Qui est vraiment Jean-Marc Jancovici, polytechnicien devenu grand prêtre du climat
PORTRAIT. En quelques années, le président de The Shift Project a réussi là où a échoué le Giec: rendre intelligible le concept de réchauffement climatique. Radical et sûr de lui: l’avenir de la planète passe par le nucléaire.
Jean-Marc Jancovici aime casser l’ambiance. En novembre dernier, il était invité à s’exprimer dans le cadre de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale visant à établir les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France. Vêtu d’un pull-over informe, l’ingénieur pro nucléaire commence par dire que l’intitulé de la commission est inapproprié, car la perte de souveraineté stipule que notre pays ait un jour été souverain.
Puis il enfonce le clou. "La France n’a jamais été indépendante énergétiquement depuis qu’elle est rentrée dans l’ère des combustibles fossiles, de l’énergie nucléaire et des nouvelles énergies renouvelables. (...) La bonne question, c’est de savoir de qui on dépend, dans quelle proportion et quelle est notre aptitude à nous retourner si on a un problème."
Roi des punchlines
Prononcé sur un ton martial avec une diction saccadée, le sermon ne souffre pas la contradiction. Direct, sûr de lui, Jean-Marc Jancovici, professeur à Mines Paris-PSL et membre du Haut Conseil pour le climat, ne fait pas de circonvolutions. Il fait du Jancovici. Dans ses conférences, l’expert du changement climatique manie l’humour, bouscule l’auditoire, joue les imprécateurs - "les moments dramatiques sont devant nous" - , ne ménage pas plus Emmanuel Macron - "qui a découvert la sobriété quand Poutine lui a coupé le gaz" - que TotalEnergies, dont la stratégie de décarbonation "consiste à rajouter aux activités existantes d’autres activités pour donner le change".
Roi des punchlines, Jean-Marc Jancovici est devenu en quelques années un personnage incontournable. L’homme est clivant. Les thuriféraires des renouvelables le détestent. A l’inverse, les écolos pronucléaires - ça existe! - et les grands pontes du CAC 40 l’adorent, même s’ils ne souscrivent pas à toutes ses thèses. Au-delà de sa popularité, le plus bel exploit de l’ingénieur est d’avoir réussi là où ont échoué les scientifiques du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’é[...]
Lire la suite sur challenges.fr