Daniel Cohen, l’économiste qui ne se retranchait pas dans sa tour d’ivoire
Daniel Cohen faisait partie de ces êtres sur lesquels le temps ne paraît pas avoir d'emprise. Avec son air toujours juvénile, son esprit éternellement vif, voire virevoltant, l'économiste était traversé par un crépitement permanent d'idées. Touche-à-tout, il aimait autant sa discipline que la littérature, la sociologie, l'histoire ou la politique, s'amusait à construire des théories sur le football ou les films d'Almodovar, et laissait ces différentes inspirations infuser son œuvre.
Puis, avec générosité et chaleur, il se transformait en conteur pour partager cette curiosité naturelle avec les autres. « Homme-carrefour », comme le décrit son ami et gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau, il s'est éteint dimanche 20 août à l'âge de 70 ans en laissant derrière lui un héritage décisif dans le monde feutré des économistes français.
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Né en 1953 à Tunis, Daniel Cohen fréquente d'abord les bancs de l'École normale supérieure. Après avoir décroché une agrégation de mathématiques dans les années 1970, il se prend de passion pour l'économie. Maîtrisant avec perfection les équations, il n'a pourtant jamais été le genre d'économistes à se cacher derrière la complexité des modèles, « un échafaudage qu'il savait faire disparaître en transformant les chiffres en mots », se souvient son ancien élève Augustin Landier, professeur à HEC.
« Mais il a su apporter la solidité [...] Lire la suite