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La BCE promet des taux bas pour longtemps, met en garde contre le variant Delta

LA BCE PROMET DES TAUX BAS POUR LONGTEMPS, MET EN GARDE CONTRE LE VARIANT DELTA

par Balazs Koranyi et Francesco Canepa

FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) s'est engagée jeudi à maintenir des taux bas pour une période prolongée et à soutenir l'économie de la zone euro jusqu'à ce que l'inflation se stabilise durablement à 2%, un objectif qui paraît pour l'heure inaccessible dans un contexte toujours marqué par la crise sanitaire.

Christine Lagarde, la présidente de la BCE, a souligné lors de la conférence de presse qui a suivi la décision de politique monétaire que le sursaut de l'épidémie imputé à la rapide propagation du variant Delta du coronavirus SARS-CoV-2 faisait courir un risque à la reprise économique qui s'est amorcée dans la zone euro, évoquant une "source croissante d'incertitude".

"La réouverture de larges pans de l'économie soutient le rebond vigoureux observé dans le secteur des services. Mais le variant Delta du coronavirus pourrait pénaliser l'économie des services, notamment dans le tourisme et dans l'hôtellerie", a dit l'ancienne directrice générale du FMI.

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Le montant de l'enveloppe de 1.850 milliards d'euros allouée aux achats de titres dans le cadre du "programme d'achats d'urgence face à la pandémie" (PEPP) n'est pas modifié, mais la BCE le maintiendra "au moins jusqu’à fin mars 2022 et, dans tous les cas, jusqu’à ce qu’il juge que la crise du coronavirus est terminée", a dit le conseil des gouverneurs dans son communiqué.

Comme attendu, le taux de refinancement est resté fixé à zéro et le taux de la facilité de dépôt à -0,5%, leur plus bas niveau historique.

OBJECTIF D’INFLATION SYMÉTRIQUE

"Le Conseil des gouverneurs a revu ce jour ses indications sur la trajectoire future des taux d'intérêt (forward guidance), afin de souligner son engagement à maintenir une orientation durablement accommodante de sa politique monétaire en vue d’atteindre son objectif d’inflation", a dit la BCE dans le communiqué accompagnant ses décisions https://www.ecb.europa.eu/press/pr/date/2021/html/ecb.mp210722~48dc3b436b.fr.html.

"À l'appui de son objectif d'inflation symétrique de 2% et conformément à sa stratégie de politique monétaire, le Conseil des gouverneurs prévoit que les taux d’intérêt directeurs de la BCE resteront à leurs niveaux actuels ou à des niveaux plus bas", a-t-elle ajouté.

Le Conseil des gouverneurs n'entend pas dévier de cette trajectoire "jusqu’à ce qu’il constate que l’inflation atteint 2% bien avant la fin de son horizon de projection et durablement sur le reste de son horizon de projection, et qu’il juge les progrès de l’inflation sous-jacente suffisants pour être compatibles avec une stabilisation de l’inflation à 2% à moyen terme".

L'annonce s'est traduite par un bref recul de l'euro et des rendements obligataires. La devise européenne, qui a reculé jusqu'à $1,1772 dans la foulée du communiqué de la BCE, s'inscrivait autour de $1,1814 vers 14h00 GMT.

"Un peu comme la Fed, la BCE va laisser filer et elle va chercher un ancrage 'durable' à 2% avant de réfléchir à la moindre modification de ses taux", a commenté Ben Carter, analyste chez Validus Risk Management

"Parallèlement, comme attendu, il n'y a eu aucun changement sur le programme PEPP et tout laisse à penser qu'il y aura une décision plus tard dans l'année, possiblement au début 2022, ce qui ne manquera pas de susciter une attention particulière lors de la réunion de septembre."

PAS D'UNANIMITÉ POUR LE CHANGEMENT DE STRATÉGIE

Ce changement de stratégie n'a toutefois pas fait l'unanimité, a reconnu la présidente de la BCE, Christine Lagarde. "Il n'y a pas eu d'unanimité, mais une majorité écrasante s'est exprimée en faveur du calibrage de la forward guidance de la BCE sur les taux", a-t-elle dit.

Des gouverneurs de pays lourdement endettés, comme le Portugais Mario Centeno et l'Italien Ignazio Visco, ont plaidé ces dernières semaines en faveur d'une prolongation de cette position très accommodante en s'appuyant sur les nouveaux objectifs.

Pour autant, les "faucons", partisans d'un resserrement de la politique monétaire et issus pour la plupart des pays les moins endettés, n'entendaient pas céder sans résistance ce jeudi.

Isabel Schnabel, membre allemande du directoire de la BCE, a ainsi récemment déclaré que l'inflation était susceptible de converger vers l'objectif "peut-être plus tôt que certains ne l'imaginent aujourd'hui".

Quant à Jens Weidmann, le président de la Bundesbank allemande, il a jugé que la BCE ne devait pas chercher à compenser les périodes durant lesquelles l'inflation a été inférieure à l'objectif de 2% ces dernières années.

Pour cette année, la BCE prévoit une inflation de 1,9%, avant un retour à 1,5% en 2022 et 1,4% en 2023.

Dans ses quête des 2%, la BCE n'exclut pas que l'inflation, dont la hausse actuelle n'est selon elle que provisoire, dépasse provisoirement son objectif en raison de la faiblesse des taux.

Selon Christine Lagarde, il est toujours prématuré d'évoquer toute sortie des mesures de soutien à l'économie de la zone euro et c'est justement la "forward guidance" qui permettra à la BCE de déterminer le calendrier de leur démantèlement.

Cela concerne notamment le PEPP, le programme d'achats d'urgence face à la pandémie lancé en mars 2020 et porté à 1.850 milliards d'euros.

Pour les gouverneurs partisans de la ligne la plus orthodoxe, la crise sanitaire commence à s'estomper si bien que la BCE doit renoncer à ses prérogatives exceptionnelles pour revenir à des politiques plus traditionnelles et ramener l'inflation vers son objectif.

Pour les "colombes", favorables au maintien des politiques accommodantes, les risques induits par la propagation du variant Delta justifient que la BCE prenne son temps avant de renoncer à son arsenal anti-crise.

(Reportage Francesco Canepa et Balazs Koranyi; version française Nicolas Delame, édité par Jean-Stéphane Brosse)