Ukraine: Macron a-t-il trahi de Gaulle?
EDITO - Avec son discours de Munich au ton martial, Emmanuel Macron rompt-il vraiment avec la tradition diplomatique "gaulliste"? Voilà un gaullisme revisité, un gaullisme adapté aux nouvelles réalités géostratégiques.
Parmi les nombreux chefs d’État occidentaux présents à Munich il y a quelques jours à l’occasion de la "Conférence pour la Sécurité", le président ukrainien Volodymyr Zelensky a réservé un sort- et un traitement- tout particulier à son "ami Emmanuel", le "remerciant" avec chaleur. La vice-présidente américaine Kamala Harris et le chancelier allemand Olaf Scholz, eux aussi présents, n’ont pas eu le droit à tant d’honneur et de gratitude. Il semble loin, très loin, comme effacé des mémoires, le temps où, dans les premiers mois de cette guerre d’agression, le Français, pourtant aussitôt solidaire dès le premier jour de l’agression russe, agaçait tant l’Ukrainien en raison de sa volonté acharnée de "maintenir le lien" avec Poutine.
Quelques formules à la Macron firent mouche, et donc mal à Zelensky- "il ne fallait pas humilier la Russie et Poutine", il était même nécessaire de "leur donner des garanties de sécurité". De la sorte, en maintenant, croyait-il, l’équilibre (aide et soutien à l’Ukraine + dialogue avec le satrape du Kremlin) Emmanuel Macron était convaincu de s’exprimer en gaulliste, dans la meilleure tradition diplomatique de la Vème République, celle que revendiquèrent François Mitterrand puis Jacques Chirac. D’ailleurs les derniers tenants à Paris du "parti russe", intellectuels et responsables politiques confondus, se gardèrent bien de reprocher à Emmanuel Macron son engagement auprès de Kiev; ils appréciaient qu’il fut le seul des "grands chefs" occidentaux à vouloir préserver coûte que coûte ce "fil" avec Moscou.
Discours au ton martial
Mais voilà, il faut savoir écouter Volodymyr Zelensky, ses mots, ses sorties, parfois aussi pertinentes que théâtrales. Accordant récemment un entretien au Figaro, il cisela ces deux phrases à propos d’Emmanuel Macron que ne manquèrent pas de relever les "spécialistes" du grand jeu diplomatique international: "Je crois qu’il a changé. Et qu’il a changé pour de vrai cette fois". "POUR DE VRAI"… Peu de temps après, à Munich[...]
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