Pour tuer la PPL LIOT, Renaissance envisage cette nouvelle astuce
POLITIQUE - Lorsqu’il s’agit d’étouffer l’examen d’une proposition de loi (PPL) qui gêne, la majorité ne manque pas d’imagination. Et alors que le texte du groupe LIOT visant à abroger le report de l’âge légal prévu dans la réforme des retraites place les troupes macronistes face à un casse-tête politico-juridique, une astuce fait son chemin au sein du groupe Renaissance.
Comme le rapporte Mediapart, l’idée est la suivante : une majorité serait trouvée en commission des affaires sociales pour supprimer l’article 1er de la PPL de LIOT (qui abroge la mesure d’âge). Ainsi, il serait réintroduit via un amendement lors de l’examen en séance. Alors, Yaël Braun-Pivet, qui présiderait les débats, pourrait le déclarer irrecevable au titre de l’article 40, jugeant qu’il grève de façon disproportionnée les finances publiques. La proposition de loi portée par Bertrand Pancher et Charles de Courson tomberait à l’eau.
Au HuffPost, un député macroniste confirme que ce scénario est bien évoqué en interne. Ce qui a pour effet de placer Yaël Braun-Pivet sous la pression des huiles de la majorité, qui plaident toutes pour torpiller le texte.
Sabotage
« La Constitution est très bien faite. Il faut l’appliquer », assume notre interlocuteur, qui ne cache pas ses craintes de voir cette PPL examinée et adoptée. « Ce serait un signal politique terrible. Ça remettrait une pièce dans le cochon et ça bloquerait tout le reste », s’alarme cette figure montante de la majorité, qui juge que le « crédit politique » perdu dans le sabotage de la PPL reste quoi qu’il en soit inférieur à une défaite sur le report de l’âge légal : « si c’est voté mais que la réforme entre quand même en vigueur, les Français ne vont rien piger ».
D’où les efforts déployés par la Macronie pour désamorcer ce texte explosif. « Oui, nous ferons tout pour que ce débat n’ait pas lieu », assume sans ciller Charlotte Caubel, secrétaire d’État chargée de l’Enfance sur Public Sénat, bien loin de la pudeur employée par la présidente du groupe Renaissance Aurore Bergé, qui se défend sur LCI de vouloir trouver « des manœuvres pour empêcher un débat » malgré l’évidence.
« Scandale »
Sans surprise, cette nouvelle hypothèse fait hurler les partisans de la PPL. « Ce serait un scandale, je dis bien un scandale, que la présidence de l’Assemblée accepte de se livrer à cette manœuvre », a averti sur franceinfo le premier secrétaire du PS Olivier Faure, rappelant qu’Emmanuel Macron avait laissé entendre lors de son interview à L’Opinion qu’il était favorable à l’examen de ce texte, y voyant l’occasion pour la majorité « de continuer à expliquer notre projet ».
Secrétaire national du PCF, Fabien Roussel a préféré ironiser : « S’ils étaient aussi créatifs pour augmenter le pouvoir d’achat que pour jouer avec la procédure parlementaire, on serait tous milliardaires », a-t-il commenté sur Twitter. Reste à savoir si Yaël Braun-Pivet va céder sous la pression de sa famille politique. Ce qui, selon Mediapart, serait en bonne voie.
S'ils étaient aussi créatifs pour augmenter le pouvoir d'achat que pour jouer avec la procédure parlementaire, on serait tous milliardaires... https://t.co/PbLzqqLSQF
— Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) May 24, 2023
Cité par Politico, l’entourage de la présidente de l’Assemblée nationale dément toute « politique-fiction », laissant ainsi entendre que l’intéressée résiste encore aux assauts de la majorité et de Matignon. « Elle ne veut pas qu’on piétine l’Assemblée nationale », confirme au Monde son équipe. Mais jusqu’à quand ? Auprès du HuffPost, un député macroniste ne donne pas cher de la résilience de Yaël Braun-Pivet sur le sujet : « tout le monde fait pression parce qu’elle est la seule à avoir la solution. Alors on lui dit : “go for it” ».
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