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Bientôt des rayons Made in France dans les supermarchés ?

Made in France

Disons le tout net, je n'ai rien contre les blenders Moulinex bien qu'il se trouve que celui que j'utilise pour concocter mes smoothies soit de marque Krups. Je ne cultive pas non plus le moindre ostracisme contre le port de la marinière Armor-Lux. Quant à voir un ministre poser en Une du Parisien Magazine affublé de ces objets brandis en symboles de notre patrimoine industriel, cela peut susciter quelques inquiétudes sur la tournure que prend la chose politique, qui se nourrit plus aujourd'hui de coups marketing douteux que de grandes idées directrices ? Mais passons ! Admettons qu'Arnaud Montebourg, lassé de combattre en vain des plans sociaux qui étaient déjà inéluctables avant qu'il n'accède à son poste, fasse le choix de la "positive attitude", prenant la défense du made in France comme principal cheval de bataille.

Les rayons made in France : pourquoi pas ?

La proposition émise par le ministre du redressement productif que les supermarchés mettent en place des rayons dédiés aux produits français, comme il y a des rayons bio, a d'ailleurs recueilli quelques échos favorables, dont celui de Serge Papin, patron des magasins U. Et les Français semblent suivre, un sondage LCI-Opinion Way révélant qu'ils sont 78% à approuver ce projet.

Certes, il y a des rayons où cette mise en place ne semble pas poser trop de problèmes, à commencer par l'alimentaire. A vrai dire, il y a déjà des exemples d'enseignes mettant en valeur les produits français, ou plutôt ceux du terroir le plus proche. Puisqu'on parle des magasins U, si vous passez par la Gironde, allez jeter un œil à celui de Podensac ! Vous y verrez un rayon vin clairement segmenté se subdiviser en deux: d'un côté, les graves et de l'autre, le reste du monde, où vous trouverez les vins chiliens aussi bien que les Saint-Emilion, pourtant produits à moins de 50 kilomètres de là. Au pays des vins et des fromages, quand on parle de festoyer, on pense local ! Cela se transmet d'ailleurs à des activités connexes, qu'on pourrait appeler les équipementiers de l'agro-alimentaire. Les couteaux Opinel, si célèbres qu'on peut aujourd'hui écrire leur nom sans majuscule, sont toujours fabriqués, à raison d'un toute les dix secondes, à Chambéry, en Savoie. Quant aux moulins à poivre PSP Peugeot, qui se réclament d'une tradition industrielle bicentenaire mais misent aussi sur l'innovation, ils sont produits à Quingey, dans le Doubs, fief de la célèbre famille. Même les verres Duralex, un temps menacés de disparaître, subsistent dans le Loiret et l'entreprise est redevenue rentable.

L'industrie française existe encore...

Du côté du rayon textile, le made in France peut aussi se faire une place, lorsque les Français se montrent capables d'acheter plus cher pour acheter mieux, surtout quand les marques sont capables de cultiver une image chic ou décalée. Les chaussettes Bleuforêt, tissés dans les Vosges avec du fil d'Ecosse, ne se donnent pas (comptez 10 euros la paire!) mais se vendent bien. Tricotage des Vosges, qui les fabrique dans son usine de Vagney, a vu son chiffre d'affaires grimper de 27% en 2011, à 19,2 millions d'euros, et ses bénéfices ont plus que doublé, à 700.000 euros. Quant à la société Le Slip Français, elle surfe sur l'humour, avec des slogans percutants et classieux comme : "le changement de slip, c'est maintenant !" Un buzz qui a trouvé écho jusqu'au Japon, où des distributeurs se montrent intéressés. Vous pouvez aussi faire en sorte que vos enfants soient des élèves aussi studieux que patriotes, en leur offrant des cahiers Clairefontaine (encore des vosgiens !) ou le fameux Bic quatre-couleurs "100% made in France" semblable à celui offert aux participants du G8 et du G20 durant la présidence française.

 ... mais elle ne sait pas tout faire.

Pour d'autres secteurs, le made in France semble voué à plus de diffficultés, à commencer par l'électronique grand public. Lorsque Laurent Wauquiez, alors ministre de l'Enseignement supérieur, fit à la rentrée 2011 sa proposition de "tablette Internet à un euro par jour" pour les étudiants, il s'agissait plus de caresser l'électorat jeune dans le sens du poil que de leur fournir un vrai outil d'études (essayez de taper un rapport de 50 page sur un iPad !). Il aurait pu profiter de ce coup de pub pour mettre en valeur un produit "conçu" en France, comme celui d'Archos, mais eût été bien en peine de trouver une tablette fabriquée ailleurs qu'en Chine ou en Corée. Sur ce point, l'idée de Montebourg de restreindre les importations de smartphones pour obliger les fabricants à développer une fabrication en France relève d'une certaine naïveté. Quand toute une filière a disparu, il ne suffit pas d'un claquement de doigts ou de la Une d'un journal à grand tirage pour inverser la vapeur.

Emmanuel Schafroth

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