Législatives 2024 : Bardella, Ciotti, Maréchal... les amateurs du RN aux portes du pouvoir
Apparatchiks, idéologues ou vieilles gloires du RPR, le casting du Rassemblement national en vue d’un éventuel gouvernement de cohabitation a de quoi inquiéter.
C’est un magistrat quelque peu effaré qui a reçu deux jours avant le premier tour des législatives ce message en provenance d’un numéro inconnu : « Quelqu’un qui souhaite garder l’anonymat nous a donné vos coordonnées. Voulez-vous travailler pour le gouvernement du Rassemblement national ? » Une vaine tentative de démarchage qui illustre les graves problèmes de ressources humaines que rencontre le RN à l’heure d’arriver au pouvoir. Hormis Thierry Mariani, éphémère ministre des Transports de Nicolas Sarkozy pendant un an et cinq mois, aucune figure du Rassemblement national n’a jamais exercé de fonctions ministérielles. « Le problème c’est qu’ils ont beaucoup d’apparatchiks, qui ont fait toute leur carrière comme collaborateurs parlementaires et qui leur seront certainement utiles à l’Assemblée, glisse l’ex-ministre Nathalie Loiseau. Mais ils ont très peu de ministrables. »
A bien des égards, un gouvernement RN constituerait un saut dans le vide. En commençant par le poste de Premier ministre, centre névralgique du pouvoir sous la Ve République, qui échoirait à Jordan Bardella, 28 ans et simple titulaire d’un baccalauréat ES. Son expérience se limite pour l’instant à des mandats de conseiller régional d’Ile-de-France et de député européen, toujours dans l’opposition.
Une méconnaissance absolue des ministères
Face à un tel manque d’expérience, un conseiller ministériel ne cache pas une forme de vertige : « Matignon, ce n’est pas seulement les conseils des ministres, c’est tous les jours une cinquantaine de décisions à prendre, de la sécurité des JO au sauvetage d’une entreprise en faillite. C’est chaque semaine les conseils de sécurité et de défense nationale. Quand un avion ennemi entre dans l’espace aérien français, c’est le Premier ministre qui décide d’intervenir. C’est lui qui gère les moyens des forces de renseignement. »
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