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Le processus d'union bancaire tremble sur ses bases

par John O'Donnell et Eva Taylor

BRUXELLES/FRANCFORT (Reuters) - Le projet de la Banque centrale européenne d'éprouver la santé des grandes banques de la zone euro sans capacité à combler les déficits qu'elle décèlera risque de gâter ce que d'aucuns considèrent comme la dernière chance de la zone euro d'en finir avec la crise.

A la différence des Etats-Unis, où des injections de capitaux immédiates ont permis aux banques de récupérer rapidement, la normalisation est plus lente pour le système financier européen, faisant apparaître primordiale une union bancaire sous supervision de la BCE.

"Les Etats-Unis ont tourné la page de leur crise bancaire en 2009", estime Francesco Papadia, ex-responsable des opérations sur les marchés financiers à la BCE. "A présent, la zone euro a l'occasion de faire de même et c'est sans doute la dernière."

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Mais la volonté politique de créer une véritable union bancaire n'est plus aussi affirmée avec l'éloignement de la crise. La fin de non-recevoir opposée par l'Allemagne à la création d'un fonds commun qui pourrait voler au secours de n'importe quelle banque en difficulté de la zone euro implique que la BCE se prépare à assumer l'an prochain ses nouvelles attributions sans garde-fous.

L'examen de santé que doit pratiquer la BCE doit être complet et doit obliger les banques à révéler leurs pertes cachées. Il en va de sa réputation et de l'avenir de la zone euro. Mais sans fonds de secours européen, le test risque de se borner à mettre en lumière les problèmes sans offrir de solution convaincante.

"Pour résoudre vraiment le problème de la qualité des actifs, il faut un élément de soutien (backstop). Si on trouve un déficit, il faut pouvoir être sûr de le combler", dit Ronny Rehn, analyste de keefe, Bruyette & Woods (KBW) à Londres. "Si on n'a pas ça, on risque de devoir à nouveau se mentir à soi-même et dire qu'il n'y a pas de problème parce qu'on n'a pas les moyens de le résoudre."

"LOIN D'ÊTRE SATISFAISANT"

La BCE va pratiquer un examen de la qualité des actifs des banques avant de prendre en charge leur supervision, procédure qui pourra servir de modèle à l'Autorité bancaire européenne (ABE) pour éprouver les banques en dehors de la zone euro.

A Francfort, au siège de la BCE, on se résigne peu à peu à ce qu'un fonds de soutien paneuropéen ne voit jamais le jour, la responsabilité d'aider une banque en difficulté étant assumée seulement au niveau national, comme lorsque la crise financière a frappé.

"Il faudra mettre en place des systèmes de soutien nationaux", a dit le président de la BCE Mario Draghi cette semaine au Parlement européen. "S'il (le mécanisme unique de résolution) n'est pas en place, les autorités nationales devront prendre le relais, ce qui est loin d'être satisfaisant, évidemment."

Un tel compromis fait faire la grimace à des banquiers qui veulent voir la confiance rétablie de façon à ce que leurs coûts de financement baissent nettement.

"La BCE, l'ABE et l'UE disent toutes que l'examen de la qualité des actifs, que les tests de résistance seront sévères", dit un banquier d'une grande banque d'investissement londonienne.

"Facile à dire! Ce n'est pas elles qui doivent faire avec l'argent", ajoute-t-il. "Je voudrais bien savoir ce qu'en dit l'Etat, que l'Etat me dise ce qui se passera si des banques s'effondrent."

La confiance envers les banques européennes restant faible, le secteur est valorisé avec une importante décote par rapport à son équivalent américain, selon une analyse de KBW.

Il manque déjà aux 42 plus grandes banques européennes 70 milliards d'euros environ pour respecter les nouvelles normes de Bâle III, sans même prendre en compte le fait qu'elles ont souvent constitué des réserves insuffisantes pour couvrir des créances irrécouvrables ou se prémunir d'un choc économique.

"Nous voyons un problème avant tout en Espagne et en Italie parce que c'est là qu'il y a un marché immobilier qui est encore en chute libre", commente Jon Peace, analyste de Nomura. "Les petites banques ont de plus gros problèmes que les grandes."

UNE BCE ESSEULÉE

Berlin, qui a assumé la plus grande partie de la charge de renflouer certains pays de la zone euro en difficulté, ne veut sans doute pas renouveler l'expérience avec les banques, quelle que soit l'évolution du paysage politique en Allemagne.

Pour l'Allemagne, un organisme de résolution unique ne doit prendre en charge que les plus grandes banques de la zone euro. L'ardoise en serait certes moins lourde mais cela veut dire aussi que les petites banques à risque, au coeur de la crise actuelle, passeraient au travers des mailles du filet.

Sans mécanisme européen d'aide aux banques ayant des problèmes avérés, la BCE pourrait tout aussi bien reporter purement et simplement les tests bancaires, ce qui repousserait d'autant la supervision unique et ternirait l'image de la zone euro.

La situation serait encore pire si les marchandages entre Etats de l'UE aboutissaient à surseoir à l'accord, en principe prévu pour décembre, définissant le cadre de la "résolution" des canards boiteux bancaires.

Cela aurait enfin des répercussions sur les débats du Parlement européen destinés à finaliser le régime de la supervision bancaire, au point que la BCE se retrouverait sans le moindre appui face aux nouvelles prérogatives qu'elle doit en principe assumer vers la fin de l'an prochain.

"Nous ne ferons rien tant que les gouvernements n'auront pas convenu d'un mécanisme de soutien, un financement d'urgence des déficits en capital que nous pourrions détecter dans les bilans", a dit lundi Yves Mersch, membre du directoire de la BCE chargé de la supervision, faisant référence à l'examen des bilans bancaires. "Cet examen pourrait nous replonger dans la crise si l'on n'a pas défini clairement le financement à l'avance."

Reculer l'échéance rendrait les choses plus faciles dans un premier temps. Mais la BCE risquerait de le payer au prix fort, elle qui a déjà prêté aux banques plus de 1.000 milliards d'euros à vil prix, pour la plupart déjà remboursés, et qui risque de recommencer avant même, peut-être, la fin de l'année.

Il faudrait aussi éviter l'expérience de deux précédentes séries de tests de résistance, considérées comme de parfaits échecs.

Francesco Papadia s'alarme des conséquences qui résulteraient d'une BCE qui "aurait pris peur" au point de se montrer trop magnanime envers les banques.

"Le risque, c'est qu'on reste dans le flou (...) On soupçonne qu'il y a de gros problèmes mais personne ne sait où et quelle est leur ampleur", dit-il. "On n'aurait plus guère confiance envers la BCE, sans parler des conséquences pour la monnaie unique."

Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Dominique Rodriguez