Cinq chiffres sur l'aide alimentaire, qui a triplé en dix ans

Une étude révèle que de plus en plus de Français n'ont plus les moyens financiers de se nourrir correctement.

Dans un contexte d’inflation et de crise du pouvoir d’achat, de plus en plus de Français ont recours à l’aide alimentaire pour se nourrir. C’est ce qui ressort d’une enquête que le réseau des banques alimentaires réalise tous les deux ans, pour évaluer son impact et mieux comprendre le profil des plus précaires.

1. Trois fois plus de bénéficiaires

L’édition 2022 a été publiée le 20 mars dernier et révèle qu’en dix ans, le nombre de personnes se tournant vers les banques alimentaires pour manger a triplé, passant de 820 000 en 2011 à 2,4 millions à la fin de l’année dernière. "Depuis 2008, les différentes crises économiques et sanitaires se sont traduites par cette marée lente du recours à l'aide alimentaire qui n'a jamais reflué", analyse l'étude.

Au total, l'Etat estimait en 2017 que 5,5 millions de personnes bénéficiaient de l'aide alimentaire (les banques, en charge de la distribution de produits comestibles, ne représentent qu'une partie des dispositifs d'aide alimentaire).

2. 17% de travailleurs pauvres

Si l’emploi reste un rempart relatif face à la précarité, 17% des bénéficiaires des banques alimentaires ont un emploi, à temps partiel (66%) ou en CDI (60%).

Quant aux bénéficiaires sans emploi, ils sont majoritaires. "La perte d’emploi constitue la cause principale du recours à l’aide alimentaire, devant les "accidents de la vie" comme la maladie (23 %), une séparation ou un divorce (21 %)", indique l’étude. Autre point notable, la catégorie des "autres inactifs", qui inclut les jeunes, a bondi de 7 points par rapport à 2020.

3. La France rurale et périurbaine plus touchée

D’après cette enquête, 60% des personnes accueillies par les banques alimentaires vivent en zones périurbaines ou à la campagne.

4. Un tiers de nouveaux bénéficiaires

Signe que l’année 2022 a été dure pour de nombreux foyers, plus d'un tiers des personnes accueillies dans les structures d'aide alimentaire s'y rendent depuis moins de six mois, une part en hausse de 3% par rapport à 2020.

5. Une dépendance accrue ?

L'autre enseignement de cette étude, c'est le niveau de dépendance accru des bénéficiaires. Les deux tiers des personnes interrogées disent qu'elle est "essentielle", et qu'elles ne "pourraient pas s'en passer", un chiffre en hausse de 15 points en deux ans. Elles y ont d'ailleurs recours à une fréquence accrue par rapport à 2020 : près de 60% des bénéficiaires y font appel une à deux fois par semaine (+6%). Et la situation risque de ne pas s'améliorer en 2023, alors que l'inflation se maintient au rayon alimentation.

VIDEO - France : un fonds d'aide alimentaire de 60 millions d'euros en 2023