Yahoo Finance « C’est un massacre » : Dans les secteurs en tension, les patrons redoutent l’arrivée du RN
REPORTAGE - Alors qu’un nombre historique de députés du Rassemblement National devrait s’installer à l’Assemblée au lendemain du second tour des élections législatives, ce dimanche 7 juillet, les secteurs en tension redoutent une politique hors-sol.
Au pied d’un chantier du 19e arrondissement de Paris, le quiproquo entre Philippe et Ibrahim s’achève dans une poignée de main et un sourire complaisant. « J’ai eu du mal à comprendre mais le message est passé, c’est le plus important », lance Philippe, le maître d’ouvrage, à son prestataire, un Turc d’une cinquantaine d’années qui tente tant bien que mal de tisser des phrases en Français.
A force de la tendre, Philippe s’est doté d’une oreille fine : commanditaire de projets de construction, il travaille avec une vingtaine d’entreprises différentes, dont « 90 % des effectifs sont des personnes immigrées selon lui. Ce sont les étrangers qui détiennent le marché du BTP. Il est très rare de trouver des Français dans ce secteur – et particulièrement pour des travaux manuels ». Derrière lui, un tag mural avertit : « La France est tissu de migration. »
Le bâtiment et les travaux publics constituent en effet le deuxième secteur dans lequel sont employées le plus de personnes immigrées, selon une étude de la Dares datant de 2021. Et parmi eux, la plupart (27 %) sont des ouvriers non qualifiés du gros œuvre.
« Les Français ne veulent pas faire ce travail »
De fait, les quelques hommes qui s’activent mécaniquement dans les tranchées fraîchement creusées par leurs soins sont tous arrivés de l’autre côté de la Méditerranée. « Les Français ne veulent pas faire ce travail. Ils privilégient leur confort. Nous, on gratte, on casse, on creuse. C’est éprouvant physiquement », affirme Fadel, un ouvrier de 52 ans, en envoyant valser d’un coup de pelle une masse brune qui retombe aussitôt sur une montagne de terre. Ingénieur en mécanique de formation, il a pris du boulot « là où ça recrutait » après son arrivée dans l’Hexagone il y a 14 ans, grâce à une procédure de regroupement familial.
Cette procédure, comme la régularisation des travailleurs sans papiers, est dans le viseur du[...]
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