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Comment investit le plus grand fonds au monde ?

Un fonds nourri par la manne pétrolière (yahoo finance france)

Ce fonds pas comme les autres gère aujourd'hui plus de 600 milliards d'euros. Et sa manière de faire est unique en son genre

Pour certains investisseurs, l'année 2013 a été plutôt florissante. Une performance annuelle de 15,9% sur un portefeuille diversifié entre actions, obligations et immobilier, c'est un score honorable. Et quand c'est le fonds de pension gouvernemental norvégien qui le réalise, cela se traduit par un surplus de richesse de quelque 82 milliards d'euros ! Un chiffre à la mesure de ce "Government Pension Fund Global" (GPFG), qui n'est décidément pas un investisseur comme les autres : il s'agit en effet du plus gros fonds souverain au monde, avec des actifs gérés qui dépassent désormais les 600 milliards d'euros. De quoi racheter la moitié du CAC 40 !

 

Faire fructifier la manne pétrolière

Comme c'est le cas pour de nombreux autres fonds souverains, le fond norvégien est alimenté par les excédents commerciaux liés à l'exportation d'hydrocarbures. Avec une production de 1,9 millions de barils par jour, la Norvège représente en effet environ 2% de l'offre mondiale de pétrole et est ainsi le deuxième producteur européen, après la Russie. Son premier champ pétrolier, Ekofisk, a été mis en production dès 1971. Très rapidement, la question de l'usage qui doit être fait de cette nouvelle ressource, à la durée de vie inconnue, émerge dans le débat public. Dès 1983 émerge l'idée d'un fonds chargé de gérer de manière autonome l'excédent pétrolier : il verra le jour en 1990 mais ne recevra ses premières dotations qu'en 1996 : le GPFG ne pèse alors que 46 milliards de couronnes norvégiennes, presque 100 fois moins qu'aujourd'hui. D'abord exclusivement investi en obligations d'Etat, il s'ouvre assez rapidement aux actions, qui représentent aujourd'hui plus de 60% de ses actifs. Alors que l'argent qu'il doit gérer augmente naturellement chaque année grâce aux dotations de l'Etat (239 milliards de couronnes, soit environ 29 milliards d'euros, lui ont encore été transférés l'an dernier), le fonds est dans une situation idéale pour investir dans une logique de long terme.

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Une soixantaine de sociétés frappées d'interdiction

Mais là où le GPFG se distingue particulièrement, dans sa stratégie extra-financière de gestion. C'est en effet le plus important investisseur au monde à appliquer les principes de l'investissement socialement responsable, c'est-à-dire à tenir compte de critères sociaux et environnementaux pour sélectionner les titres où il investit. Un comité d'éthique indépendant composé de cinq personnes du monde professoral ou entrepreneurial est ainsi chargé d'appliquer une séries de principes. Le fonds a ainsi interdiction d'investir dans des sociétés qui produisent du tabac ou des armes dont l'usage normal est contraire aux droits de l'homme, comme les mines anti personnel. Doivent aussi être exclues des investissements potentiels les sociétés qui se rendent complices de violations des droits de l'homme, de dommages à l'environnement ou encore de corruption. C'est le Ministère des finances norvégien qui, sur avis du comité d'éthique, décide de mettre sous surveillance une société ou de l'exclure. L'originalité est que le fonds ne communique pas uniquement sur de beaux principes mais affiche clairement ceux qu'ils considère comme les mauvais élèves. Ainsi, des sociétés comme Boeing, EADS, Safran ou l'américain Northrop Grumman sont-elles exclues par le fonds, et ce depuis fin 2005, pour leur implication dans la production d'armes nucléaires.

 

Des décisions prises en toute transparence

Une vingtaine de producteurs de tabac figurent aussi dans la liste interdite, dont Philip Morris International ou Altria. Le premier distributeur mondial, Wal Mart, est quant à lui exclu pour graves violations des droits de l'homme, tandis que les compagnies minières Barrick Gold, Vedanta et Rio Tinto sont, avec une dizaine d'autres, pointées du doigt pour des dommages environnementaux. Au total, une soixantaine de sociétés sont ainsi frappées d'exclusion. Parmi les dernières figurent deux sociétés israéliennes, Africa Israel Investments et sa filiale Denya Cebus : une décision liée à leur participation à des constructions à Jérusalem-Est, jugées illégales par le comité. Ce souci de "dire ce qu'on fait" est certainement la marque de fabrique la plus évidente du GPFG. Son souci de transparence s'applique aussi aux votes des représentants du fonds aux assemblées générales des sociétés dans lesquelles ils investissent, qui sont également disponibles sur internet.

Pour autant, le GPFG n'est pas exempt de critiques, notamment sur la lenteur de mise en œuvre des décisions de nature éthique proposées par le comité. A l'avenir, c'est à la banque centrale norvégienne et non plus au ministère que pourrait revenir la décision. Mais après tout, dans un monde où tout va toujours plus vite, un investisseur qui prend le temps de la réflexion est-il si critiquable ?

 

Emmanuel Schafroth