“Les taux s’envolent au Japon, gare à un choc tectonique pour la finance mondiale”
Les taux à 10 ans des obligations d’Etat japonaises, que l’on croyait condamnés à rester à zéro pour l’éternité, ont soudainement rebondi pour dépasser 0,7%. Un mouvement qui peut paraître modeste par rapport à ce que l’on a vu en Europe ou aux Etats-Unis mais qui est loin d’être anodin. Et qui peut avoir des impacts très importants sur les actifs financiers mondiaux. Que s’est-il passé ? Après l’explosion de la bulle immobilière au début des années 1990, le Japon a connu une période d’inflation extrêmement faible. Depuis l’an 2000, le Japon a été en déflation (une inflation négative, c’est-à-dire des prix qui baissent) la moitié du temps.
L’inflation entre 2000 et 2020 a été en moyenne d’un peu moins de 0,1% par an. Pour lutter contre cette déflation, la Banque du Japon a donc réduit les taux d’intérêt et a mis en place dès 1999 le ZIRP (Zero Interest Rate Policy ou, en bon français “Politique Monétaire à Taux Zéro”) puis à partir de 2001 un programme d’achat de dette d’Etat, le quantitative easing (assouplissement quantitatif, consistant en des rachats massifs d’obligations d’Etat, NDLR), pour ramener les taux à long terme eux aussi à un niveau nul ou quasi nul.
Le changement récent c’est l‘inflation, qui s’est enfin réveillée. Elle a bondi en Europe, dépassant 10% en fin d’année dernière, tout comme aux Etats-Unis où elle est passée au-dessus de 9%. Ce rebond, totalement inhabituel puisque nous ne l’avions pas vu depuis plus d’un quart de siècle, n’a pas épargné le Japon. Certes, (...)