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Starbucks: le patron est pour le mariage gay... et il assume

Non, les dirigeants d'entreprises ne s'intéressent pas qu'à l'argent. En témoigne l'incident survenu à la récente assemblée générale d'une célèbre enseigne de cafés, Starbucks.

L'investissement socialement responsable, ou ISR, est l'application à la sphère financière des principes du développement durable. Le pendant de l'ISR dans la gestion des entreprises est connu sous le nom de politique RSE (Responsabilité sociale de l'entreprise): un vocable qui désigne les décisions de gestion motivées non par un retour financier immédiat, mais par des objectifs environnementaux (réduire les émissions de gaz à effet de serre, par exemple) ou sociaux (respect de la diversité au sein de l'entreprise). La démarche RSE des entreprises est peu réglementée et dépend donc essentiellement de la volonté des dirigeants. Elle peut se résumer parfois à quelques opérations de communication "pour faire joli" ou découler d'une vraie vision stratégique. Quoi qu'il en soit, la politique RSE élargit le champ d'action traditionnel des dirigeants d'entreprise, comme est venu en témoigner un échange courtois mais ferme entre le PDG de la chaîne de cafés Starbucks et un de ses actionnaires, lors de la dernière assemblée générale de la société.

Quand Starbucks hérisse les conservateurs

C'est le point d'orgue d'une histoire qui a commencé en janvier 2012 lorsque Starbucks a décidé de soutenir le projet de référendum en faveur du mariage gay dans l'Etat de Washington, estimant cette mesure conforme aux valeurs de l'entreprise. Ce faisant, Starbucks s'est attiré les foudres d'un certain nombre de conservateurs américains, à commencer par la NOM (National Organization for Marriage/ Organisation nationale pour le mariage), laquelle a rapidement lancé une campagne de boycott de la chaîne baptisée "Dump Starbucks" (renversez Starbucks), voyant dans la décision de la multinationale une "guerre culturelle contre les gens de foi", rien de moins. Appuyée par un site Internet détournant le célèbre logo de la marque, cette pétition a recueilli plus de 49.000 signatures, mais le référendum a finalement vu la victoire du oui par 41,8% contre 48,2% en novembre dernier.

Une entreprise doit-elle embrasser la cause gay ?

Le 20 mars 2013, lors de l'assemblée générale annuelle des actionnaires, cet engagement de Starbucks a valu à son PDG Howard Schultz de se faire assez sévèrement interpeller par un investisseur, un certain Thomas Strohbar, également fondateur du Corporate Morality Action Center (Centre d'action pour la moralité des entreprises). S'interrogeant sur le bien-fondé de faire du mariage gay une valeur fondamentale de l'entreprise, alors qu'elle avait vécu sans jusqu'ici, cet investisseur rappela au patron qu'il l'avait déjà prévenu il y a un an des risques de boycott et que les chiffres trimestriels médiocres publiés par l'entreprise, dans la foulée dudit boycot,t avait occasionné un recul de 6 à 7 milliards de dollars de la valeur boursière de Starbucks.

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Sans se laisser démonter par l'attaque et sans rien perdre de son calme, Howard Schultz a alors répondu qu'une telle décision n'était pas de nature économique. "En prenant cette décision, nous envoyons un message à nos salariés. Nous avons la joie d'employer plus de 200.000 personnes dans notre société et nous entendons accueillir la diversité sous toutes ses formes", a ajouté le PDG, salué par les applaudissements nourris de l'assistance. Une belle manière de dire qu'une société ne doit pas écouter que ses actionnaires, mais aussi ses forces vives, voire le monde qui l'entoure.

Monsieur l'actionnaire, vous êtes libre

Quant à l'argument financier, Howard Schultz l'a balayé de manière toujours courtoise, mais un rien plus cinglante, rappelant que Starbucks avait procuré à ses actionnaires un rendement de 38% en un an. "Si vous pensez pouvoir obtenir un rendement plus élevé que les 38% que vous avez eu l'an dernier, nous sommes dans un pays libre. Vous pouvez vendre vos actions Starbucks et acheter celles d'une autre société", a-t-il conclu. Il faut dire que l'homme qui a racheté Starbucks à ses propriétaires originaux pour 3,8 millions de dollars en 1987 s'y connaît un peu en création de valeur : il en a fait une multinationale aujourd'hui présente dans plus de 60 pays et pesant 43 milliards de dollars de capitalisation boursière. Quant au cours de l'action, depuis l'introduction en Bourse de juin 1992, sa valeur a été multipliée par 90 !

Emmanuel Schafroth



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