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"Yakari" et "Yoko Tsuno", le réjouissant retour de deux inoxydables classiques de la BD

Derib, 77 ans, et Roger Leloup, 88 ans, deux légendes de l'âge d'or de la BD franco-belge, continuent de dessiner les aventures de leurs personnages cultes et de se renouveler.

Les héros d'antan n'ont pas encore dit leur dernier mot. Alors qu'une nouvelle génération d'auteurs et d'autrices dynamite la BD franco-belge en y imposant des codes venus du Japon, deux vétérans de l'âge d'or des années 1950 et 1960 continuent de dessiner et de se renouveler.

Derib, 77 ans, a sorti le 13 mai dernier le 42e tome des aventures du petit indien Yakari, La Colère de Thathanka. "Il fait partie des trois-quatre meilleurs", assure-t-il, avant d'ajouter: "C'est un peu dur [pour les autres tomes]". Le même jour, Roger Leloup, 88 ans, a publié Les Gémeaux de Saturne, 30e tome de sa saga de SF Yoko Tsuno.

Chaque planche de ces albums témoigne de leur plaisir intact de dessiner. "C'est un bonheur absolu de faire du Yakari en ce moment", confie Derib, qui se réjouit de sa collaboration avec le scénariste Xavier Giacometti, réalisateur de la série et du film dérivés de la BD. "La BD a quelque chose de magique."

"Accrocher le lecteur avec chacune des pages"

Situés dans l'Ouest américain et dans les confins de la galaxie, ces albums contiennent leur lot de paysages et de créatures fantastiques, idéal pour émerveiller les plus jeunes: "Je dois accrocher le lecteur avec chacune des pages", se justifie Derib. "Les couleurs ressortent très bien dans le dernier Yoko Tsuno", se félicite de son côté Roger Leloup.

Les deux dessinateurs, désormais d'un âge canonique, travaillent d'une manière complètement libre, sans pression aucune. "Vu mon âge, je me permets de dire au Lombard qu'il y aura un Yakari quand j'aurai le temps de le faire", indique Derib. "On ne se projette pas une année à l’avance." Même son de cloche chez Roger Leloup:

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"Quand vous avez 88 ans, et que vous devez travailler sur un album pendant deux ans, vous vous dites, est-ce que j’irai jusqu’au bout? J’ai un ange qui m’a toujours protégé, mais on n’est jamais sûr à cet âge de se réveiller le lendemain. Il faut être modeste. À 88 ans, on ne fait plus des projets d’avenir."

"J'ai failli y passer"

Derib comme Roger Leloup se remettent aussi tous les deux du Covid. Le premier l'a attrapé le 1er avril dernier. "Tout va bien", rassure-t-il. "Ça a duré trois-quatre jours. Je recommence à vivre. Mais j'ai beaucoup plus de fatigue. Je dessine moins vite qu'avant. J’ai besoin de récupérer."

Roger Leloup a été "terrassé" l'année dernière par le Covid à la planche 30 des Gémeaux de Saturne. "J'ai failli y passer", révèle-t-il. "J’ai eu peur de ne pas finir l'album." Non seulement il a pu le terminer, mais l’inspiration est revenue après son hospitalisation: "Yoko est revenue toute seule. Le crayon a remarché tout seul."

Contrairement à beaucoup de dessinateurs, dont le trait devient de plus en plus épuré avec le temps, ils ont conservé un dessin très précis. "C'est un peu ma force", note Roger Leloup, formé par Hergé. "J'ai toujours été attiré par la technique. Je l’avoue franchement: je suis plus à l’aise avec mes décors qu’avec mes personnages."

Même constat chez Derib, formé par Peyo et Franquin: "Si vous relisez leurs BD, vous verrez qu'il y a une qualité de dessin qui est fabuleuse. Franquin m'a dit, 'Ne publie jamais un dessin dont tu n'es pas satisfait.' C'est une vérité absolue."

Art ancestral en voie de disparition

Derib et Roger Leloup ont aussi un autre point commun, qu'ils partagent avec Lambil (Les Tuniques Bleues) et Philippe Francq (Largo Winch): un talent pour raconter une histoire à l’apparence simple, mais aux thématiques complexes, en seulement 46 pages, le format classique de la BD.

"Au bout de cinquante ans, si je n'étais pas capable de faire une histoire en 46 pages, ce serait dramatique!", s'amuse Derib. Cet art ancestral de la BD est néanmoins en voie de disparition et ils en sont les derniers représentants. Les nouvelles générations d'auteurs et d'autrices, passées pour la plupart au roman graphique, n'y arrivent pas.

"Ils n'ont pas été à une école aussi dure que celle où j'étais", analyse Derib. "Elle était dure pour une bonne raison: à cette époque, les albums étaient tous en 46 pages. Il n’y avait pas d’autres solutions."

Réponse à "Avatar"

Leur art se meurt et leurs personnages ne leur survivront pas. "Je ne veux pas qu’on reprenne Yoko", martèle Roger Leloup. "Je ne veux pas qu’un autre la dessine. Yoko, c’est ma fille. J’élève mon enfant moi-même." Et d'ajouter: "J’ai les droits du personnage. Dupuis n'a que les droits sur les albums."

Derib est lui aussi opposé aux reprises ("Pour moi, Spirou et Fantasio s'est arrêté lorsque Franquin s'est arrêté de le dessiner"), mais il n'a pas encore pensé à ce que Yakari deviendra à sa mort: "Avec les éditions du Lombard, on n'en a pas encore discuté." Il a juste dans un coin de tête le prochain Yakari, qui sortira d'ici deux ans.

Roger Leloup a déjà dessiné la moitié du nouveau Yoko Tsuno. Il y mettra en scène des elfes, en réponse à Avatar. James Cameron se serait en effet inspiré de sa BD pour son blockbuster et Roger Leloup compte lui renvoyer l'ascenseur: "J’ai regardé. Nom d’un chien! Leurs oreilles sont moches! Je ne peux pas partir sans faire mes elfes moi-même!"

Article original publié sur BFMTV.com

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