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"Les juifs vous avez de l’argent" : la séquestration violente d'une famille juive jugée à Bobigny

Neuf personnes sont jugées aux assises de Bobigny pour avoir séquestré, violenté et cambriolé une famille juive en Seine-Saint-Denis, en septembre 2017. Une affaire qui témoigne d'un "antisémitisme viscéralement ancré", déplore l'avocat des victimes.

"Vous les juifs, vous avez de l'argent, nous nous n'avons rien." Devant les assises de Bobigny comparaissent ce mardi neuf personnes pour l'agression, la séquestration et le cambriolage d'une famille juive dans leur pavillon à Livry-Gargan (Seine-Saint-Denis), en septembre 2017.

Le père de famille, Roger Pinto, maintenant âgé de 89 ans, était connu pour son action en faveur de la communauté juive. Pour leur avocat, Me Marc Bensimhon, le caractère antisémite de l'agression ne fait "aucun doute".

Les juifs, ces "gâtés de la terre"

Le 8 septembre 2017, il est presque midi lorsque Mireille Pinto, 75 ans, appelle les pompiers, qui transfèrent immédiatement son appel à la police. En état de choc, la retraitée explique que son mari, leur fils David, 52 ans, et elle-même viennent d'être séquestrés par trois hommes dans leur demeure cossue de Livry-Gargan.

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Après avoir ligoté et frappé l'octogénaire et son fils, les trois agresseurs, visages dissimulés par des foulards, les ont menacés avec un couteau et un tournevis avant de fouiller et vandaliser la maison pendant deux heures.

"Ils se sont jetés sur moi, ça a été littéralement une volée de coups à la tête. Ils m'ont fait tomber par terre et ils m'ont frappé jusqu'au moment où j'ai pratiquement perdu connaissance", racontait à l'époque à i24News Roger Pinto.

Les agresseurs n'ont qu'une obsession: "trouver l'argent".

"Vous les juifs, vous avez de l'argent, nous nous n'avons rien. Vous les juifs vous êtes gâtés de la terre, et nous nous sommes laissés-pour-compte", clament-ils. Et de poursuivre: "Vous êtes juifs, vous êtes riches, vous avez de l'argent, on vous prend à vous pour donner aux autres."

"On va vous tuer", menacent les agresseurs si les otages ne se plient pas à leur exigence. En réalité, il n'y a qu'un coffre vide au sous-sol de la maison. Au total, les trois hommes ne trouvent que 500 euros en espèces, mais repartent tout de même avec des bijoux de valeur et des cartes bancaires.

Piégés par la vidéosurveillance

À l'extérieur les attendent dans une voiture deux complices, le supposé donneur d'ordre et une jeune fille de 19 ans qui est repérée par les caméras de vidéo-surveillance en train de retirer de l'argent, juste après le cambriolage.

Au total, la Sûreté territoriale de Seine-Saint-Denis interpelle neuf personnes: les trois hommes de main présumés, le "commanditaire" de 53 ans déjà condamné pour de nombreux faits de vols et sa compagne, la jeune femme qui a retiré de l'argent et trois personnes suspectées d'être les receleurs des bijoux.

La maison se situe dans la rue de la synagogue de la commune et Roger Pinto, alors président de l'association de défense du peuple juif et de l'État d'Israël Siona, a déjà reçu le Grand Rabbin de France et le président du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France (CRIF) à son domicile.

Deux éléments qui permettent d'affirmer que "tout le monde savait que des juifs vivaient ici", assure à BFMTV.com leur avocat, Me Marc Bensimhon.

Les neufs accusés vont donc être jugés pour séquestration en bande organisée sous la menace d'armes, avec la circonstance aggravante de l'antisémitisme. Des faits passibles de la réclusion criminelle à perpétuité.

"Une dame chic avec de beaux bijoux"

Le commanditaire aurait effectué des repérages plusieurs semaines avant de passer à l'acte, après avoir repéré dans le quartier Mireille Pinto, "une dame chic avec de beaux bijoux".

Deux agresseurs présumés sur trois réfutent une quelconque participation aux faits et ce, malgré la présence de leurs ADN au domicile. Le troisième reconnaît, en partie, les faits, mais il affirme comme les autre accusés, qu'il ignorait la confession des victimes. Pour l’avocate du "commanditaire", Margot Pugliese, la motivation antisémite est "contestée et contestable".

"Les faits n’ont pas été commis en raison de la religion des victimes", estime-t-elle auprès de nos confrères de l'AFP.

Quitter la Seine-Saint-Denis

Plusieurs associations antiracistes se sont portées parties civiles (Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme, Ligue internationale contre le racisme, Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples).

"Les trois jeunes qui ont séquestré, molesté, menacé de mort mes clients ne savent pas forcément ce qu’est un juif. Mais pour eux, un juif a forcément de l’argent", analyse Me Marc Bensimhon.

Comme les affaires Ilan Halimi (torturé et tué par le "Gang des barbares en 2016"), Sarah Halimi (tuée en 2017), Mireille Knoll (une rescapée de la Shoah tuée en 2018), ce dossier est le symbole d'un "antisémitisme viscéralement ancré" pour le pénaliste. La famille Pinto, encore gravement marquée par cet épisode de violence et les trois années d'instruction, a depuis quitté la Seine-Saint-Denis pour Paris.

Article original publié sur BFMTV.com

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