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PEA PME : ce nouveau dispositif d'épargne est-il déjà en panne ?

PEA PME : vraiment utile au financement des PME ?

Voué à faciliter le financement des PME, ce nouveau produit d’épargne connaît un démarrage bien timide. Comment éviter que cette bonne idée tourne au fiasco ?


La France regorge de PME créatives et innovantes, mais elles ont du mal à trouver des financements sur les marchés et encore plus auprès des banques que les nouvelles contraintes réglementaires obligent à une cure d’amaigrissement. L’idée de départ du PEA PME, ce nouveau produit d’épargne lancé en début d’année, est justement de « flécher » l’épargne des Français vers ces petites entreprises en manque de financement. Si son fonctionnement est calqué sur le Plan d’épargne en actions (PEA), un produit qui a connu un grand succès, on ne peut investir au sein de cette enveloppe que dans des PME ou ETI (entreprises de taille intermédiaire), c’est-à-dire des entreprises ayant d’une part moins de 5.000 salariés et répondant d’autre part à un des deux critères suivants : un chiffre d’affaires inférieur à 1,5 milliard d’euros ou un total du bilan inférieur à 2 milliards. Le titulaire peut aussi investir via des fonds eux-mêmes investis majoritairement dans ce type d’entreprises. Mais, premier grain de sable dans l’engrenage, la loi de finance initiale pour 2014, instaurant le PEA PME, a finalement rejeté la possibilité d’inclure dans le PEA PME des investissements sous forme de titres de dette, comme des obligations convertibles. Dommage, car cela aurait pu convenir à des épargnants soucieux d’épauler de petites entreprises mais réfractaire au risque des actions.

 

PEA PME : un démarrage chaotique
Le principal couac est cependant venu après. Alors que les pré ouvertures de PEA PME avaient démarré dès le mois de décembre chez certains intermédiaires et que le démarrage était prévu au 1er janvier, il a fallu attendre jusqu’au 5 mars le décret d’application de la loi, retardant d’autant la possibilité d’investir. Un mal typiquement français qui fait que certaines lois votées à l’assemblée ne sont tout simplement jamais appliqué, le décret n’étant jamais publié. Dans le cas qui nous occupe, le décret n’a d’ailleurs rien réglé, notamment sur l’éligibilité de certaines sociétés filiales de groupes plus importants, qui a encore fait débat pendant des semaines, certains cas n’étant toujours pas tranchés.
Ce cafouillage de départ n’est pas de bon augure pour le PEA PME et, de fait, le démarrage semble plutôt poussif. L’entreprise d’investissement Arkeon Finance a tenté d’estimer les montants investis. « Nous avons examiné l’argent qu’ont collecté les différents fonds éligibles au PEA PME depuis la publication du décret et fait l’hypothèse que les épargnants investissent à 90% via des fonds et à 10% en direct seulement », explique Aymar de Léotoing, stratégiste actions chez Arkeon Finance. Des hypothèses plutôt optimistes car les fonds en question peuvent aussi être souscrits au travers d’autres produits. Au mieux, les PEA PME déjà ouverts aurait ainsi collecté un peu plus de 260 millions d’euros, avance Arkeon Finance. Cela reste bien mince au regard des objectifs de 4,5 et 7,5 milliards d’euros à trois ans avancés par diverses sources au lancement du produit.

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L'argent va-til vraiment vers les PME françaises ?
Et ce n’est pas tout ! L’étude d’Arkeon estime que seulement 141 millions d’euros ont en fait réellement profité aux PME françaises. « Les gérants de fonds ont besoin d’investir dans des sociétés suffisamment liquides (c’est-à-dire avec des échanges boursiers suffisamment étoffés), explique Aymar de Léotoing. En effet, les épargnants peuvent retirer à tout moment leur épargne et il faut pouvoir les rembourser. On pouvait imaginer une sorte de ruissellement, c’est-à-dire qu’ils investiraient d’abord dans les plus grandes sociétés éligibles avant de s’intéresser aux plus petites. » Mais lorsque les gérants ont fait leur marché sur les sociétés les plus liquides, ils ont plutôt tendance à compléter leurs investissements par des sociétés étrangères éligibles, ce que le PEA PME autorise, législation européenne oblige.
Finalement, ce ne sont pas les sociétés qui ont le plus besoin du PEA PME (et celles en faveur desquelles il était conçu) qui en profitent le mieux. En réalité, quelques savants calculs fondés sur les règles de répartition des risques des principaux fonds éligibles,permettent à Arkeon Finance de tirer un constat très négatif.« 85% des 438 sociétés cotées françaises éligibles au PEA PME n’entrent pas dans les critères des fonds gérant plus de 50 millions d’euros, estime Aymar de Léotoing. Et 37% ne sont suivies par aucun analyste financier. »

 

Des pistes pour améliorer le dispositif
Bref, entre les ambitieux objectifs du départ et la réalité qui se profile, un gouffre semble s’ouvrir. A moins qu’on ne décide de réaménager le produit. Une piste pourrait être de restreindre le PEA PME à des fonds n’ayant qu’une valeur liquidative hebdomadaire, voire moins fréquente encore. « Si on ajoutait à cela un préavis obligatoire d’une semaine pour les investisseurs souhaitant acheter des parts de fonds, cela permettrait aux gérants d’être moins préoccupés par le manque de liquidité de certaines valeurs », explique Aymar de Léotoing. Autre idée : contraindre les fonds à un seuil minimal d’investissement dans les valeurs du compartiment C d’Euronext et d’Alternext. C’est là qu’on trouve les startups encore peu connues et ayant de forts besoins de financement pour se développer.
En définitive, trop rapprocher les règles du PEA PME de celles de son grand frère le PEA pour lui faciliter le succès aura sans doute été une erreur. Saura-t-on la corriger ?

 

Emmanuel Schafroth