<p>Chronique "C'est la vie"</p> - Full body : le tatouage, une œuvre et une thérapie
Le full body, ou tatouage intégral, s’apparente à un bouclier. Une identité plus forte qui donne confiance en soi.
Impossible de l’ignorer : vous êtes assis dans le métro, face à un monsieur très tatoué. S’il portait une chemise boutonnée, des pantalons, la vision ne serait pas si envahissante, vous remarqueriez juste un bout de dessin à la naissance du cou. Mais là, c’est l’été, en marcel et bermuda, il montre beaucoup de peau. Vous ne voyez que ça. Ses bras, ses poignets, ses épaules, une partie de son torse, ses genoux. Son corps semble une vraie bande dessinée : des dessins variés, un côté en black and white plutôt géométrique ; l’autre en couleurs avec des fleurs, des signes et des dragons. Mais où est-il allé chercher ces assemblages ? Ça n’est pas maori, ni gothique, ni... Stop, votre station interrompt l’observation, vous descendez. Zut.
« Pour moi, le corps humain est un tableau en mouvement. » C’est Lewisink qui s’exprime. Un artiste tatoueur qui ne prend que des clients désireux de faire du full body. Du tatouage intégral, comme on dit « bronzage intégral ». Allez sur son Instagram, les corps sont « habillés » de dessins. Ça n’est pas nouveau. N’empêche, on observe, dans un mélange de fascination et de compassion. Est-ce beau ? Notion subjective.
Vous avez les fesses plates ? Le défi de l’artiste tatoueur est de vous les galber. Illusion parfaite
Lewisink pratique la technique du « dotwork », un pointillisme plus léger qu’une ligne faite « au magnum » – l’arme fatale, une aiguille électrique pour ombrer les figures. Donc pointillisme, mais ça n’est pas du Seurat. Plutôt du Vasarely. Lewinsink adore la symétrie. Or le corps n’est jamais symétrique. Alors, avec son aiguille, il corrige. Oui, par exemple, si vous avez une scoliose, il vous rectifie : il vous dessine dans le dos un triangle qui brouille l’asymétrie. Pour(...)