En Corse, une violente agression homophobe à Rogliano, enquête ouverte
LGBT - “Se faire attaquer par 20 mecs parce qu’on est gay en 2021 ça me semblait juste plus possible”. C’est avec ces mots, entre autres, que Benoît raconte ce jeudi 15 juillet sur son compte Instagram la violente agression homophobe dont son compagnon, Mickaël, et lui ont été victimes sur la commune de Rogliano, en Corse lors de la soirée du 14 juillet.
Joint par le HuffPost, le procureur de Bastia a confirmé l’ouverture d’une enquête pour violences en réunion avec ITT inférieure ou égale à 8 jours et en raison de l’orientation sexuelle des victimes.
Apportant son “soutien total aux deux victimes” de cette “violente agression homophobe”, sur Twitter, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a affirmé que “ces actes infâmes ne doivent pas rester impunis”.
Soutien total aux deux victimes d’une violente agression homophobe en Corse.
Les services de police sont pleinement mobilisés.
Ces actes infâmes ne doivent pas rester impunis.— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 15, 2021
Contacté par Têtu, le couple, qui a porté plainte, raconte qu’ils étaient en train de danser quand ils ont commencé à sentir des regards appuyés venant d’un groupe. Un des individus s’est approché de Mickaël et lui “montre une photo de quelqu’un qui pisse sur un drapeau arc-en-ciel”.
“Je reste très calme et je lui dis que je suis moi-même homo. À ce moment, il sort sa croix et me dit que c’est contre-nature”, détaille-t-il. Le couple décide de quitter la soirée mais se retrouve nez à nez avec le même individu. Les coups commencent et d’autres personnes se joignent alors au déferlement de violence.
“Littéralement tout le bar qui nous court après pour nous frapper alors qu’on s’est même pas embrassé. Parce qu’on sait où on est, en Corse... Je n’ai même pas compris ce qui se passait. Je n’ai jamais vu ça, une haine que je n’avais croisée que dans les films ou dans les libres. Là c’était en vrai”, relate de son côté Benoît sur Instagram, joignant également des photos de lui et de son compagnon le visage ensanglanté.
Sur un cliché pris dans l’ambulance, il indique: “Quand on passait devant le bar où on s’est fait agresser, dans l’ambulance on entendait les gens nous traiter de “pd” sans aucun remord”.
Dans un communiqué, le procureur de la République de Bastia, confirme cette version: “Vers minuit trente (...) [ce] couple, subissaient des insultes homophobes puis des violences à coups de pieds et poings de la part de plusieurs individus, leur occasionnant des interruptions totales de travail de 6 et 8 jours. Une troisième personne était blessée”.
À Têtu, Benoît assure que les habitants n’ont pas du tout réagi et que ce sont finalement leurs familles qui ont prévenu la police. Laquelle mettra un terme au déchaînement de violence. L’enquête a été confiée en co-saisine à la brigade des recherches de Bastia et à la communauté de brigades de Brando.
François Ravier, préfet de Haute-Corse, a fait part de son côté de son “indignation” et condamné “avec la plus grande fermeté cette agression lâche et violente”, adressant “tout son soutien aux victimes et à leurs proches”.
Contacté par l’AFP, Patrice Quilici, le maire de Rogliano, s’est déclaré “scandalisé” par ces violences. La Ligue des droits de l’homme quant à elle a condamné “la violente attaque qu’ont subie des personnes homosexuelles”, dénonçant “un véritable lynchage qui ne peut demeurer impuni”.
Cette agression homophobe intervient peu après le meurtre début juillet de Samuel, un jeune homme gay, à la Corogne en Espagne. Il avait été passé à tabac à sa sortie d’une discothèque. Ce crime homophobe a déclenché de nombreuses manifestations sur la péninsule ibérique mais aussi en France, le week-end dernier.
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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.