Un tableau de Courbet, volé par les Nazis, restitué à ses propriétaires
Dans quelques semaines, les héritiers de la famille Bing retrouveront un tableau qui avait été enlevé par les Nazis, à Paris, le 5 mai 1941, dans l’appartement de leur aïeul Robert, résistant et assistant d’Henri Frenay, cofondateur du mouvement Combat. C’est l’épilogue d’une véritable traque, qui aura donc duré plus de 70 ans, et qui aboutit au rétablissement de la justice. Le tableau en question est intitulé "La ronde enfantine", c’est un Gustave Courbet (1819-1877), qui était jusqu’alors accroché au Fitzwilliam Museum de Cambridge.
C’est le comité britannique chargé des restitutions, le Spoliation Advisory Panel, qui a réussi à établir le lien entre le tableau volé et celui exposé dans le musée de Cambridge. Ce comité a été créé en 2000 par le gouvernement britannique pour traiter les demandes d’œuvres culturelles perdues pendant la période nazie (1933-1945). Quand leur tableau a été volé, les Bing n’étaient plus dans leur appartement du 8/10 de la rue Oswaldo Cruz: ils avaient fui devant l’avancée des troupes allemandes. Leur logement avait alors été occupé (depuis septembre 1940) par des officiers allemands. Et c’est seulement le 5 mai 1941 que des agents du ERR, Einsatzstab Reichsleiter Rosenberg, l'organisation dirigée par l'idéologue du parti nazi, Alfred Rosenberg, chargée de la confiscation des collections juives pendant la guerre, s’y sont présentés pour y enlever, entre autres, ce tableau de Courbet, désigné alors par les Nazis comme un "paysage de forêts, signé Courbet".
Beaucoup d'oeuvres dans la nature
Les spoliateurs nazis avaient du goût: l’œuvre, comme le rappelle Sir Donnell Deeny, chargé du rapport du SAP, est bien de la main de l’artiste français. Gustave Courbet est le chef de file du mouvement réaliste, qui précède l’arrivée de l’impressionnisme. Le tableau, transporté au Jeu de Paume, est ensuite attribué au maréchal du Reich, Hermann Goering, grand pilleur d’œuvres dans toute l’Europe. "On estime à 100.000 le nombre d'oeuvres d'art envoyées en Allemagne durant la guerre. Environ 60.000 ont été renvoyées par les Alliés", détaille David Zivie, le chef de la mission française de recherche et de restitution des biens culturels spoliés entre 1933 et 1945. Le reste s’est dispersé… dans la nature.
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C’est ce qui explique qu’après la guerre, le destin du tableau est plus difficile à tracer. Il apparait soudain dans l’inventaire du marchand londonien Arthur Tooth & Sons à parti de mai 1951. Cette même année, un expert frança[...]
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