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"Un Français se plaint dix fois plus qu’un Anglais au travail" : expatriés en Angleterre, ils racontent leur expérience

Les expatriés français seraient environ 300 000 au Royaume-Uni (Crédit : Getty Images) (Getty Images/iStockphoto)

LES EXPATS - Le ministère de l'Europe et des affaires étrangères estime à environ 2,5 millions le nombre de Français vivant en dehors de nos frontières au 1er janvier 2023. Une grande partie d’entre eux occupe une activité professionnelle. Quelles sont les principales différences dans le milieu professionnel entre leur pays d’adoption et la France ? Leur intégration a-t-elle été facile ? Ces talents envisagent-ils de revenir un jour ? Nous leur avons posé ces questions pour mieux connaître les raisons qui les ont poussés à partir et qui les incitent maintenant à rester.

Près de trois décennies après son départ en Angleterre, Alain ne regrette toujours pas d’avoir traversé la Manche. Originaire de Montpellier, ce quinquagénaire a débarqué en Angleterre en 1996 avec sa compagne anglaise sans parler "un seul mot" d’anglais. Vingt-sept ans plus tard, il fait partie de ces 300 000 Français établis au Royaume-Uni. Un choix guidé par l’amour au départ. "J’ai rencontré ma compagne qui était jeune fille au pair mais elle devait rentrer à Londres d’où elle était originaire. Après une année entière à faire les trajets tous les week-ends, j’ai décidé de la suivre et commencé à chercher un travail", se souvient Alain qui vit maintenant à Epsom, une ville résidentielle au sud de Londres.

Un DUT informatique en poche et plusieurs années d’expérience accumulées en France, il parvient à se faire embaucher comme développeur avec "un salaire de débutant". Un problème ? Pas vraiment. "Mon salaire en tant que junior était en réalité supérieur à ce que je touchais en France", nous explique-t-il. Il a ensuite gravi les échelons à vive allure. "Après deux années dans cette boîte et après avoir progressé en anglais, j’ai réussi à changer d’employeur malgré mon peu de diplômes, chose qui aurait été beaucoup plus difficile en France", reconnaît Alain. Après avoir débuté comme simple analyste programmeur grand système, il occupe désormais le poste de CTO ("Chief Technical Officer" ou "Directeur des Nouvelles Technologies" en français). Parti de l’Hexagone dans les années 90, Alain n’envisage pas une seconde de revenir travailler en France.

"Tout est mieux dans le monde du travail anglo-saxon"

Quint et Juliette, pacsés et fraîchement installés à Liverpool après huit ans à Londres, dressent, eux aussi, un tableau quasi-idyllique de leur vie professionnelle outre-Manche. "Le milieu du travail et la société en général est moins machiste qu’en France, ce qui est agréable pour une jeune femme", affirme Juliette, 37 ans, Programme Management Lead (aide au développement en milieu associatif) pour une ONG Internationale à Liverpool. En Angleterre, la native de Belfort apprécie la rémunération plus élevée qu’en France, la flexibilité accordée, les perspectives d’évolution rapide et la culture "pragmatique" des Britanniques. "Tout est mieux dans le monde du travail anglo-saxon : salaire, flexibilité, horaires, évolution professionnelle, reconnaissance, valorisation", renchérit son compagnon Quint, 36 ans, Customer Experience Lead pour une start-up américaine de la Silicon Valley.

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Et d’ajouter : "Dès le début, on cherche à te mettre à l’aise, les gens se mélangent plus. Il y a moins de disparités comme on peut le ressentir en France, moins de râleurs aussi. C’est peut-être un stéréotype mais un Français se plaint dix fois plus qu’un Anglais au travail".

En revanche, il ne faut pas compter sur le travail pour nouer de réelles amitiés. "Malgré ce semblant de relation très amicale au boulot, il est difficile de construire une vraie relation amicale en dehors. Cela fait partie des différences entre les cultures latines et anglo-saxonnes", nuance le trentenaire qui insiste aussi sur le fait qu’il faille parfois savoir lire entre les lignes : "Si on te dit que tu as fait quelque chose de ‘bien’ mais pas ‘extraordinaire’, cela peut vouloir dire que ça aurait pu être mieux".

"Se sentir bien au boulot vaut tous les RTT du monde"

Les niveaux hiérarchiques seraient aussi plus dilués de l’autre côté de la Manche et les patrons plus accessibles. "Il y a plus d’opportunités de dire ce que l’on pense aux supérieurs, ils sont plus à l’écoute. Les encouragements et félicitations sont aussi plus fréquents", assure Juliette. Quint abonde dans le sens de sa compagne : "Dans une grosse boîte française, la hiérarchie est inaccessible, old school. Je trouve aussi que la France est à la traîne par rapport aux Anglo-Saxons et le rapport qu’il faudrait avoir avec ses salariés en 2023". Même si "les vacances sont moindres" et le système de chômage britannique "incomparable" à celui que l’on connaît en France, Quint ne souhaite pas revenir le moins du monde travailler dans l'Hexagone : "Le fait de se sentir bien au boulot vaut tous les RTT du monde".

Quant au Brexit, nos trois expatriés interrogés n’ont pas vu leur vie professionnelle chamboulée par le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne. "Dans mon secteur, celui des technologies de l’information, il y a beaucoup de postes à pourvoir et très peu de candidats. C’est difficile de trouver de bons candidats car il y en a si peu", nous indique Alain. Quint et Juliette ont, eux, simplement vu des collègues français, italiens et espagnols quitter le sol britannique plus tôt que prévu "par choix".

VIDÉO - Royaume-Uni : face à l'inflation, ces expatriés ont décidé de rentrer en France