Vaccin contre la Covid : en France, la lenteur fait mal
Malgré des problèmes logistiques, la campagne de vaccination commence dans les Ehpad.
Pendant trois longues semaines, Danielle Ngo Ekongo a gardé sa décision pour elle. A 32 ans, cette aide-soignante de l’Ehpad Korian Les Amandiers, dans le XXe arrondissement parisien, a attendu la veille au soir pour informer ses proches: elle se ferait vacciner contre le Covid19. Elle pressentait qu’ils tenteraient de l’en dissuader. A raison. Sa sœur l’a retenue au téléphone jusqu’à minuit pour en débattre. Pendant la pause du matin, son petit ami, pas vraiment convaincu, l’a appelée pour lui souhaiter bonne chance. L’injection faite, elle témoigne: «Je veux protéger les autres et avoir moins de risques d’attraper la maladie. Tant mieux si je donne l’exemple.»
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Dans la salle de restaurant transformée en centre de vaccination, un écran géant diffuse, sans le son, un concert d’André Rieu. Même le maire, Eric Pliez, s’est déplacé pour le départ de cette course contre la montre et appeler à l’accélération de la campagne. Comme Louise, 91 ans, qui «se laisse vivre depuis le décès de [son] mari» dont la date s’est effacée de sa mémoire, tous revendiquent leur foi en la médecine.
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En une heure, une dizaine de résidents de l’Ehpad ont retrouvé l’espoir de reprendre le cours presque normal de leur existence, même si gestes barrières et tests réguliers demeurent. La gériatre Esther Setbon les a préparés: «Avant même l’avis de la Haute Autorité de santé, nous leur avons expliqué ce qu’est l’ARN messager. Nous avons discuté avec les familles. Quand la personne est cognitivement apte à exprimer ses souhaits, son avis prime.» Sur 105 personnes âgées, 33 consentements ont été recueillis et 19 préconsentements.(...)