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Pakistan: pourquoi des manifestations hostiles à la France sont-elles organisées dans le pays?

Saad Rizvi, chef du parti TLP - Arif ALI / AFP
Saad Rizvi, chef du parti TLP - Arif ALI / AFP

Le sentiment anti-Français se fait de plus en plus fort, chez une partie de la population pakistanaise. Ce jeudi, l'ambassade de France locale a recommandé à ses ressortissants et aux entreprises françaises de quitter temporairement ce pays de plus de 216 millions d'habitants en raison "des menaces sérieuses" qui y pèsent sur les intérêts français.

Afin de comprendre les raisons de cette colère, il faut remonter à septembre passé, alors que s'ouvrait le procès des attentats de Charlie Hebdo de 2015. Pour l'occasion, le journal satirique avait décidé de republier les caricatures du prophète Mahomet qui en avaient fait du journal une cible, et provoqué des manifestations parfois mortelles dans plusieurs pays musulmans.

La représentation des prophètes est strictement interdite par l'islam sunnite. Ridiculiser ou insulter Mahomet est passible de la peine de mort dans certains pays musulmans, dont le Pakistan. Islamabad avait également protesté quelques jours après la mort de Samuel Paty, lorsque Emmanuel Macron avait insisté sur la liberté de blasphème en France.

L'influence du TLP

Depuis, la colère ne s'est jamais vraiment tarie. Ce lundi, Saad Rizvi, le leader d'un groupe extrémiste nommé Tehreek-e-Labbaik Pakistan (TLP) a été interpellé par les autorités pakistanaises après avoir de nouveau appelé à l'expulsion de l'ambassadeur de France et à la rupture des relations diplomatiques avec Paris.

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Son arrestation a été confirmée par la police, mais elle n'a pas précisé les charges retenues contre lui. Il avait toutefois essayé d'organiser une marche sur la capitale Islamabad le 20 avril, pour exiger le départ de l'ambassadeur de France.

L'interpellation a provoqué de graves affrontements dans différentes viles du Pakistan. Des milliers de manifestants bloquaient des rues et des carrefours à Lahore, la deuxième plus grande ville du Pakistan, ainsi que dans la capitale Islamabad, où ces derniers ont été dispersés par la police à l'aide de gaz lacrymogène et de canons à eau. Deux policiers ont perdu la vie lors de ces événements.

Or, comme le précise La Croix, le gouvernement pakistanais avait bel et bien émis en février dernier l'hypothèse, après un accord avec le parti, d'expulser l'ambassadeur Marc Barety d'ici le 20 avril, date de la manifestation organisée par le TLP. Depuis, les autorités semblent avoir rétropédalé, et ont nié cet accord.

Confrontation difficile

De plus, les autorités pakistanaises ont décidé d'agir contre le TLP. "Nous avons décidé d'interdire le TLP et le projet va être présenté au Conseil des ministres pour qu'il l'approuve", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Sheikh Rashid Ahmed, lors d'une conférence de presse.

Le Pakistan a souvent tendance à éviter la confrontation avec les groupes islamistes radicaux, de peur que cela n'attise encore plus la violence dans ce pays profondément conservateur.

Mais les militants sont allés trop loin, ils ont pris en otage des policiers, mis l’administration à genoux, bloqué les axes stratégiques dans les grandes villes, et se sont vantés dans une vidéo d’avoir le soutien de soldats, jouant la carte de l’opposition de la troupe contre l’état-major. Il fallait mettre un coup d’arrêt à un mouvement devenu incontrôlable qui essayait de dicter au gouvernement sa politique étrangère, souligne auprès de Libération Amélie Blom, maîtresse de conférences en sciences politiques à Sciences-Po Lyon et spécialiste du Pakistan.

Des dizaines de partis ont cependant été interdits au Pakistan depuis 20 ans, en particulier dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, quand le pays, alors dirigé par les militaires, avait choisi de sévir contre les mouvements extrémistes.

Article original publié sur BFMTV.com