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Les soins anti-âge bio sont-ils vraiment efficaces ?

Crèmes, masques et sérums bio ont largement évolué au cours des deux dernières années. Ils s'attaquent désormais aux signes de l'âge. Verdict. Fondatrice de la marque Odacité, Valérie Grandury est installée à Los Angeles depuis dix ans et en connaît parfaitement les nouvelles tendances : « Il faut se rendre sur Montana Avenue, à Santa Monica, on y trouve de tout ! Le rituel hebdomadaire est de faire un tour chez Whole Foods, pour acheter ses légumes bio, puis chez Detox Market, pour y trouver des cosmétiques bio, et on finit chez Nurse Jamie, pour y faire quelques injections de Botox. » En Californie comme ailleurs, les consommatrices férues de bio ne sont plus des militantes, elles utilisent des sérums naturels certes, mais elles vont aussi chez le dermato de temps en temps pour faire retoucher leurs rides : bref, elles exigent des résultats, et sur-le-champ. Consommer de la cosmétique bio s'est normalisé depuis plusieurs années. « Il y a vingt ans, de grandes marques bio comme Dr Hauschka se contentaient “d'accompagner” la peau, mais elles ne promettaient pas de lutter contre les signes de l'âge », explique Pascale Brousse, directrice du cabinet de conseil Trend Sourcing. « Tout a changé en 2002, quand le Botox a été autorisé : pour rester compétitive, l'industrie cosmétique a dû se remettre en question et créer des produits aux effets visibles immédiats. Trois ans plus tard, le scandale des parabens a éclaté et le bio en a largement profité. » On peut néanmoins constater que, en 2018, 40 %* des Françaises pensaient encore que les produits bio n'étaient pas efficaces. Il y a fort à parier que les mentalités ont changé depuis : les marques green ont commencé à promettre des résultats quantifiables sur les rides ou la fermeté. En clair, la cosmétique bio a mûri.Entre 2017 et 2018, les ventes ont ainsi augmenté de plus de 7 % en Europe, et de 18,7 % en France selon Ecovia Intelligence. Cela en fait l'un des secteurs les plus dynamiques de la cosmétique, qui devrait encore largement se développer dans les prochaines années. Forcément, un tel intérêt a bousculé tout le secteur. L'arrivée des labels « clean », un compromis entre la cosmétique conventionnelle et des produits bio un peu trop rustiques, a fait exploser la demande. « Le niveau d'investissement sur le secteur bio a été longtemps limité, mais le marché a effectué une véritable bascule il y a deux ans, lorsque les fournisseurs d'ingrédients ont changé totalement de discours, explique Daniel Joutard, formulateur indépendant pour des marques bio ou green. La naturalité est devenue centrale. Aujourd'hui, quasiment toutes les molécules lancées sur le marché sont au minimum “clean” ou naturelles, bref compatibles avec les labels bio. » Ces larges investissements font augmenter la qualité des produits. « Les fournisseurs effectuent de plus en plus de tests in vivo, ce qui permet de comprendre comment doser les actifs afin qu'ils soient plus efficaces, affirme Thierry Cotton, directeur du laboratoire Sanoflore. Tout cela me rend très optimiste sur l'avenir du bio. Je pense qu'il va surpasser la cosmétique traditionnelle. »Des crèmes légères, douces, fluides...C'est en ce qui concerne la texture que ce bond en avant est le plus visible. Sauriez-vous désormais faire la différence entre une crème de jour bio et une conventionnelle ? Probablement pas. Les crèmes lourdes, collantes et à l'odeur végétale déroutante existent toujours, mais elles sont peu à peu remplacées par des textures plus légères aux parfums hespéridés ou floraux. Pourtant, cela n'est pas si facile à créer : pour être labellisées bio, les crèmes doivent se passer des silicones, ces fameuses molécules synthétiques inertes et non toxiques mais non biodégradables. « Elles sont responsables du fondant et du côté agréable d'une crème, décrypte Louise Galand, responsable R & D marketing de Patyka. C'est un challenge de s'en passer, mais, grâce à des émulsifiants naturels comme des esters d'huile d'abricot et de ricin, on arrive à obtenir ce côté très doux, glissant et léger. » La technique d'estérification s'est raffinée : on ne se contente plus d'utiliser des huiles plus ou moins sèches à l'état naturel. On peut désormais les transformer (souvent à l'aide d'enzymes qui « coupent » les chaînes de molécules), pour leur conférer les propriétés que l'on souhaite. « Une fois modifiées, elles ont souvent moins d'intérêt en termes d'antioxydants, assure Daniel Joutard, mais elles sont plus stables, moins brillantes et moins grasses, bref elles permettent d'obtenir une large palette de textures, comme les silicones, tout en restant émollientes. »On arrive aussi à obtenir des gels transparents, grâce à des gélifiants naturels comme l'agar-agar, l'argile ou certains amidons. Quant à l'aspect collant, il peut être évité avec des silices ou à des micas gélifiés. « On utilise aussi des dérivés de lécithine qui sont moins odorants, moins collants et moins colorés », confirme Thierry Cotton. Côté parfums, on peut aussi « fleurir » les sillages végétaux, grâce à des notes issues des huiles essentielles, très peu dosées pour minimiser le risque d'allergies. Cela a un coût : « La palette olfactive est plus restreinte et surtout coûte cinq à six fois plus cher », relativise Daniel Joutard. D'ailleurs, est-ce si grave ? Les odeurs de plantes un peu « roots » sont même synonymes d'un certain snobisme, grâce à la marque australienne (non bio) Aesop, qui en a fait sa signature depuis plus de trois décennies.« Les grandes avancées en matière de formulation ont ainsi permis à un arsenal de soins plus affûtés, plus techniques de voir le jour. » Les soins anti-âge bio : des actifs à foison mais à la puissance variable Les grandes avancées en matière de formulation ont ainsi permis à un arsenal de soins plus affûtés, plus techniques de voir le jour. Sur ce terrain, la pionnière de la cosmétique bio anti-âge, Tata Harper, qui se vante d'avoir plus de soixante-dix actifs dans un seul produit, est imbattable. « Je modifie mes formules constamment, nous confie-t-elle. En 2013, nous avions lancé la ligne des Supernatural, des anti-âge puissants, mais, depuis, on a découvert des conservateurs et d'autres ingrédients plus performants. Il faut souvent utiliser plus de molécules dans les produits bio pour qu'ils fonctionnent en synergie et soient efficaces sur la durée. L'an dernier, nous avons intégré quatre actifs qui lissent les rides à différents rythmes. Le soin peut ainsi être efficace dès l'application, mais aussi quatre heures plus tard et même en fin de journée. » Elle collabore avec des laboratoires dans le monde entier, qui lui permettent de sélectionner des actifs de plus en plus spécifiques. La créatrice s'intéresse aujourd'hui à la connexion entre la peau et les tissus neurologiques, soit le « neuro aging », qui mène à une perte de densité de l'épiderme.Des ingrédients plus classiques et très puissants sont aussi disponibles en version bio, comme le resvératrol, par exemple. Chez Sanoflore, la marque bio et technique du groupe L'Oréal, il est extrait du mûrier sauvage. L' acide hyaluronique, qui permet à la peau d'être bien hydratée, est obtenu grâce à la fermentation de ferments lactiques et de végétaux, comme le blé ou l'avoine. On obtient aussi des dérivés d'acide salicylique et férulique grâce à la sauge ou à la grenade. Au sein des produits, les labos dosent ces ingrédients dans les mêmes proportions que leurs équivalents synthétiques. En revanche, les molécules stars qui ont un effet visible, comme les dérivés du rétinol (la vitamine A) ou la vitamine C ne sont peu ou pas disponibles sous forme naturelle. Pour imiter leurs résultats, les formulateurs ont recours à des molécules qui n'ont rien à voir avec ces actifs mais dont les effets s'en rapprochent. « Certaines plantes sont prometteuses, comme le bakuchiol, souvent qualifié de “rétinol végétal”, dont le procédé d'extraction est compatible avec le label bio », explique Daniel Joutard. Les molécules lissantes, comparables aux effets de la toxine botulique en cabinet médical, sont en général des peptides bio extraits de certains végétaux et aux multiples propriétés. « Nous obtenons ces protéines (ou peptides) à partir des graines germées », explique la dermatologue Sylvie Peres, fondatrice de la marque Alaena. Bref, on a affaire à un foisonnement de propositions, parfois difficile à décoder pour les consommateurs. « Les molécules comme le rétinol sont connues depuis des dizaines d'années. Le marché du bio reste jeune. Il y a beaucoup d'actifs et ce “tri” entre les solutions efficaces et les autres va prendre du temps », prédit Thierry Cotton.Les huiles, d'excellentes alléesPour ne pas être déçue, commencez par découvrir (si ce n'est déjà fait) les huiles végétales, dont tous les experts louent les bienfaits. Elles sont les alliées des peaux qui ont besoin de confort et de nutrition. Riches en vitamines et en antioxydants, elles protègent aussi la peau des stress. Autre bénéfice : l'ensemble de l'huile est actif, contrairement aux crèmes, largement composées d'eau. Ces huiles végétales sont plus riches que les dérivés de pétrochimie, intéressants mais inertes. « Selon des études, les molécules naturelles utilisées seules sont meilleures pour la cicatrisation que des molécules chimiques, comme la vaseline », explique Sylvie Peres. Et le marché regorge de marques qui privilégient des acteurs locaux, comme Oden ou Nuxe Bio avec sa dernière essence à l'extrait de riz de Camargue, ou plus exotiques telle Nüssa. Seul hic, le prix : « Une huile bio vaut toujours entre 2,5 et 3 fois plus cher que la version conventionnelle, surtout lorsqu'on souhaite l'extraire et la purifier de façon traditionnelle, pour préserver sa qualité. Et ce prix varie énormément d'une année à l'autre, selon les conditions météorologiques », rappelle Sandrine Sixtine, fondatrice de Nüssa.La protection solaire, ultime limite Si les huiles peuvent beaucoup, le premier geste anti-âge, c'est de se protéger du soleil. Et, dans ce domaine, tout le monde s'accorde : les crèmes bio ne font pas rêver. « Voilà cinq ans que j'y travaille, mais je ne suis toujours pas convaincue par mes résultats », se désole Tata Harper. Même réponse chez Odacité. La faute aux filtres anti-UV disponibles, très difficiles à intégrer à des crèmes. « Il n'y a pas de miracle, résume Daniel Joutard. Le plus facile à intégrer est le zinc, qui est très stable, mais les labels bio ne l'acceptent pas sous sa forme la plus fine, à l'état de particules “nano”. Du coup, on utilise de plus larges particules, qui donnent un rendu blanc sur la peau, ce qui ne fait pas très envie au final… D'une manière générale, un produit solaire est très difficile à créer et c'est encore plus vrai quand il est bio. » Certaines marques ont trouvé une solution pour contrecarrer l'effet blanc et intègrent des pigments pour obtenir des BB crèmes solaires, comme Alaena.Et en terme d'éco-responsabilité ?Un cosmétique bio est-il forcément la meilleure option pour protéger l'environnement ? Tout le monde n'est pas de cet avis. Sue Nabi, fondatrice de la marque « clean » Orveda, a privilégié les biotechnologies à des formules bio. « Les biotechnologies – des méthodes de transformation non polluantes, telle la fermentation – permettent d'obtenir des actifs durables, affirme-t-elle. C'est la réponse ultime : en cultivant des actifs dans un bioréacteur à l'aide de bactéries, on utilise très peu de ressource naturelle et on pollue beaucoup moins. Un substrat de plantes permet d'obtenir des tonnes d'actifs avec de l'eau dans un réacteur. Grâce à cela, j'obtiens le kombucha, par exemple. » Ces techniques, que l'on qualifie souvent de chimie verte, sont encore rares à être certifiées bio.Ces biotechnologies, selon ceux qui les utilisent, seraient la solution la plus intelligente pour préserver les ressources naturelles. « Si j'étais un peu provoc, je dirais même que l'excès de cultures bio est potentiellement le prochain grand scandale cosmétique ! observe Sue Nabi. Dans certaines régions d'Amérique du Sud, les avocats bio sont réservés au marché cosmétique européen et la population ne peut pas y accéder. Si toutes les grandes maisons de beauté se mettent au bio, nous n'aurons plus à manger ! » Cela ne veut pas dire qu'il faut abandonner le bio, surtout lorsqu'il est utilisé à petite échelle, main dans la main avec les agriculteurs, mais il n'est pas forcément la réponse à tout. Et les ingrédients naturels non plus. « Le mica naturel, très utilisé par les formules bio, pose aussi question, notamment sur les conditions de travail des ouvriers qui l'extraient », raconte Sue Nabi. Bref, les consommateurs attendent des produits de plus en plus efficaces, certes, mais également vertueux. Et c'est une bonne chose ! * Étude Ifop 2018.