La Vème République fête ses 65 ans : une vieille dame fatiguée…

© Jean Marie Marcel / La Documentation française

EDITORIAL. La Vè République va bientôt fêter ses 65 ans. Une longévité exceptionnelle pour un régime qui a instauré une stabilité politique sans précédent mais également une défiance générale du peuple envers les élus. Notre système de monarchie républicaine n'étant plus adapté à une république moderne, il est urgent de réformer nos institutions, souligne notre éditorialiste Michel Winock.

La Ve République, née de la crise de mai 1958, aura bientôt 65 ans. Elle égalera ainsi le record de durée qui appartenait à la IIIe, instaurée par les lois constitutionnelles de 1875 et morte en 1940 sous le double coup d’une défaite militaire et d’un hara-kiri parlementaire confiant à Pétain la charge officielle du fossoyeur.

La IIIe République a eu ses grandeurs et ses faiblesses. Les Français lui doivent d’être entrés dans une ère de liberté sans précédent : liberté de la presse, liberté de réunion, liberté de pensée, liberté syndicale, rétablissement du divorce, etc. Elle n’a pas été d’avant-garde en matière sociale. Mais surtout elle n’a pas su s’établir sur un exercice équilibré et stable des pouvoirs : les crises ministérielles étaient sa marque, et ces crises pouvaient devenir des crises de régime, comme au temps du boulangisme, de l’affaire Dreyfus ou du 6 février 1934. Son mérite est d’avoir su tenir malgré les grands orages qu’elle a subis.

Le plus beau, à mon sens, aura été de maintenir un régime démocratique pendant la Grande Guerre. Peu d’années avant le conflit mondial, le socialiste Marcel Sembat avait écrit un livre, Faites un roi, sinon faîtes la paix, dans lequel il s’évertuait à démontrer qu’un régime démocratique ne pouvait résister en armes à un régime autoritaire. Or, de 1915 à 1918, le Parlement, Chambre et Sénat, ont siégé continûment ; les commissions ont fait leur travail ; les gouvernements restaient soumis à la volonté des députés. À plusieurs reprises, on a vu Clemenceau offrir sa démission devant eux, et s’il resta au pouvoir de novembre 1917 jusqu’à la victoire, ce fut avec leur approbation. La République démocratique n’avait cessé de fonctionner.

La Vè République, une stabilité politique sans précédent...

Malheureusement, elle n’a jamais su, par temps de paix, trouver la stabilité, faute d’unité, faute de consensus, faute de réaliser le souhait qui avait été celui de Gambetta d’un bipartisme à l’anglaise, fondé sur la rivali[...]

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