Automatisation heureuse : la science-fiction y croit, parfois
Depuis qu’elle est apparue possible, l’automatisation a suscité des débats et des imaginaires qui ont constamment oscillé entre enthousiasme et anxiété. Dans la science-fiction, si c’est souvent le versant sombre qui est examiné, certains auteurs mettent en avant des transformations positives qui, au-delà de la question du travail, ouvrent vers des dimensions sociales et politiques bien moins explorées. Un article de Yannick Rumpala, publié dans le n°577 de La Recherche (avril-juin).
Si l'automatisation permet de remplacer le travail humain, à quoi pourrait ressembler la société résultant d’une telle évolution ? Il est possible de jouer au jeu des extrapolations, mais elles donnent une faible représentation des répercussions et effets qui pourraient survenir, a fortiori dans les dimensions sociales et politiques. La science-fiction paraît plus illustrative de ce point de vue : elle a déjà fourni une large gamme de représentations et il est facile d'aller y chercher de quoi nourrir les pires inquiétudes.
Représentations souvent sombres
Autrement dit, des représentations souvent sombres ou dystopiques, comme celles emblématiques de Kurt Vonnegut Jr dans son roman Le pianiste déchaîné (1952), où les machines ont remplacé une classe ouvrière condamnée à la quasi inutilité et à la pauvreté. L'exercice est un peu plus difficile avec des visions moins pessimistes et, étonnamment, cet imaginaire n’apparaît guère exploré. C’est peut-être pourtant celui qui contient les questions les plus stimulantes. Généraliser l’automatisation ne revient-il pas à créer un nouveau type de société, puisque reposant sur des bases différentes ? La science-fiction contient aussi ce type d’expérimentations qu’il serait réducteur de considérer simplement comme des manifestations supplémentaires d’un utopisme technologisé.
Du politique dans la robotique et l’automatisation
Il ne faudrait en effet pas rabattre cet imaginaire dans la seule dimension technologique, car les reconfigurations représentées touchent aussi au politique, plus précisément dans ce qu’elles permettent ou impliquent dans le fonctionnement des collectifs. Il faut donc plutôt reprendre l’hypothèse qu’il y a du politique dans la robotique et l’automatisation, autrement dit au-delà de ce que ces technologies emportent comme choix éthiques, indéniables, certes, mais ne recouvrant qu’une partie des enjeux.
Dans certains scénarios fictionnels, les sociétés hypothétiques imaginées paraissent trouver une form[...]
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