TRIBUNE. « L’iceberg de la dette se rapproche », avertit Agnès Verdier-Molinié
Voici sa tribune. « Il y a un an, nous mettions en garde dans ces pages sur le risque de dérapage du coût annuel de la dette publique. En alertant sur le fait que les taux sur la dette pouvaient monter jusqu’à 4 % et que sa charge allait atteindre 80 milliards d’euros. Que n’avait-on osé dire ? Nous avons reçu immédiatement des messages incendiaires de Bercy.
Depuis, que s’est-il passé ? La charge annuelle de la dette a explosé. Elle a dépassé les 50 milliards en 2022 en comptabilité nationale. En comptabilité budgétaire, soit ce que l’on dépense vraiment dans l’année, on est déjà en 2022 au-delà des 70 milliards d’euros sur l’ensemble des administrations publiques, selon nos calculs.
Nous basculons dans l'ère où nos plus de 3 000 milliards de dette coûteront plus cher par an que l'Éducation nationale.
Agnès Verdier-Molinié
Même si le nouveau programme de stabilité 2023-2027 essaie de minorer au maximum le coût annuel de la dette en ne comptant pas le coût des services d’intermédiation financière et en sous-estimant l’inflation, les faits sont là. Nous basculons dans l’ère où nos plus de 3 000 milliards de dette coûteront plus cher par an que l’Éducation nationale, premier poste budgétaire de l’État. Cela fait froid dans le dos.
Quant aux taux d’intérêt dont « personne n’anticipait » à Bercy un niveau à 4 %… le taux de la dette à dix ans est déjà à 3 %. Le gouvernement anticipe même pour fin 2023 le taux de la dette à trois mois à 3,9 %, et à 3,4 % sur la dette à...