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Les gamelles du Fonds Stratégique d’Investissement

Les pays producteurs de pétrole en ont tous un depuis longtemps. Mais c'est seulement en 2008 que la France s'est doté d'un fonds souverain (ainsi nomme-t-on les fonds d'investissement détenus par un Etat). Le nôtre répond au nom assez ronflant de Fonds stratégique d'investissement (FSI) et disposait de près de 22 milliards d'euros d'actifs à fin 2010 : un nain face à ses homologues norvégien et saoudien. Il investit aussi bien dans de grandes entreprises, afin de stabiliser leur capital et de leur donner les moyens d'agir dans le durée, que dans des sociétés de taille moyenne, surtout celles dont les "fondamentaux (notamment techniques,humains ou produits) sont sains", ce qui en fait de futurs possibles leaders de leur secteur. Loin d'avoir vocation à "sauver des canards boiteux", le FSI vise aussi une rentabilité "dans la norme du marché".

Soit ! Le problème, c'est qu'il n'a pas toujours des choix heureux. On se demande encore quelle mouche a piqué le FSI pour qu'il s'intéresse à l'éditeur et distributeur de logiciels Avanquest Software. Parmi le "top ventes" de la société, on trouve un logiciel permettant de jouer à l'architecte en concevant la maison de ses rêves ou la suite bureautique Office de Microsoft. Rien de bien stratégique pour la place de la France dans le monde ! Reste que le FSI a injecté 6 millions d'euros en fonds propres à l'occasion d'une augmentation de capital conclue début 2010, au prix de 3,60 euros par action et que le titre vaut aujourd'hui 1,60 euro, la société ayant replongé dans le rouge sur son dernier exercice. Une moins-value de l'ordre de 55%, donc ! Quelques mois avant le début de cette aventure, le FSI avait eu la main bien plus lourde en investissant dans Cegedim, société dont une des activités s'appelle "CRM et données stratégiques" : une appellation alléchante qui recouvre des prestations destinées aux services marketing des laboratoires pharmaceutiques. Là, le FSI a injecté 117 millions d'euros via un rachat d'actions auprès du fondateur et la participation à une augmentation de capital. Prix de revient global : environ 55 euros par titre. Depuis, les résultats 2010, plombés par une dépréciation d'actifs de plus de 100 millions d'euros, sont passés par là. Pire, en 2011, le groupe aligne les profit warnings : le titre a plongé de 57% depuis le début de l'année et cote au plus bas depuis... décembre 1996. Pour le FSI, la moins-value approche les 80 millions d'euros !

Les biotechnologies, voilà un secteur prometteur et éminemment stratégique lorsqu'on sait que certaines sociétés s'attaquent à des problèmes de santé majeurs comme la maladie d'Alzheimer. Mais pourquoi le FSI a-t-il choisi fin 2009 de s'y intéresser par le biais de Nicox, acteur essentiellement connu pour une molécule censée traiter les signes de l'arthrose ? On l'ignore. Toujours est-il que le médicament en question n'a jamais passé la barre fatidique de l'AMM (autorisation de mise sur le marché), que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe. Nicox ressemble aujourd'hui à une coquille vide et l'investissement de 20 millions d'euros du FSI, réalisé au prix de 7,50 euros par action, est parti en fumée, le titre cotant moins de 1 euro aujourd'hui.

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Avec cela, le Fonds stratégique d'investissement est parfois fâché avec la stratégie boursière. Souhaitant se débarrasser de sa ligne Edenred hérité de la scission du groupe Accor, le FSI l'a placé auprès d'investisseurs en octobre 2010 au prix de 14,70 euros par action. Dommage ! Le titre est ensuite monté jusqu'à 22 euros et en vaut encore près de 19 actuellement. Mauvais timing également pour la prise de participation dans Vergnet : en avril 2011, la valorisation du spécialiste de l'éolien était dopée par l'effet Fukushima et avoisinait 5 euros par action, et l'entrée du FSI s'était faite avec une décote, à 4 euros. Sept mois plus tard, le vent a singulièrement tourné et le titre Vergnet ne vaut plus que 2,20 euros. Mais comme chacun sait, la Bourse est un investissement de long terme. Et un investissement de long terme est souvent un investissement de court terme qui a mal tourné.

Emmanuel Schafroth