Elisabeth Badinter : Face à la montée de l’extrême droite, « le combat pour l’égalité des sexes n’est pas achevé »
EDITORIAL - A travers deux livres récents, le sien et celui que lui consacre l’autrice Sophie Sachnine, la pensée de l’intellectuelle féministe fait écho à l’actualité des élections. Et met en lumière les risques qui pèsent sur les droits des femmes.
Quelle politique en matière de droits des femmes, après le scrutin du 7 juillet ? La question taraude toutes les féministes, qui ont massivement manifesté contre la montée de l’extrême droite le 23 juin. Elles craignent de voir leurs droits reculer sous la poussée d’une possible politique nataliste, basée sur une vision patriarcale de la société, comme en Hongrie ou en Italie, où Giorgia Meloni a ouvert la voie aux anti-IVG dans les hôpitaux. Les derniers chiffres publiés par l’Insee pour l’année 2023 montrent qu’en effet, après tous ses voisins européens, la France a vu à son tour sa natalité s’effondrer.
Les naissances sont passées sous la barre symbolique des 700 000 en 2023, à 678 000, soit une chute de 6,6 % par rapport à 2022 et de 20 % par rapport à 2010. Une première en France depuis 1945, et un sujet qui préoccupe tous les prétendants au pouvoir, même s’ils se gardent bien d’en parler. Seul le président de la République l’avait évoqué le 16 janvier en appelant assez malencontreusement au « réarmement démographique » de la France.
« La libération de la femme ne libère pas la mère au XXIe siècle »
« D’où vient cette diminution de la natalité dans les pays développés qui menace d’être structurelle ? De quoi est-elle le signe ? », questionne Élisabeth Badinter dans son dernier ouvrage, « Messieurs, encore un effort », paru en avril chez Flammarion-Plon. Elle s’y interroge sur les conséquences majeures de ce « désengagement des femmes ». Cette intellectuelle, l’une des plus influentes qui soit en France, ajoute : « C’est aussi en tant que féministe que je m’inquiète : si la condition maternelle n’est plus si enviable, c’est que le combat pour l’égalité des sexes n’est pas achevé. » Dans cet ouvrage court mais percutant, la philosophe dont la pensée nourrit depuis plusieurs décennies le débat sur la condition féminine met en lumière un paradoxe : « La libération de la femme ne libère pas la mère au XXIe siècle. Bien au contraire. »
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