'heure actuelle, les électorats LR et RN demeurent assez distincts, "le rapprochement qui s'est opéré sur les enjeux culturels laisse entrevoir des possibilités de transferts de voix au second tour". Et le fait qu'Emmanuel Macron "suscite un rejet important" en dehors de son camp pourrait conduire à une "abstention importante en cas de duel face à Marine Le Pen". Reste à savoir à quel point elle s'avérera déterminante.

Article original publié sur BFMTV.com