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NBA: pourquoi l'ovni Victor Wembanyama ne veut pas prendre trop de muscle

C’est un refrain entêtant. Une petite musique qui revient sans cesse comme un tube de l’été… et qui risque de suivre la nouvelle coqueluche du basket mondial bien après son premier hiver sur les parquets américains: Victor Wembanyama doit-il absolument prendre du poids pour pouvoir tenir le choc en NBA? Le physique particulier du dernier N°1 de la draft, d’apparence longiligne voire frêle, saute immédiatement aux yeux. Au point qu’un grand nombre d’observateurs s’inquiètent de le voir se frotter aux golgoths de la plus grande ligue de basket de la planète.

Lors du traditionnel Media day au début du mois, à un peu plus de deux semaines de son premier match de saison régulière (face aux Dallas Mavericks, dans la nuit de mercredi à jeudi à partir de 3h30), le sujet était au centre de toutes les discussions. Et le Français de 2,22m (sans chaussure), annoncé à un peu moins de 105 kg au printemps dernier, a donné une première indication sur la question que tout le monde se pose en assurant avoir pris "10-15 pounds" (entre 5 et 7 kg) au cours de la coupure estivale. "Je n’ai jamais été dans une aussi bonne condition physique dans ma vie, a précisé l’ancien intérieur de Boulogne-Levallois. Mais je ne veux pas ajouter trop de poids trop vite."

"Les gens ont tort"

La stratégie peut paraître contre-nature: avant de défier les nombreux monstres physiques qui peuplent la NBA, Wembanyama veut y aller doucement sur son développement musculaire. "Les gens ont tort. Nous ne sommes pas du tout concentrés sur son poids, balayait déjà Bouna Ndiaye, l’un de ses agents, après les grands débuts de Wembanyama en Summer League en juillet. Je ne veux pas qu’il prenne du poids. Nous allons nous battre pour qu’il ne prenne pas de poids. Ce serait une grosse erreur."

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"Nous nous focalisons plus sur la force, la ceinture abdominale"

Mais alors comment expliquer une telle réticence à l’idée de voir l’intérieur des Spurs ajouter des kilogrammes à sa grande carcasse? "La première raison est liée à sa santé, assure Manuel Lacroix, préparateur physique de l’équipe de France de basket et de l’ASVEL, où il a eu l’opportunité de travailler avec le prodige français. Si vous êtes plus lourd, vous allez mettre plus de contraintes sur vos articulations, sur les genoux et les chevilles. Comme il va être dans des saisons à rallonge, où il va répéter les matchs, si vous rajoutez une charge sur ses épaules, c’est-à-dire plus de poids de corps, eh bien vous rajoutez des contraintes sur les articulations. La deuxième raison est liée à la performance. Si vous êtes plus lourd, c’est comme si vous aviez un sac à dos à porter avec des cailloux dedans".

"Si on vous leste de 3 ou 4 kg, vous serez forcément moins rapide, moins agile et moins explosif"

"Quand vous ajoutez du poids, vous ajoutez une charge supplémentaire, donc potentiellement des déplacements plus lents… et l’un de ses points forts est justement la vitesse de déplacement, appuie Geoffrey Wandji, médecin de l’équipe de France de basket. Si vous ajoutez plus de poids, plus de masse, il y a aussi potentiellement des changements sur la biomécanique du shoot. En termes de mobilité, ça va à l’encontre de son jeu actuel."

Ne pas dénaturer son jeu

On l’a dit et répété depuis des mois: Victor Wembanyama est un joueur unique par sa capacité à combiner la mobilité d’un joueur d’1,90m dans un corps de 2,22m. Et c’est précisément pour cette raison que lui ajouter trop de muscles l'amènerait à perdre ce qui fait l’essence de son jeu, comme l'explique l'ex-pivot français Fred Weis, 2,18m sous la toise.

"Si tu mets du poids, eh bien tu n’es pas le même joueur"

"Ce serait gâcher tout son talent de dribble, de mobilité et de dextérité, explique-t-il. Avant, c’était simple: un Européen qui arrivait en NBA devait prendre 15 kg de muscles et devenir une bête. Mais je pense que la NBA va désormais beaucoup trop vite pour ça. On préfère des mecs qui vont vite plutôt que des gros Babars qui ne peuvent plus jouer. On ne va pas se mentir, des mecs comme moi ce sont des dinosaures, ça n’existe plus."

En voyant Victor Wembanyama débarquer en NBA, les fans de basket français ont sûrement en tête le souvenir des premiers pas outre-Atlantique de Rudy Gobert. À l’époque âgé de 21 ans, soit deux ans de plus que "Wemby", le pivot de 2,16m formé à Cholet présentait un physique bien plus frêle que maintenant. Il s’est depuis considérablement épaissi, jusqu’à être aujourd'hui considéré comme l’un des joueurs les plus physiques à son poste.

L’exemple de Giannis Antetokounmpo, jeune rookie freluquet devenu un monstre qui terrorise les raquettes NBA depuis des années, peut également être pris comme argument d’autorité par ceux qui estiment que Wembanyama doit gagner du muscle. Mais à l’inverse de son coéquipier sous le maillot de l’équipe de France et du champion NBA 2021, qui existent avant tout près du cercle, le nouveau joueur des Spurs peut exceller bien au-delà.

"Il tiendra le choc car il jouera différemment, indique Fred Weis. Quand on pense à un grand, on se dit qu’il est forcément intérieur, qu’il va poster, être dans le défi physique etc. Mais ça, ce n'est pas Victor. Lui, il peut jouer extérieur et quand il y a des grands qui vont défendre sur lui, comme Embiid ou Jokic, ils vont mourir car ils vont devoir aller défendre au large, loin du panier."

"Il leur fera subir son propre poison"

Priorité aux jambes

Victor Wembanyama a ses armes bien à lui et il compte bien les exploiter. D’autant que malgré une apparence fluette, Wemby dispose de sérieuses qualités athlétiques. "Il n’est pas maigre, il est sec. Et c’est complètement différent, tranche Fred Weis. Tu sens que le mec est tanké. Ce ne sont pas des gros muscles, mais ses muscles sont présents. Tu sens que le mec est en place." Dans un récent documentaire de Canal+ consacré à son fils, Elodie Wembanyama, sa maman, partage ce sentiment, assurant que l’impression visuelle laissée par le joueur des Spurs est trompeuse. "Cette histoire de physique revient en permanence. Mais on fait souvent la remarque: à l’image, il fait beaucoup plus fin et frêle qu’en vrai."

"De près, tu vois qu’il a de grosses articulations, tout est solide, les chevilles, les genoux, tout ça…"

Dès lors, la stratégie retenue par Victor Wembanyama et son clan est d’axer une grande partie du travail sur le bas du corps avec un seul objectif en tête: préparer le N°1 de la dernière draft au marathon qui l’attend en NBA, avec 82 matchs de saison régulière à disputer en l’espace de six mois. "La priorité est la force sur le bas du corps, qu’il soit assez puissant sur ses cannes pour pouvoir encaisser et enchaîner les contacts, courir en étant bas sur ses appuis", confiait Guillaume Alquier, préparateur physique de Victor Wembanyama à Boulogne-Levallois puis aux Spurs, dans les colonnes de L’Équipe il y a quelques semaines. Même son de cloche du côté de Geoffrey Wandji, le médecin des Bleus.

"Les jambes sont la base de tous les sports"

"Au basket, c’est important pour être gainé, surtout pour les appuis, pour la course, pour la vitesse, explique-t-il. Ça va aussi être important dans la prévention des blessures car il y a la fatigabilité musculaire liée à la répétition des matchs. Il faut être prêt musculairement à enchaîner 82 matchs."

Tout l’enjeu est donc de travailler sur la partie inférieure de son corps. Comme pour une maison, le but est d’abord de solidifier les fondations avant de penser au reste. "Si on a des muscles, des fessiers, des quadriceps qui sont plus forts, ça va permettre à la mécanique d’absorber les chocs et de mettre moins de contrainte sur les genoux. De la même manière, une prise de masse musculaire sur le bas du corps permet aussi au joueur de conserver ses qualités de force et d’agilité", détaille Manuel Lacroix. Selon le préparateur physique des Bleus et de l’ASVEL, ce travail réalisé en amont permet ensuite d’envisager une prise de muscle. "Si la prise musculaire est faite de manière uniforme et accompagnée d’une prise de masse et de force sur le bas du corps, ça peut compenser la prise totale de masse musculaire."

Kevin Durant, l'exemple à suivre?

La voie choisie par Victor Wembanyama peut faire penser à celle qui a été empruntée par Kevin Durant. Bien plus grand qu’un ailier ordinaire, le double champion NBA, environ 2,08m, peut être pris en exemple lorsqu’on évoque le développement de "Wemby". Les deux joueurs sont similaires dans leur capacité à combiner taille et dextérité, Durant étant considéré comme l’un des meilleurs shooteurs de l'histoire malgré ses presque 2,10m. Et depuis 2007, année de son arrivée en NBA, le MVP de la saison 2014 a toujours gardé son physique mince et élancé. Une manière de ne pas détériorer ses formidables aptitudes au shoot… et qui ne l’a pas empêché d’être ponctuellement utilisé dans un rôle de pivot à l’époque où il a glané ses deux titres de champion avec Golden State.

Aux Warriors, Kevin Durant a d’ailleurs brillé dans un rôle de protecteur de cercle, avec presque deux contres par match lors de la saison 2017-2018. La preuve qu’il est possible d’imposer sa loi dans la raquette sans avoir de muscles saillants.

"C’est sûr que Victor va avoir en face de lui des joueurs plus lourds"

"Si vous avez un garçon de 130 kg qui vient vous heurter plusieurs fois, c’est effectivement plus difficile qu’un garçon de 110 kg, détaille Manuel Lacroix. Mais un garçon de 110 kg, s’il est bien en appui au sol, bien gainé, il a une transmission de force qui va être meilleure et quand il vient vous heurter, ça va peut être faire beaucoup plus mal qu’un garçon de 130 kg." De quoi rassurer ceux qui craignaient de voir l’intérieur des Spurs se faire dominer dès les premiers contacts dans la nuit de mercredi à jeudi.

Article original publié sur RMC Sport