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Avortement: à quoi sert l'allongement du délai d'IVG de 12 à 14 semaines de grossesse?

Image d'illustration - Un test de grossesse - -
Image d'illustration - Un test de grossesse - -

L'Assemblée nationale a de nouveau approuvé mardi l'extension du délai légal pour pratiquer une interruption volontaire de grossesse (IVG) à 14 semaines de grossesse au lieu de 12 actuellement. "C'est une étape importante dans le renforcement du droit à l'avortement qui a été franchie la nuit dernière", a déclaré dans un communiqué la députée écologiste Albane Gaillot, à l'origine de cette proposition de loi.

En France, l'avortement est autorisé jusqu'à 12 semaines de grossesse depuis 2001. Le délai était auparavant de 10 semaines. "Cela fait donc 20 ans qu'il n'y a pas eu d'allongement de délai", note auprès de BFMTV.com Sarah Durocher, co-présidente nationale du Planning Familial.

"On reçoit tous les jours des femmes qui sont en délai dépassé"

Et depuis le début des années 2000, la désertification médicale est devenue un réel problème: le manque de personnel médical pratiquant les avortements et de structures hospitalières où les faire dans certains territoires de France entraîne parfois des retards dans la prise de rendez-vous chez les femmes qui voudraient pratiquer une IVG. "60 centres pratiquant des IVG ont fermé entre 2012 et 2019", écrit ainsi le site IVG pour toutes, tenu par Albane Gaillot.

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"Au planning familial, on reçoit tous les jours des femmes qui sont en délai dépassé", explique Sarah Durocher. "Et il ne s'agit pas forcément de femmes qui se rendent compte de leur grossesse tard, certaines ont juste eu du mal à trouver un rendez-vous quelque part. On manque de médecins et de sages-femmes".

Les confinements dus au Covid-19 ont aussi eu une incidence sur les prises de rendez-vous pour des avortements, car les femmes concernées pouvaient avoir peur de sortir en raison de la pandémie, et avec l'encombrement des hôpitaux, avoir d'autant plus de difficultés à prendre rendez-vous chez un professionnel de santé. En ce sens, plusieurs députés de droite ont plaidé, lors des débats sur ce texte, pour un meilleur accès des femmes à l'IVG dans le délai actuel, plutôt que sa prolongation.

Mais parmi les femmes qui dépassent les délais légaux, il y a aussi celles qui se rendent compte trop tard de leur grossesse, "celles qui ont un parcours compliqué, qui subissent des violences conjugales par exemple" et pour qui il est difficile de prendre rendez-vous pas seulement en raison du manque de médecins, souligne Sarah Durocher.

"Pas d’objection éthique à allonger le délai d’accès à l’IVG"

Parmi les détracteurs de l'allongement du délai de l'IVG, certains expliquent leur crainte que le passage de 12 à 14 semaines entraine des complications médicales.

Selon la présidente du collège des gynécologues de France, Joëlle Belaisch Allart, "il faut forcer le col pour faire cette IVG plus tardive, ce qui veut dire qu'il y a un risque ultérieur d'accouchement prématuré, par exemple, ou de fausse couche tardive. Une IVG médicamenteuse est un mini accouchement, et c'est douloureux pour la femme et ce n'est donc pas non plus une bonne solution", explique-t-elle à France Info.

Actuellement, après la septième semaine de grossesse, l'IVG se pratique par méthode chirurgicale. Avant cela, elle peut aussi être médicamenteuse.

Avec la croissance du foetus entre 12 et 14 semaines "l'acte d'IVG change de nature", avec "des conséquences gynécologiques qui peuvent être graves", avait également déclaré le député LR Fabien Di Filippo.

Dans le rapport parlementaire sur cette proposition de loi, il est toutefois précisé que selon le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) "la réalisation des IVG comporte des risques qui sont faibles, augmentent avec l’âge gestationnel, mais différent peu entre 12 et 14 semaines de grossesse" et conclut en considérant "qu’il n’y a pas d’objection éthique à allonger le délai d’accès à l’IVG de deux semaines, passant ainsi de 12 à 14 semaines de grossesse".

Après 12 semaines, "le foetus est un peu plus gros, donc l'intervention est un peu plus longue mais on sait le faire", explique à BFMTV.com Ghada Hatem, médecin-cheffe de la Maison des Femmes. "De nombreux professionnels de santé assurent qu'il n'y a pas plus de danger", abonde Sarah Durocher, qui souligne que les délais pour l'avortement sont bien plus élevés chez certains de nos voisins.

Jusqu'à 22 semaines aux Pays-Bas

"On sait que certains professionnels de santé ne voudront pas le faire mais il faut donner la possibilité aux médecins qui le veulent de pouvoir le faire", explique-t-elle.

Actuellement, l’Espagne et l’Autriche autorisent l’IVG jusqu’à 14 semaines de grossesse, le Royaume-Uni jusqu’à 24 semaines, les Pays-Bas jusqu’à 22 semaines et la Suède jusqu’à 18 semaines. Mais "toutes les femmes n'ont pas les moyens de se le permettre, et ce n'est pas normal d'en arriver là", déclare Ghada Hatem.

Aujourd'hui "les femmes qui réalisent que leur grossesse n'est en fait pas possible après le délai n'ont pas d'autre alternative que de garder l'enfant, ou d'aller en Hollande", lance Ghada Hatem. "Ce n'est pas acceptable".

Pour que le texte ait une chance d'être adopté avant la fin de la session parlementaire prévue fin février, il faut qu'il soit inscrit au Sénat, avant une hypothétique commission mixte paritaire et un ultime passage à l'Assemblée.

"Je n’ai pas changé d’avis. Des délais supplémentaires ne sont pas neutres sur le traumatisme d’une femme", avait déclaré en novembre le président de la République Emmanuel Macron au Figaro.

Article original publié sur BFMTV.com