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La Grèce crie victoire, la crise bancaire évitée

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a déclaré samedi que l'accord conclu la veille à Bruxelles sur une prolongation sous conditions de l'aide financière à Athènes revenait à annuler les engagements pris par les gouvernements précédents en matière d'austérité. /Photo prise le 21 février 2015/REUTERS/Kostas Tsironis

par George Georgiopoulos et Karolina Tagaris

ATHENES/BRUXELLES (Reuters) - Le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, s'est félicité samedi d'avoir mis fin à l'"austérité" en concluant avec le reste de la zone euro un accord sur la prolongation de l'aide financière, même s'il a dû en passer par d'importantes concessions pour éviter un effondrement du système bancaire.

Pour Athènes, le compromis trouvé vendredi à Bruxelles lors de la réunion de l'Eurogroupe permet d'apaiser les craintes de mesures de contrôle des capitaux, un possible prélude à une sortie de l'union monétaire. Mais une partie des Grecs doute de la réalité des progrès accomplis par le gouvernement.

Après trois semaines de discussions souvent houleuses, l'Eurogroupe a accouché vendredi soir d'un accord prévoyant, sous conditions, une prolongation de quatre mois de l'aide financière dont bénéficie la Grèce, afin d'éviter à cette dernière la cessation de paiement à brève échéance.

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"Hier, nous avons franchi une étape décisive en abandonnant l'austérité, les plans de renflouement et la troïka", a déclaré samedi Alexis Tsipras lors d'une allocution télévisée.

"Nous avons gagné une bataille, pas la guerre. Les difficultés, les véritables difficultés (...) sont devant nous", a-t-il ajouté.

Le chef de file du parti de gauche Syriza est assuré d'un large soutien au sein de son électorat, qui lui sait gré d'avoir joué la fermeté face à la "troïka" et à l'Allemagne. Pour autant, il ne peut ignorer qu'une partie des Grecs continuent de craindre une rechute dans la crise.

UN MILLIARD D'EUROS RETIRÉS DES BANQUES VENDREDI

Pour preuve, un milliard d'euros environ ont été retirés des banques grecques au cours de la seule journée de vendredi, a déclaré une source bancaire haut placée. Ces retraits s'ajoutent à ceux, estimés à 20 milliards, opérés depuis décembre.

Face au risque d'une ruée sur les guichets des banques mardi après un week-end de trois jours, lundi étant férié, le ministre des Finances, Yanis Varoufakis, a assuré vendredi soir que le compromis de Bruxelles devrait rassurer les épargnants.

"Il est assez clair que la raison pour laquelle on a assisté à une fuite des dépôts, c'est parce que chaque jour, avant même que nous soyons élus, on disait aux Grecs que si nous étions élus et si nous restions au pouvoir plus de quelques jours, les distributeurs de billets cesseraient de fonctionner", a-t-il dit à la presse à Bruxelles.

Une source de la Banque centrale européenne a déclaré après l'accord à Bruxelles que des mesures de contrôle des capitaux étaient exclues.

L'Irlande, qui a elle-même subi une cure d'austérité après avoir reçu l'aide de l'UE et du FMI, a estimé que la zone euro n'avait rien cédé à la Grèce en dépit des affirmations d'Alexis Tsipras.

"Leur problème politique, c'est qu'il s'agit d'une marche arrière par rapport à leurs positions électorales. Il n'y a absolument rien sur la table qui puisse être considéré comme une concession", a dit le ministre irlandais des Finances, Michael Noonan.

"LES CRÉANCIERS MÈNENT LE BAL"

"Ils sont en train de faire des compromis, et des compromis importants", a-t-il ajouté sur la radio publique RTE, en expliquant qu'Athènes n'avait de toute façon pas le choix.

"La plus grande menace pour la Grèce, c'était que son système bancaire rende l'âme mercredi prochain."

Si les déclarations d'Alexis Tsipras sont de nature à apaiser les craintes de certains, elles ne suffisent pas à calmer la rancoeur d'une partie des Grecs.

"Nous avons vécu deux mois d'agonie, vidé les banques, pour réaliser que nous étions toujours une colonie endettée", a ainsi déclaré à Reuters Dimitris Kanakis, un électricien de 54 ans. "Ce sont les créanciers qui mènent le bal."

Le compromis négocié à l'Eurogroupe prévoit en effet toujours un contrôle extérieur de la gestion des finances publiques, même si l'appellation "troïka", détestée par une bonne partie de la population, est remplacée par celle des "institutions".

Samedi, Alexis Tsipras a surtout souligné que "l'accord d'hier (...) annule les engagements du gouvernement précédent en matière de coupes dans les salaires et les pensions de retraite, de licenciements dans le secteur public, de hausse de la TVA sur l'alimentation et les médicaments".

A Berlin, où le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, ne cache pas sa défiance envers le nouveau gouvernement grec, Volker Kauder, chef de file des députés conservateurs au Bundestag, a déclaré que celui-ci pourrait approuver l'accord de Bruxelles à condition qu'Athènes présente, comme promis, une liste de réformes.

"Les Grecs doivent maintenant faire leurs devoirs", a-t-il dit dans un entretien au journal Welt am Sonntag dont des extraits ont été publiés samedi. "C'est ensuite qu'une extension du programme d'aide pourra être approuvée par le Bundestag allemand."

Si l'aide financière internationale est bien prolongée de quatre mois, Athènes devra, d'ici le début de l'été, négocier un accord à plus long terme avec le reste de la zone euro.

(avec Padraic Halpin, Alastair Macdonald, Renee Maltezou, Jan Strupczewski et Michael Nienaber; Marc Angrand pour le service français)