Gérald Darmanin demande la dissolution de l'organisation catholique intégriste Civitas
"L'antisémitisme n'a pas sa place dans notre pays." Ce lundi, Gérald Darmanin a annoncé saisir le procureur de la République et demander à ses services "d'instruire la dissolution de Civitas", après des "propos ignominieux" tenus par Pierre Hillard, essayiste controversé, lors des universités d'été de l'organisation catholique intégriste.
Un peu plus tôt dans l'après-midi, l'ancien candidat insoumis à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon avait interpellé le ministre de l'Intérieur en réaction à cette vidéo relayée sur les réseaux sociaux.
"En France en 2023, quelqu'un demande de revenir sur la nationalité et citoyenneté française des juifs décidées par la grande Révolution de 1789! L'antisémitisme doit être puni sans faiblesse. Que fait Darmanin?", avait-il alors tweeté.
Sur cet extrait vidéo, Pierre Hillard, écrivain et essayiste controversé, avait déclaré: "La naturalisation des juifs en septembre 1791 ouvre la porte à l’immigration (...) Si on rétablit les lois de catholicité et qu’on fait du catholicisme traditionnel une religion d’État, peut-être faudrait-il retrouver la situation d’avant 1789."
Indignation générale
Ces propos ont été vivement condamnés par plusieurs personnalités politiques dont des élus de LFI et de Renaissance, l'Union des étudiants juifs de France et la Licra, notamment.
Mathilde Panot, présidente des députés LFI, a elle annoncé saisir "la procureure de la République".
Après l'annonce de Gérald Darmanin, fait inhabituel, Jean-Luc mélenchon a donné un satisfecit au ministre: "Darmanin donne une réponse claire à l'interpellation des insoumis et de la Licra. L'antisémitisme va être puni. Civitas sera dissout et le procureur de la République est saisi des propos de Pierre Hillard", a-t-il écrit sur X, en republiant le message du ministre.
L'UOIF (Union des organisations islamiques de France) a apporté également "son soutien à la démarche de dissolution initiée" par le ministre, dans un post sur X.
Une organisation déjà mise en cause
L'institut Civitas, proche de l'extrême droite catholique, avait été reconnu en 2016 comme éligible au financement des partis politiques. Il a soutenu la candidature d'Éric Zemmour à l'élection présidentielle de 2022.
Ce mouvement a organisé plusieurs actions controversées récemment. Plusieurs dizaines de manifestants proches de l'organisation catholique intégriste Civitas avaient empêché la tenue d'un concert le 13 mai à l'église Saint-Cornély de Carnac. Le parquet de Lorient avait ouvert une enquête pour violence volontaire et entrave à la liberté d'expression.
En avril dernier, les associations Stop Homophobie et Mousse avaient aussi déposé plainte contre Civitas pour discrimination en raison de l'identité de genre, après l'annulation d'un concert du chanteur Bilal Hassani dans une église de l'Est de la France.
En février, Alain Escada, président de Civitas, avait également appelé les sympathisants du mouvement à se réunir à Saint-Brévin (Loire-Atlantique) pour manifester contre le projet de centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada).