Comment une vision du monde "à somme nulle" peut impacter la politique et la société
EDITORIAL - Avoir une vision du monde "à somme nulle", c'est croire que lorsqu'une personne ou un groupe s'enrichit, c'est au détriment des autres. Une vision qui peut avoir des conséquences profondes sur les choix politiques et la société, comme l'explique Stefanie Stantcheva, professeure d'économie à Harvard, fondatrice du Social Economics Lab.
Certaines personnes ont une vision du monde "à somme nulle". Celle-ci suggère que lorsqu'une personne ou un groupe s'enrichit, c'est au détriment des autres. D'autres personnes ont plutôt tendance à croire en un monde "à somme positive", dans lequel il est possible que certains s'enrichissent et progressent, tout en contribuant de façon positive aux autres et à la société. L'adhésion à l'une ou l'autre de ces visions s'avère être un facteur crucial pour nos comportements et nos vues politiques.
Un contexte où toutes les ressources et tous les actifs importants sont en quantité limitée est susceptible de provoquer une vision plus conflictuelle du monde, dans lequel les échanges entre individus sont considérés comme étant en concurrence et à somme nulle. Dans les sociétés préindustrielles, à petite échelle, la terre est limitée, de sorte que si un groupe possède davantage de terres, un autre en possède moins. Il en va de même pour le bétail, l'autorité et le statut social. Si les marchés ne sont pas développés et qu'il n'y a pas de progrès technologique, la manière la plus facile pour un groupe de progresser est de le faire au détriment des autres.
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De même, le fait de subir des périodes de récession économique peut révéler la rareté relative des biens dans l'économie, ce qui pousse les individus à penser que le monde est à somme nulle. La mentalité à somme nulle a été prévalente dans de nombreuses régions du monde, à différents moments. De plus, cette vision peut continuer à dominer même dans des contextes qui ne sont pas (ou ne sont plus) à somme nulle.
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A l'inverse, pendant les périodes de croissance économique, l'abondance des ressources peut favoriser la pensée à somme positive et permettre de percevoir les échanges entre les individus comme plus coopératifs.
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