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L'idée de taux négatifs fait son chemin au sein de la Fed

par Jonathan Spicer

NEW YORK (Reuters) - L'économie des Etats-Unis ressentant à présent les premiers effets d'une conjoncture économique mondiale morose, un relèvement des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine cette année pourrait être sujet à caution.

Au point que certains responsables de la banque centrale en seraient à reconsidérer un instrument de politique monétaire jugé jusqu'alors trop risqué, à savoir des taux d'intérêt négatifs.

Les prix de détail de la première économie mondiale ont subi en septembre leur baisse la plus marquée en huit mois, dans le sillage de ceux de l'essence. Par ailleurs, les prix de gros ont enregistré le mois dernier leur recul le plus fort en huit ans.

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Si l'on ajoute des statistiques de l'emploi et des ventes au détail faiblardes, les Etats-Unis commencent à éprouver les effets du ralentissement économique chinois et d'autres pays dits émergents, de la chute des cours des matières premières et d'une hausse du dollar à l'oeuvre depuis plus d'un an.

Si bien que la Fed n'est pas près d'atteindre son objectif d'une inflation de 2% et deux gouverneurs influents de l'institut d'émission ont recommandé cette semaine de repousser toute hausse des taux même si la présidente Janet Yellen et d'autres n'ont cessé de dire qu'un tel relèvement était vraisemblable cette année.

Ils sont au moins six responsables de la Fed a avoir publiquement évoqué ces deux dernières semaines l'hypothèse de faire payer les banques qui veulent déposer des fonds à ses guichets. Quatre ont dit que l'idée valait la peine d'être creusée si la reprise calait brutalement, tandis que le président de la Fed de Minneapolis Narayana Kocherlakota a réclamé une baisse immédiate en dessous de zéro.

"Alors que c'était jusque là impensable, on ne peut plus exclure l'hypothèse de taux négatifs puisque l'idée fait peu à peu son chemin", observe Thomas Costerg, économiste de Standard Chartered.

LES "EXPÉRIMENTATIONS" EUROPÉENNES

La Fed avait envisagé des taux négatifs en 2008 puis en 2012 mais elle avait reculé de crainte d'effrayer les investisseurs et d'accroître un peu plus les tensions d'un marché monétaire dont le taux de base (Fed funds) était établi dans une fourchette de 0% à 0,25%, où il demeure encore aujourd'hui.

Mais il se trouve que la Banque centrale européenne (BCE) et ses homologues suisse, suédoise et danoise ont eu recours au procédé ces deux dernières années avec un certain succès.

"J'observe la chose avec un grand intérêt, et je suis sûr que mes collègues font de même, pour déterminer si les banques centrales disposent d'un tel outil si besoin est à l'avenir", a dit le président de la Fed d'Atlanta Dennis Lockhart la semaine dernière, au sujet de ce qu'il a qualifié d'"expérimentations" en Europe.

Lael Brainard, l'un des gouverneurs de la Fed, a fait une allusion indirecte aux taux négatifs lundi lorsqu'elle a dit: "Nous gagnerons à étudier et à apprendre" de l'expérience européenne. Elle a également estimé qu'un resserrement des taux devrait être repoussé.

Certes, les responsables de la Fed ont souligné qu'une hausse des taux était bien plus vraisemblable qu'une baisse. Sur la base des prévisions de septembre, les taux seraient relevés une fois cette année et le taux d'intervention serait au-dessus de 1% d'ici la fin 2016.

Le président William Dudley de la Fed de New York a évoqué le principe de taux négatifs mais l'a écarté, jugeant son application "peu plausible à court terme".

De fait, d'autres indicateurs économiques sont plutôt positifs pour les perspectives de croissance des Etats-Unis: des inscriptions hebdomadaires au chômage au plus bas de 42 ans, une hausse de la demande dans l'immobilier et des prix de détail en hausse en septembre, mais hors produits alimentaires et énergie.

Il n'empêche que le ralentissement économique mondial et les interrogations sur la Chine ont poussé l'institut d'émission à renoncer à lancer le cycle de durcissement monétaire le mois dernier.

Des SVT (spécialistes en valeurs du Trésor) interrogés en septembre fixaient à 10% la probabilité d'une récession aux Etats-Unis, et à 20% celle d'une récession mondiale, dans les six mois.

Une inflation anémique et le coup de frein à l'embauche observé en août et en septembre montrent que les entreprises industrielles et énergétiques américaines sont à le peine avec le dollar fort et les prix pétroliers bas.

"Le manque de la moindre accélération économique, malgré les coups de pouce de la Fed, laisse penser que non seulement le risque de déflation a augmenté plus qu'on ne le croit mais encore que la Fed observera le statu quo plus longtemps que l'on s'y attend", observe Steven Ricchiuto (MSUSA).

(Avec Ann Saphir et Jason Lange, Wilfrid Exbrayat pour le service français)