Meurtre de Bouchra Bouali : comment le féminicide d'Epinay-sur-Seine aurait pu être évité
Lorsqu'elle a appris le meurtre de Bouchra Bouali, le soir du 26 novembre à Epinay-sur-Seine, Ernestine Ronai a pleuré "de rage". La responsable de l'Observatoire départemental des violences envers les femmes de Seine-Saint-Denis, encore très émue, souffle : "On est tous atteints. On pensait qu'on l'avait sauvée." Eric Mathais, le nouveau procureur de Bobigny, parle, de son côté, d'un "échec collectif", ayant "affecté les magistrats" du département. Lui a prévu de conduire une analyse des raisons ayant conduit à ce drame. Car, insiste Ernestine Ronai, ce féminicide n'est pas l'histoire d'une femme passée sous les radars de la justice : "L'évaluation du danger a été correctement faite."
Khalid S., l'ex-mari de la victime, avait été condamné le 27 juillet à un an d'emprisonnement, dont six mois ferme pour des violences commises contre son épouse le 7 juin. Bouchra Bouali avait alors été équipée d'un téléphone grave danger (TGD), un portable avec un bouton d'alerte rapide pour joindre les secours. Quarante-cinq appareils de ce genre sont attribués dans le département selon le parquet (1969 dans tout le pays).
Elle ignorait qu'il avait bénéficié d'une remise de peine
Mais le soir de son décès, la mère de deux filles de 5 et 14 ans est rentrée du magasin de vêtements parisien où elle travaille sans son appareil, resté chez elle. Cette femme de 44 ans ignorait que son ex-conjoint avait bénéficié d'une remise de peine - il est sorti de la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) m...